Accueil Actu

Beaucoup trop de chiens en Roumanie, souvent errants: Stephan tente d'en faire adopter dans notre pays (photos)

Les chiens, souvent errants, sont beaucoup trop nombreux en Roumanie. Stephan et son association, Rolda, tentent de sauver quelques-uns de ces animaux en les faisant adopter en Belgique.

Pas loin de chez nous, en Roumanie, nombreux sont les chiens qui errent dans les rues. Certains finissent par se nourrir des carcasses de leurs congénères pour survivre tant bien que mal. "La population la plus pauvre se nourrit au besoin de chiens aussi... Non ce n’est pas la Chine, c’est bien la Roumanie", nous explique avec une pointe d’ironie Stephan après nous avoir alertés via le bouton orange Alertez-nous. L'homme de 53 ans travaille bénévolement pour l’association Rolda (Romanian League in Defense of Animals) et a constaté sur place cette réalité avec effroi.

"600 chiens risquent d’être euthanasiés"

En Roumanie, des refuges existent, mais ces structures sont débordées. "Je me suis rendu à Galati pour en visiter un avec plus de 600 chiens", nous raconte Stephan. "Je pensais qu'une fois là-bas ils seraient protégés... Malheureusement non, quelle ironie ! Le propriétaire terrien, une multinationale de la métallurgie, cesse son support", explique-t-il. "Il souhaite que tous ces animaux disparaissent au plus tôt, au sens propre comme au figuré... 600 chiens risquent d’être euthanasiés."

Entre deux ventes d’adoucisseurs d’eau, Stephan se bat corps et âme pour le bien-être des animaux. "J’adore mon boulot ! Mais à côté de ça, en Flandre, je suis aussi inspecteur volontaire. J’ai fait des études d’infirmier vétérinaire en Australie et je suis revenu ensuite en Belgique." Stephan s'investit également dans diverses associations, dont Rolda, à laquelle il apporte son aide, son temps et son argent.


2 millions de chiens errants en Roumanie

Selon lui, on estime à 2 millions le nombre de chiens errants en Roumanie à l’heure actuelle. A Bucarest, la capitale du pays, ils seraient 40 à 60.000. Mais pourquoi sont-ils autant sans aucun maître pour se soucier de leur sort? "Sous Nicolae Ceauçescu, ultime dirigeant du parti communiste en Roumanie dans les années 1970-80, il n’y avait pas de politique animale", explique Stephan. "Aujourd’hui ils courent partout dans la rue sans aucun contrôle."

Lorsqu’il était à la tête du pays, le dictateur roumain avait aussi pris la décision de raser maisons, pavillons et jardins imposants pour construire de grands immeubles où entasser la population. Les appartements étant interdits aux chiens, ceux-ci se sont retrouvés au bas des immeubles, à être nourris par les habitants, en se reproduisant sans aucun contrôle. 


Une mesure radicale adoptée par les autorités

Certains citoyens s’en occupent, les nourrissent... mais d’autres en ont peur. "La sécurité des gens aussi est en jeu", souligne Stephan. En 2013, la mort d’un enfant mordu par plusieurs chiens à Bucarest a permis aux autorités de faire adopter une mesure radicale. Désormais, une loi autorise l’euthanasie des animaux capturés sur la voie publique s'ils n’ont pas été réclamés après trois semaines.

Cette loi oblige également à ce que les animaux soient stérilisés. "En Roumanie, les gens sont très pauvres, même si on les éduque ou les force à stériliser leur chien, ils n’ont pas d’argent pour le faire", explique Stephan.

"Chaque vie sauvée vaut la peine"

"Aujourd’hui, avec l’association Rolda, nous tentons de changer la donne", explique Stephan. "Notre priorité en Belgique est de créer une structure active de volontaires, un réseau comme pour les enfants disparus, pour nous aider à sensibiliser la population et à trouver de nouveaux maîtres pour les animaux."

Bien entendu, il y a aussi des chiens en Belgique. Certains se demandent alors pourquoi s’occuper des animaux des autres. "Ce n’est pas la bonne question à se poser'", relève Stephan. "Chaque vie sauvée, qu’elle soit étrangère ou belge vaut la peine."

"Dans la région de Galati, il y a 12 adoptions par an seulement", nous apprend-il. "En Roumanie, le taux d'adoption est insignifiant car tous ces chiens vivent dans la rue. Il suffit d’ouvrir sa porte pour adopter un chien ! Les Roumains ont grandi entourés de chiens, pour eux, c’est culturel, ils ne s’en rendent plus compte alors que pour nous, leur surnombre est flagrant."


"Adopter un chien roumain ne coûte pas plus cher que dans un chenil belge"

"Tous les chiens adoptés via Rolda sont vaccinés et portent une puce", souligne Stephan. "Adopter un chien roumain via l’association Rolda ne vous coûtera pas plus cher que d’aller le chercher dans un chenil en Belgique".

"La personne qui désire accueillir un chien le choisit sur le site web, et nous, on le ramène. Si le chien ne convient pas, quel que soit la raison, que cela soit parce qu’il n’est pas social, qu’un enfant est allergique, ou autre, on ne pose pas de questions. On reprend le chien sans discuter", assure le volontaire.


"On se donne le droit de refuser la demande de ceux qui n'adoptent pas pour les bonnes raisons"

Mais l’urgence de la situation n’est pas une raison pour faire adopter des chiens à n’importe qui sans cadre. "Les personnes qui adoptent doivent collaborer. Elles doivent s’attendre à, peut-être, subir un contrôle. Il y a aussi un questionnaire à remplir au préalable. On ne veut pas prendre de risques", souligne Stephan.

"Certains laboratoires sont à la recherche de chiens, certainement pas pour leur faire du bien. Cette mesure est aussi créée pour décourager les 'Johnny et les Marina' de se prendre un animal... Vous savez, lui il roule en booster, casquette en arrière, avec Barbie girl à côté de lui! Pour être un homme, il faut un Pitt bull... Bref, des personnes qui ne veulent pas adopter un chien pour les bonnes raisons, on se donne le droit de refuser leur demande !"


"Ce sont des vagabonds, un peu comme la Belle et le Clochard !"

Si vous désirez adopter un chien, il ne faut pas s’attendre à trouver de grandes espèces via l’association Rolda. "Ce ne sont pas des chiens de race, mais des chiens avec un cœur débordant de reconnaissance de ne plus connaitre la famine. Ce sont des vagabonds, un peu comme la Belle et le Clochard !", souligne Stephan. "Mais il y en a de toutes sortes, de toutes les tailles. Du gros Berger Allemand au chien porte clé, ce chien minuscule qui paraît tout petit lorsqu’on le met en laisse !"

Avant de pouvoir procéder aux adoptions, l’association doit construire une solide équipe. "Que cela soit pour adopter ou pour aider, nous avons besoin de gens honnêtes, fiables et loyaux. Chaque asbl recherche des aides financières, mais ce n’est pas le principal", précise Stephan. "Nous cherchons des personnes ayant une expérience, qui ne travaillent pas pour une organisation similaire et qui souhaitent être le fondement d’un nouveau départ avec nous, des gens à la retraite avec du temps libre", précise le volontaire.

"Rolda préfère avoir seulement 1% de 100 volontaires que 100% d’un seul volontaire"

Mais pour Rolda, chaque coup de main est le bienvenu. "Ne serait-ce qu’une heure par semaine, un volontaire peut nous aider pour en parler, faire du secrétariat, organiser l’accueil des chiens à l’aéroport, aller les chercher sur place et les ramener en avion, placer une affiche. Rien que 5 affiches, imprimées et placées dans un supermarché par exemple, c’est déjà une aide. Rolda préfère avoir seulement 1% de 100 volontaires que 100% d’un seul volontaire", précise Stéphan.


"Malgré tout ce qu'ils ont vécu, ils sont dociles et reconnaissants"

De son côté, il s’est pris d’affection pour Boston, un chien qui est a été trouvé, comme beaucoup malheureusement, très mal en point. "Ce chien a trois pattes aujourd’hui, une de ses pattes avant était en putréfaction lorsqu'on l'a récupéré. Malgré nos efforts, il a fallu l’amputer." Aujourd’hui, Boston s’est habitué à vivre avec une seule patte avant et Stephan espère qu’il trouvera un propriétaire rapidement.


"La majorité d’entre eux ont vécu des histoires pas simples. Ils ont connu la torture, la violence, certains chiens se font cannibaliser", raconte le volontaire. "Malgré tout, ils sont dociles et reconnaissants."

Stephan, qui ne peut malheureusement pas adopter un chien à cause d'allergies, espère sensibiliser le plus de monde possible. "En nous aidant vous ne changerez pas le monde pour tous ces chiens mais vous pouvez changer leur monde."

À la une

Sélectionné pour vous