Bryan est magicien et joue des tours aux Liégeois dans la rue: "Je rêverais de pouvoir vivre de ma passion"

Si vous avez l’habitude de fréquenter les rues de Liège, vous avez peut-être déjà été accosté par Bryan. Le jeune homme a pour habitude d’arpenter le quartier de la place Saint-Lambert afin de trouver des personnes à qui jouer des tours. Mais Bryan ne leur veut aucun mal, au contraire. Armé de son jeu de cartes et d’un grand sourire, son seul désir est de passer un bon moment avec eux en "créant du rêve et de l’émerveillement".


Il commence à surprendre ses proches à huit ans

Bryan a été titillé pour la première fois par la magie de l’illusion à huit ans. Le jour de son anniversaire, son papa lui avait offert une étrange boîte. A l’intérieur, il avait découvert des gobelets, quelques dés, une corde, des billes... Comme beaucoup d’autres enfants de son âge, il détenait à présent le jeu "Hocus Pocus". "Grâce à cette boîte, j’ai appris quelques tours basiques avec lesquels j’ai commencé à surprendre mes proches", se souvient-il.

Même s'il a appris quelques notions techniques durant son adolescence, ce n’est qu’il y a un an et demi que Bryan a eu un véritable déclic. "Un jeune magicien de 14 ans a participé à l’émission Belgium's Got Talent et on lui a donné sa chance. En voyant cela, je me suis dit que je pouvais peut-être arriver à me faire connaître moi aussi."

"Où que je sois, j’ai constamment des cartes ou une pièce en main"

Aujourd’hui, Bryan a 24 ans et passe désormais la majeure partie de son temps à améliorer ses connaissances et ses tours. Pour se former, il suit les conseils d’un maître en la matière. "Je me forme grâce au DVD La magie par les cartes de Bernard Bilis, un magicien qui fait des tours dans l’émission Le plus grand cabaret du monde de Patrick Sébastien."

Sur le forum du site web du prestidigitateur français, Bryan peut aussi demander conseil à d’autres magiciens quand il a besoin d’aide. "Dès que j’ai un souci, il suffit que je fasse une vidéo en expliquant mon problème. Grâce aux conseils que je reçois, je peux corriger mes erreurs. Même Bernard Bilis en personne répond parfois à mes questions !"

Bryan s’entraîne deux heures par jour en moyenne. "Je travaille quotidiennement, mais où que je sois, j’ai constamment des cartes ou une pièce en main. Cela me permet de toujours faire quelque chose tout en exerçant mon habileté. Je ne peux pas rester en place!"


"La magie de proximité permet aux gens d’être acteurs et spectateurs de mes tours"

Une fois qu’il se sent assez agile pour réaliser ses tours face à un public, Bryan s’empare de son jeu de cartes et se rend sur la place Saint-Lambert pour tester ses talents en live en pratiquant le "Street Magic". "Cette technique est le moyen de faire de la magie à moins d'un mètre du spectateur", précise Bryan. "La magie de proximité permet aux gens d’être acteurs et spectateurs de mes tours."

Mais cette proximité, les badauds de la place Saint-Lambert ne l'acceptent pas si facilement. Il est bien conscient que tous ne sont pas toujours disposés à parler à un inconnu qui s’avance vers eux. "Il faut essayer de se faire une place dans l’espace privé des gens. Quand on entre dans leur bulle, on les dérange."

Bryan s’est déjà fait plusieurs fois refouler par des Liégeois qui ne voulaient pas entendre parler de ses tours. D’autant plus que sur la Place Saint-Lambert, "les refus font boule de neige". Mais le jeune magicien persévère et apprends tous les jours de ses erreurs.



"Il ne faut pas prendre les gens pour des cons!"

LA clé pour réussir selon Bryan ? "Ne pas prendre les gens pour des cons !". "Pour moi, une des qualités à avoir est d’être comique, de ne pas en faire trop et de ne pas se prendre trop au sérieux", remarque Bryan. "Il faut qu’ils sachent que ce que je vais leur montrer a été travaillé, que ça n’a pas été fait n’importe comment. A ce moment-là, ils seront contents."

Pour Bryan, l’essentiel est aussi de vivre un bon moment. "Il faut les faire participer les gens, s’amuser avec eux, être agréable et leur donner envie de voir le tour... mais avant tout, il faut les faire rêver !"

Car ce que Bryan aime par-dessus-tout dans la magie, c’est le contact humain. "Ce que je préfère, c’est l’échange. Mes tours me permettent d’aller vers les gens et de rencontrer de bonnes personnes." Après avoir exécuté ses tours, Bryan laisse la possibilité aux gens de le revoir. "Un ami me filme parfois et je donne ma carte de visite où sont inscrites les coordonnées et les informations pour me contacter et visionner les vidéos de ma chaîne Youtube."


"Les personnes âgées sont moins accessibles que les jeunes"

Il y a une semaine, Bryan a tourné le deuxième épisode de ses tours en vidéo. "J’ai réalisé un tour face à une bande de jeunes, ils ont accepté directement." 

Bryan a appris au fil du temps à repérer de loin les groupes qui pourraient potentiellement l’accepter. "Je pourrais me diriger vers les personnes plus âgées, mais elles sont moins accessibles qu’une bande de jeunes qui profitent de la journée", remarque Bryan. "Les adultes mettent plus vite un stop tandis que les jeunes, eux, sont contents et ne cherchent pas vraiment à tenter de démontrer qu’ils ont facilement compris mon tour ou qu’ils connaissent le truc."


"Quand je vais vers les gens, c’est une épreuve contre moi-même"

Même si sur ses vidéos le jeune prestigitateur donne l’illusion d’être très sûr de lui, il nous confie que tout comme sa dextérité, il a dû beaucoup travailler sa timidité. "Je suis un grand timide! Quand je vais vers les gens, c’est une épreuve contre moi-même. J’ai peur. Je le cache par mon sourire mais en réalité, je me bats et je lutte pour bien me former", nous avoue-t-il. "Au tout début, je tremblais, je n’arrivais pas à faire de bons impacts (la chute du tour de magie). Mais je sais qu’au plus je m’entraîne, au plus je serai sûr de mon tour, ce qui me permettra d’être aussi plus sûr de moi car je craindrai moins de rater ma manipulation."

"Je veux faire des choses qui n’ont pas encore été faites"

Aujourd’hui, Bryan souhaite passer à la vitesse supérieure et se frotter à un autre terrain que celui de la place Saint-Lambert. "Pour me former, j’aimerais qu’on puisse m’appeler dans les restaurants pour faire des tours aux clients."

A la manière de Bernard Bilis du 'plus grand cabaret du monde', The Surprising Bryan a plus d’un tour dans son sac pour épater les clients. "Je me diversifie et je commence petit à petit à travailler l’apparition de bouteilles par exemple. Je m’approche de la table et je fais apparaître une bouteille de vin remplie grâce à un foulard et une pièce !". Forcément, les clients sont souvent contents de cet effet. "J’essaye de me démarquer, de me différencier. Je n’aime pas faire comme tous les magiciens, je veux faire des choses qui n’ont pas encore été faites."

Petit à petit, les efforts de Bryan commencent à payer. "Ça commence à venir, on commence à parler de moi. Je suis appelé pour faire des démos à certains endroits et j'ai fait quelques passages en télé et en radio."

Futur gérant d'un 'salon de coiffure magique'?

Bryan a de la chance, il est bien entouré. "Heureusement que mes amis sont là, ils me soutiennent beaucoup et me disent d’aller de l’avant. Mais j’ai toujours adoré ca et je pense que même sans eux, j’aurais abandonné."

Le jeune magicien a beaucoup d’ambition et même s'il a une formation d’apprenti coiffeur en poche et un certificat pour pouvoir établir un commerce, il compte bien se faire connaître en tant que "Surprising Bryan".

"Actuellement je suis sans emploi. Avec la conjoncture actuelle, c’est difficile de trouver un job et d’un autre côté, je rêverais de pouvoir vivre de cette passion que j’ai toujours eue." Bryan continue donc tous les jours à s'entraîner en espérant percer tout en cherchant un emploi dans le domaine de la coiffure. Peut-être qu'un jour, comme il y a déjà pensé, il pourra allier métier et passion en créant un nouveau concept de 'salon de coiffure magique'.