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"Malgré nos efforts, le quartier est dégueulasse": Bruxelles-Propreté envisage d'abandonner les collectes du soir

La ramassage d'ordures ne se fait que de 18h à 18h30 chez Lara, qui habite à Saint-Gilles. Après plusieurs années, ce plan de collecte, "contraignant" et "inefficace", continue d'énerver de nombreux riverains de la capitale. Mais l'espoir est de mise. Début 2017, ces horaires particuliers pourraient bien appartenir au passé.

"J'habite avenue de la Porte de Hal, à Saint-Gilles. Le principal problème, c'est l’hygiène. Il y a des sacs poubelles éventrés dans la rue, la chaussée est sale en permanence et il n'y a jamais d'intervention de la commune ou de Bruxelles-Propreté", a-t-elle dénoncé via notre bouton orange Alertez-nous.

Si certains quartiers de la capitale souffrent en effet de dépôts réguliers, le problème est plus répandu depuis 2014 sur une série d'artères commerçantes de Bruxelles, dont le plan de collecte est directement géré par Bruxelles-Propreté. En effet, ce plan impose aux habitants des ces grands axes de sortir leurs poubelles entre 18h00 et... 18h30. Un horaire contraignant pour les riverains qui, en plus, ne semble pas porter ses fruits. "Depuis le nouvel horaire de collectes, qui nous impose de sortir nos poubelles de 18h à 18h30, c'est la catastrophe. Quasi tous les jours, il y a des poubelles partout. C'est très déplaisant parce que malgré nos efforts, on vit dans un quartier dégueulasse. Déjà avant, ce n'était pas parfait. Mais là, c'est vraiment grave", ajoute Lara.


Objectif loupé

Il y a trois ans, ce plan avait été mis en place pour éviter que des sacs poubelles ne stagnent sur les trottoirs trop longtemps dans ces rues fort fréquentées. Malheureusement, l'objectif visé semble loupé, car les habitants manquent souvent le camion. Si certains d'entre eux rebroussent chemin avec leur sac, d'autres n'hésitent pas à abandonner leurs déchets qui restent donc trois à quatre jours sur les trottoirs de ces artères bruxelloises. Avec un inévitable effet "boule de neige": plus c'est sale, moins on a de scrupules à salir, et moins on fait des efforts pour sortir ses poubelles à temps.

Résultat: dans le quartier de Lara, proche de la gare du Midi, les dépôts sont devenus quotidiens et de plus en plus imposants. "Il y a de tout. Le plus gros du problème , ce sont les déchets ménagers. Mais quand il y a plein de sacs poubelles dans un quartier, cela attire toutes sortes de dépôts. Du coup on a aussi des meubles, des matelas, des caisses... A terme, ce problème va sans doute nous faire quitter le quartier. Mon mari et moi travaillons dans le secteur médical. Cela pose un réel problème parce que ça ne se fait pas d'ouvrir la porte à nos patients au milieu des poubelles et dépôts d'ordures. Au niveau de l'hygiène, ce n'est pas correct", fulmine encore Lara.

Désespérée mais pas abattue, Lara poursuit son combat et essaie de faire réagir les autorités locales. Mais au niveau communal, le soutien dont elle bénéficie n'est pas toujours à la hauteur de ses attentes. "La commune nous a gentiment envoyés balader en nous disant qu'ils n'étaient plus responsables de cet axe, mais que c'était géré par Bruxelles-Propreté", regrette-t-elle.


Les sanctions, "c'est très compliqué"

Jointe par téléphone, une responsable de la communication de la commune bruxelloise a confirmé qu'il convenait plutôt d'appeler le service public régional. "Nous gérons les collectes de ramassage d'ordures sur le territoire de la commune, sauf sur les axes régionaux où c'est Bruxelles-Propreté qui s'en charge directement", nous confie-t-elle.

Nous avons néanmoins voulu en savoir plus et, surtout, si la commune cherchait à alerter Bruxelles-Propreté lorsqu'il était constaté que certains plans mis en place ne répondaient pas aux exigences et aux objectifs en place. "Il y a un comité de pilotage qui réunit des responsables communaux et régionaux, où on fait remonter toute une série de problématiques. Par ailleurs, il y a aussi des riverains qui se regroupent en comité et alertent la commune qui peut intervenir, même sur les axes régionaux, pour évacuer des tas d'immondices", nous précise-t-elle.

Quant aux sanctions, elles ne s'avèrent pas très efficaces, car il n'est pas évident de retrouver l'identité du propriétaire d'un sac poubelle. "On essaie de mettre en place des sanctions. Mais c'est très compliqué, car excepté les déchets 'papiers' qui permettent souvent de retrouver le propriétaire du sac, il est très difficile de déterminer l'identité du propriétaire d'autres déchets. Il faut donc prendre les gens sur le fait, mais ce n'est pas courant", conclut la commune.

"Pour sortir une chose pareille, il ne faut vraiment pas être concerné"

Lara, prenant bonne note des conseils des responsables communaux, a contacté Bruxelles-Propreté pour signaler les soucis liés aux horaires de collecte. "Là, quand on appelle, la seule solution qu'ils proposent est de s'arranger avec les voisins, précisant que si les riverains font un effort les choses se passeront bien. C'est impossible. Pour sortir une chose pareille, il ne faut vraiment pas être concerné par le problème", fulmine-t-elle. "Le souci, c'est que ça implique que les voisins, eux, ne travaillent pas aux horaires imposés. Ensuite, moi j'ai plein de voisins commerçants. Vous m'imaginez aller déposer mes poubelles, le matin, dans leurs établissements ? C'est démotivant. Cela donne juste envie de quitter Saint-Gilles".

Mais Lara ne devra sans doute pas aller jusque-là. Car s'il est vrai que Bruxelles-Propreté a longtemps insisté sur l'entraide entre riverains et la nécessité que "tout le monde fasse un effort", il semble que l'agence régionale ait pris conscience que le ramassage des ordures entre 18h00 et 18h30 ne portait pas ses fruits. "Il y aura probablement un changement début 2017, quand sera appliqué le nouveau plan de collecte des ordures. Les collectes du soir vont êtres supprimées, et donc toutes les tournées se feront les matins. Ce n'est pas encore finalisé, mais c'est le plan", annonce la porte-parole de Bruxelles Propreté.

Plusieurs constats ont contribué à ce revirement de situation. "A 18h30, il y a des gens qui travaillent encore et qui éprouvent donc beaucoup de difficultés à respecter les horaires. Mais il y a aussi des questions opérationnelles au sein de l'agence qui nous motivent à prendre cette décision qui remettra tous les Bruxellois sur un pied d'égalité", a-t-elle conclu.

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