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Ali a mis 15 ans pour rénover cette ferme du 18e siècle de ses propres mains: "J’ai appris petit à petit"

La Belgique est pleine de veilles fermes remises au goût du jour ou laissée à l’abandon. Ali, Bruxellois de naissance mais amoureux de la campagne, a décidé de dédier 15 ans de sa vie à la rénovation de l’une d’elles située dans la vallée du Geer, en province de Liège.

Ali est né à Bruxelles, mais a toujours voulu vivre à la campagne pour s’éloigner de l’agitation urbaine. Cet amoureux de la nature et du patrimoine avait un rêve : rénover une ferme du 18e siècle de la vallée du Geer, en province de Liège. Après 15 ans de dur labeur, il y est parvenu et est aujourd’hui fier de ce qu’il a réalisé de ses propres mains. Il nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous raconter ces quinze années de travail acharné.


Une rencontre déterminante

A 18 ans, alors qu’il travaille à la Côte belge pendant les vacances d’été, Ali fait une rencontre qui va être capitale dans la réalisation de son rêve. "Je m’occupais des piscines le long de la digue, avec des petits bateaux, se rappelle-t-il. Ma femme louait un appartement à la côte pendant les vacances et c’est là que je l’ai rencontrée. Que je l’ai vue, j’ai dit, ça c’est la femme de ma vie". Cette rencontre amoureuse est déterminante car celle qui devient sa femme quelques années plus tard veut aussi vivre à la campagne et le soutient dans chaque étape du projet. Et c’est en effectuant plusieurs fois par semaine l’aller-retour Bruxelles-Liège pour aller la voir qu’il tombe amoureux de la vallée du Geer.

 
"J’étais prêt à construire des châteaux, j’avais 26 ans, j’étais plein de force"

Avec son épouse, ils y achètent d’abord deux maisons qu’Ali rénove déjà lui-même. "Ça ne coûtait rien à l’époque, la deuxième, nous l’avons payée 12.500€", précise-t-il. Ils en achètent ensuite deux autres pour les rénover et les louer. Lors de ses déplacements dans la région, Ali passe souvent devant une ferme qui lui plaît beaucoup. "Je rêvais de l’avoir. J’ai eu de la chance, j’ai été voir les propriétaires, parce que le locataire de la ferme était décédé et ils ont accepté de me la vendre", raconte-t-il. Mais la ferme de ses rêves est dans un état catastrophique. Une partie est brûlée, une autre est insalubre et le tout menace de s’effondrer. Ça ne fait pourtant pas peur au jeune homme de 26 ans qu’il est à l’époque. "J’étais très courageux, j’étais plein d’énergie, j’étais prêt à construire des châteaux, j’avais 26 ans, j’étais plein de force", se souvient-il.

 
"J’ai appris à m’améliorer fameusement"

Pour financer les travaux, Ali doit revendre l’une de ses quatre maisons et pendant deux ans, il vit avec sa femme dans une caravane installée dans la cour de la ferme. L'ouvrier amateur travaille par étape. Il commence par les deux petites maisons situées dans la cour de la ferme pour pouvoir les louer et réinvestir l’argent dans d’autres travaux. "Je ne me suis pas formé, j’ai appris petit à petit, en travaillant moi-même, explique-t-il. J’ai rénové six maisons plus la ferme, donc à la longue, j’ai appris à m’améliorer fameusement."

 
"C’est une ferme tout en silex, une des plus vieilles de la vallée"

Pour trouver les matériaux pour redonner à la ferme son aspect d’antan, Ali fait le tour des faillites, des saisies et des liquidations. Ses amis le renseignent également sur les maisons qui sont abattues dans la vallée pour qu’il puisse aller y démonter les vieux sols du 18e siècle et les installer chez lui. "Je ne voulais pas qu’il y ait un seul bloc de béton dans la ferme, pour que tout soit à l’ancienne. C’est une ferme tout en silex, c’est une des plus vieilles de la vallée. Ce n’est pas une ferme de riches, c’est une ferme de pauvres, parce que c’est d’abord construit avec du silex, après c’est avec des blocs de tufo et il y a très peu de pierre bleue. C’est un patrimoine de la vallée, car la plupart des fermes de la vallée ont disparu parce que les gens n’avaient plus les moyens de l’entretenir", fait-il remarquer.

 
Le plus compliqué? La toiture

A force de travail, de perfectionnement et de courage, Ali réussit à rénover presque toute la ferme lui-même. Presque, parce qu’une partie lui donne du fil à retordre: la toiture. Il doit se résoudre à faire appel à des ouvriers spécialisés pour la charpente, mais insiste pour poser les tuiles lui-même. D'abord parce qu'il aime travailler, mais aussi parce que ça lui coûterait aussi cher de faire poser les tuiles que l'achat du matériau lui-même. Pendant dix jours, Ali est donc à pied d’œuvre à plusieurs mètres de hauteur. "9.000 tuiles. J’avançais sept mètres par jour. Après 10 jours, j’ai commencé à avoir des névralgies, je suis allée chez le médecin qui m’a dit de ralentir", nous confie-t-il.

 
Une ferme à entretenir toutes les semaines

Aujourd’hui, après des années passées dans les travaux, la ferme est entièrement rénovée. Mais Ali ne peut pas reposer pour autant. Une grande ferme demande beaucoup d’entretien. "Si on ne consacre pas deux jours et demi pour faire l’entretien, le jardin, la prairie, tous les arbres qu’il y a, toutes les choses qu’il faut entretenir. Si on ne fait pas ça, ça s’accumule et ça devient la catastrophe", affirme-t-il. Il travaille donc entre deux et trois jours dans ce qu’il appelle son "havre de paix" et le reste du temps, il est démonstrateur dans les grandes surfaces.

 
Encore deux rêves

Mais à 46 ans, Ali commence à être fatigué. Il ne travaille plus avec autant d’entrain et a peur que son corps ne lui dise stop après l’avoir mis à rude épreuve pendant des années. Pourtant, malgré cette peur, cet éternel optimiste a encore deux rêves. Le premier : rénover un patrimoine de la région. "Une petite maison à laquelle je tiens beaucoup. C’est mon rêve de l’acheter et de la rénover." Et le deuxième, que sa fille prenne sa succession et continue à s’occuper de la ferme.

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