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"On m’a proposé une place super chère pour une soirée sold-out, c’est honteux!": quand est-ce que la revente des tickets devient illégale ?

Stéphanie a décidé de partager son indignation. Cette jeune Montoise voulait acheter un ticket pour une soirée organisée vendredi dernier dans la cité du Doudou. Problème : l’événement est sold-out. Elle tente alors de racheter une place sur le web… mais décèle tout de suite une revente de tickets illégale. Alors, qu’en est-il au juste ? Voici quelques conseils pour éviter de se faire arnaquer.

C’est une sorte de boum géante où des milliers de fêtards retombent dans l’univers de leur enfance. La soirée God Save The 90’s est destinée à tous ceux qui ont grandi pendant les "nineties". L’occasion d’enfiler des baskets à scratch, un t-shirt fluo et une casquette pour se déhancher sur la piste de danse. Le tout dans une décoration acidulée avec des effigies de Mario Bros sur les murs. Ce concept, né à Bruxelles il y a quatre ans, connaît un succès grandissant. Après Liège et Namur, la soirée était programmée vendredi soir à Mons.

En apprenant la nouvelle, Stéphanie, qui nous a contactés via notre page Alertez-nous, se précipite pour acheter une place. Mais il est déjà trop tard, la soirée est sold-out. C’est malheureusement souvent le cas pour des événements prisés. Comme le festival Tomorrowland ou le concert d’AC/DC, les tickets sont vendus en un temps record. Déçue, la Montoise décide alors de publier une annonce sur la page Facebook de l’événement. Son espoir : acheter une place à une personne qui ne peut plus s’y rendre en raison d’un imprévu."Un jour, je vois l'annonce d'une fille qui revendait ses places", relate Stéphanie."Enthousiaste, je me dépêche d'envoyer un message pour lui demander si elles étaient toujours disponibles. Elle m'affirme que oui, mais qu'elle les revend plus cher. Plus du double du prix du billet initial", s’insurge la jeune femme, qui l’avertit alors que ce type de revente est illégal."Du coup, elle a pris peur et m’a dit que de toute façon les places étaient déjà vendues."


Une nouvelle loi depuis 2013

Ce phénomène n’est évidemment pas neuf. Cela fait longtemps que des revendeurs tentent d’écouler discrètement sur le trottoir des tickets à un prix plus élevé lorsque l’événement est sold-out. Mais il a pris de l’ampleur avec les possibilités offertes par internet. Si vous êtes fan de concert ou de spectacle, vous avez d’ailleurs peut-être aussi déjà vécu ce genre de mésaventure. Lorsque la vente officielle est clôturée, il est tentant de se tourner vers les revendeurs en ligne. Il s’agit de particuliers ou de professionnels. Mais vous risquez de débourser beaucoup trop d’argent et de vous faire arnaquer. Pour éviter la spéculation et protéger aussi bien les consommateurs que les vendeurs officiels, une nouvelle loi a vu le jour il y a deux ans."La revente de titres d’accès à des événements est réglée par la législation du 30 juillet 2013. La revente de manière habituelle est interdite. La revente de manière occasionnelle à un prix supérieur au prix définitif communiqué par le vendeur initial est également interdite", indique Etienne Mignolet, porte-parole adjoint du SPF Economie.

En d’autres termes, la revente en soi est autorisée. Si vous ratez un concert ou un festival, vous pourrez toujours revendre vos places, à condition de ne pas faire de bénéfice. Il existe d’ailleurs des sites internet consacrés à l’échange de tickets, notamment sur les réseaux sociaux (www.facebook.com/groups/vendstaplace/). Mais soyez vigilants avec les tickets nominatifs: l’organisateur peut contrôler votre identité à l’entrée et vous refuser l’accès si votre nom ne correspond pas à celui du ticket. Les organisateurs peuvent aussi eux-mêmes revendre leurs propres tickets. En revanche, la revente organisée et régulière de billets, à l’entrée des événements et via un site web, est bel et bien interdite.


Si un ticket est "blacklisté", l’accès peut être refusé

"Pour dénoncer un marché noir de vente de billets, j’ai envoyé un message à l’organisateur de la soirée", indique Stéphanie, outrée par ce genre de pratique abusive. La jeune femme, qui espérait une sanction, est toutefois très déçue par la réponse qu’elle reçoit des responsables de l’événement: "Il est évident que nous condamnons fermement le marché noir, mais si des gens revendent des tickets, nous ne pouvons rien faire malheureusement". Sur Facebook, ils postent aussi ce message: "Parait qu’il y a des gens qui revendent des places super chères. Voilà, on voulait juste vous dire qu’on trouve ça pas cool, ce n’est pas l’esprit God Save". Stéphanie est scandalisée par cette réaction qu’elle juge insuffisante."Je voulais qu’ils avertissent sérieusement les personnes que le marché noir des vente de billets est formellement interdit sous peine d'une amende. C'est notre droit d'être informé! C'est honteux", estime la Montoise.

Les vendeurs officiels ne sont en réalité pas démunis face à cette situation. Quelle que soit la méthode de revente, ils peuvent invalider les tickets qui sont fournis hors des canaux réguliers. Du coup, les consommateurs munis de ces billets peuvent se voir tout simplement refuser l’accès à l’événement."Les vendeurs officiels et les consommateurs qui s'estiment lésés peuvent déposer une plainte auprès de l'Inspection économique. En cas d'arnaque (le ticket a été payé mais pas livré au consommateur), une plainte peut être déposée à la police", assure Etienne Mignolet, porte-parole adjoint du SPF Economie. Et les sanctions peuvent être lourdes. Selon le SPF Economie, ceux qui revendent un ticket plus cher qu’ils ne l’ont payé s’exposent à des amendes pouvant atteindre 60.000 euros. Et d’après Test-Achats,"le consommateur qui a acheté la place peut exiger le remboursement de l’excédent".


Soyez très vigilants

Pour éviter d’en arriver là, soyez donc vigilant. Quand vous cherchez désespérément une place pour applaudir votre artiste préféré, ne vous jetez pas sur le premier site de vente affiché dans les moteurs de recherche. Car les sites de revente sont trompeurs. Ils prennent souvent l’apparence de distributeurs officiels et ne mentionnent souvent pas clairement ce qu’ils sont. Vous risquez donc de payer une somme astronomique pour un billet, sans compter les suppléments demandés. Selon Test-Achats, de nombreux revendeurs déclinent par ailleurs toute responsabilité en cas de problème, comme dans le cadre de la livraison. Ils estiment donc qu’ils ne sont pas obligés de vous rembourser si vous ne recevez pas vos places. Or, cela est tout simplement illégal, souligne l’organisation de protection des consommateurs.

La prochaine fois que vous achèterez des tickets, mieux vaut donc bien vérifier qu’il s’agit soit du vendeur officiel, soit d’un particulier honnête."Ce délit peut toucher n’importe qui... Il faut donc avertir le plus grand nombre de personnes", souligne Sandrine. Si la jeune femme n'a pas pu danser vendredi soir sur la musique de la God Save The 90’s, elle éprouve au moins la satisfaction d’avoir épinglé une pratique abusive. Et elle n’est pas la seule à avoir réagi. En 2014, l’Inspection économique a reçu 143 signalements concernant des problèmes en matière de revente de tickets.

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