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A 95 ans, Jacqueline est passée de Mamy Gâteau à Mamy hyper connectée: "Quand elle met une photo d’elle, elle me dit combien de likes"

Difficile aujourd'hui de ne pas être confronté à internet et aux réseaux sociaux. Pour pouvoir rester en contact avec ses petits-enfants, Jacqueline, une mamy de 95 ans, s'est formée aux nouvelles technologies.

À l’heure d’internet et des réseaux sociaux, il est beaucoup plus facile de rester en contact avec des proches partis vivre à l’étranger. En quelques clics, vous avez accès aux vidéos et photos qu’ils postent depuis l’autre bout de la planète. Aujourd’hui, même les personnes plus âgées se familiarisent avec les nouvelles technologies. C’est le cas de Jacqueline, une mamy de 95 ans qui suit une formation proposée par la maison de retraite où elle réside pour rester en contact avec ses petits et arrière-petits-enfants. "Elle s’est mise à internet pour communiquer avec eux. J’ai un fils au Canada et un au Mexique qui lui envoient des petits messages et surtout des photos. Ce qu’elle adore sur Facebook, c’est regarder les photos de ses petits-enfants et de ses arrières", nous explique Marie-Noëlle, sa fille, qui a pris contact avec notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous.


Ambulancière pendant la guerre

Cette soif d’apprendre est une facette importante de la personnalité de Jacqueline qui a dû se réinventer à plusieurs reprises. La vie n’a pas toujours été tendre avec elle et l’a mise face à des défis. Née en 1921, elle n’a que 18 ans quand la guerre éclate. Elle ne veut pas en rester une spectatrice et veut aider. Son père, qui vient d’un milieu bourgeois et n’aime pas l’idée que ses filles travaillent, accepte pourtant qu’elle suive des études d’infirmière à Bruxelles. Très vite, elle devient ambulancière et porte secours aux victimes du conflit.


Veuve très tôt

En 1954, elle rencontre, lors d’une soirée mondaine, celui qui devient, en trois heures de temps, son fiancé. "Elle l’a rencontré parce que mes grands-parents avaient une propriété à Duinsberg et donnaient une soirée pour leurs deux filles car l’une d’elles n’était pas mariée et donc dans le temps on donnait des soirées pour marier ses filles. C’était encore la vieille école. C’était donc pour ma tante qui n’était pas mariée, mais mon père, son frère, ne l’était pas non plus et pour finir, c’est mon père qui a trouvé quelqu’un lors de la soirée et ma tante est restée célibataire", raconte Marie-Noëlle.

10 mois plus tard, cette dernière pointe le bout de son nez et deux ans après, c’est au tour de Jean-Claude, son frère, de voir le jour. Mais la vie de la famille est brisée six ans plus tard quand le mari de Jacqueline décède inopinément. Pour nourrir ses enfants, elle doit commencer à travailler. Elle ne peut pas exercer son métier d’infirmière, car les horaires ne sont pas compatibles avec deux enfants en bas âge. Elle ne baisse pas les bras pour autant et réussit à trouver un travail de secrétaire. Elle commence rapidement à suivre des formations, notamment en comptabilité, pour se perfectionner et après avoir travaillé pour plusieurs entreprises, elle entre chez Monsanto. "Elle a réussi à y entrer parce qu’elle était bilingue français-anglais grâce aux petits amis américains qu’elles avaient rencontrés pendant la guerre", confie Marie-Noëlle.


Mamy gâteau

Après trente ans de bons et loyaux services auprès de la multinationale, Jacqueline prend une retraite bien méritée. Elle passe alors son temps à s’occuper de ses enfants et de ses petits-enfants. "Une vraie mamy gâteau. Ses petits-enfants lui rendent d’ailleurs très bien parce que leur grand-mère, c’est quelqu’un!", précise sa fille. Elle tient même le magasin de Marie-Noëlle quand celle-ci part en vacances.


Un diabète qui la handicape

Mais après toutes ces années d’activité intense, le corps de Jacqueline lui dit stop. Elle développe un diabète qui la handicape. Ses muscles fonctionnent moins bien, elle a du mal à marcher. Après deux mois d’hospitalisation suite à une chute, Marie-Noëlle doit se rendre à l’évidence, sa maman ne peut plus vivre seule chez elle, elle doit lui trouver une maison de retraite. "Au début elle a un peu rechigné, mais je lui ai dit ‘Écoute maman, moi je ne peux pas tous les jours venir.’ Malgré que j’avais mis tout en place. Il y avait une infirmière qui venait le matin, quelqu’un qui venait lui faire à manger pendant deux heures à midi, elle avait une dame de compagnie pour faire ses courses, une dame de compagnie pour la promener, quelqu’un le soir pour la mettre de nouveau au lit, une kiné… Enfin j’avais mis tout un système en place chez elle, mais il y avait des moments où elle était seule évidemment. Ça devenait dangereux, surtout la nuit. Donc quand elle devait aller à la toilette, c’est dangereux parce qu’elle tombait", détaille Marie-Noëlle.


La reine du like

Et comme à chaque épreuve que la vie lui envoie, Jacqueline s’adapte très vite. Après quelques jours, elle a déjà un vrai groupe d’amies. Et quand on lui propose une formation aux nouvelles technologies, elle répond 'oui' sans hésiter. Elle a déjà assisté à 6 cours et se débrouille comme un as sur Facebook. "Elle a très bien intégré le fait que liker, ça veut dire ‘j’aime’. Quand elle met une photo d’elle, elle me dit combien de likes. En général, elle en a beaucoup parce qu’elle est très connue autour de nous. Elle est vraiment mordue", affirme sa fille.

La mamy hyper connectée est aussi fan des consoles qui lui permettent de faire de l’exercice et de jouer. La prochaine étape de son apprentissage : Skype, pour pouvoir échanger des appels vidéos avec Renaud, Quentin, Brieuc, Emiliano, Edgar et Mylo, ses petits et arrière-petits-enfants globe-trotters.

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