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Bryan, un Montois de 29 ans, victime d'une arnaque sordide sur Facebook: "Ils ont utilisé une vidéo de moi, avec ensuite des cochonneries"

Bryan (nom d'emprunt) a eu le malheur d'accepter une demande d'amitié sur Facebook, "qui lui disait vaguement quelque chose". Après quelques messages et un appel vidéo, le Montois s'est retrouvé pris au piège: on lui demandait 3.600€ pour ne pas publier des montages photos sordides. Explications.

Les arnaques sur internet prennent bien des formes différentes, et les escrocs rivalisent parfois d'ingéniosité pour piéger leur victime. Dans ce milieu peu scrupuleux, certains ont même recours aux dernières méthodes de communication pour parvenir à leurs fins.

C'est ce qu'a constaté amèrement Bryan (nom d'emprunt, car il a préféré gardé l'anonymat). "Chantage, montage pornographique et demande de rançon... Les hackers demandent 3.600€ pour garder le silence", nous a-t-il écrit via la page Alertez-nous.

Une nouvelle amie sur Facebook

Tout a commencé au début du mois d'août. Bryan, 29 ans et originaire de la région de Mons, reçoit une nouvelle demande d'amitié sur Facebook. "Une personne qui me semblait familière, le nom me disait vaguement quelque chose". Une certaine Aurélie...

Bryan prend la peine "de vérifier le profil" avant d'accepter la demande d'amitié. En confiance, il dialogue un peu avec cette personne qu'il pense connaître.

Discussions privées

Peu après avoir accepté la demande d'amitié, Bryan reçoit "des messages via Messenger", l'application de messagerie très populaire liée aux amitiés sur Facebook, et permettant de communiquer en privé.

"C'étaient des messages qui, au départ, me demandaient comment j'allais, comment s'était passée ma journée. C'était relativement familier, dans un premier temps, et ça ne me semblait pas suspect", poursuit Bryan.

Un appel vidéo via Messenger

Quelques heures plus tard, Bryan reçoit un appel via cette même application, Messenger, qui a l'option "appel vidéo", utilisant la caméra frontale présente sur les smartphones, (ou la webcam d'un ordinateur).

C'était à nouveau Aurélie, sa nouvelle amie. "J'y réponds, et je vois effectivement mon visage dans une petite vignette, mais de l'autre côté, je ne vois rien".

La communication étant de très mauvaise qualité, "je coupe", précise le Montois.


Les arnaqueurs ont enregistré la conversation vidéo

L'amitié avec Aurélie prend subitement une tournure catastrophique. "Un peu plus tard, je reçois un autre appel et là, je me vois, moi... C'est comme si je me regardais dans un miroir. Puis, ça s'est coupé".

En réalité, les arnaqueurs montrent à Bryan qu'ils ont enregistré la brève discussion vidéo qu'ils viennent d'avoir. Ils ont sans doute simplement filmé, avec un autre smartphone, l'image de Bryan durant la conversation vidéo.

Notre victime comprend rapidement que quelque chose de très louche se prépare. "Ensuite, j'ai reçu, toujours via l'application Messenger, des photos et des vidéos de moi". L'application de messagerie de Facebook permet en effet d'envoyer et recevoir des fichiers, comme des photos ou des vidéos.


"Se masturbe devant une fille de huit ans"

Le but des arnaqueurs, dans de telles situations, est de choquer. "Il s'agit d'un montage photo, et d'un montage vidéo que je n'ai pas pu enregistrer".

Sur les images, "ils ont mis ma tête, c'est la vidéo de départ, quand j'ai répondu à l'appel vidéo, et ensuite, il y a une photo de moi, avec en commentaire ma profession, l'endroit où je travaille, et un message juste à côté: 'se masturbe devant une fille de huit ans'..."

On imagine aisément les horreurs suivantes dans le montage, que Bryan n'a pas détaillées. "Je vous avoue franchement, ce que j'ai vu m'a vraiment fait peur", nous confie Bryan, qui vit assez mal la situation.


"Si tu essaies de jouer au con, je ferai de ta vie une merde"

Bryan est sous le choc, et doit désormais faire face à la suite logique de l'arnaque: les menaces violentes.

"J'ai reçu ensuite des messages qui me disaient, 'Tu vois, Bryan, si tu essaies de jouer au con, à l'imbécile, je ferai de ta vie une merde, un enfer'..."

Notre Montois, comme la plupart des gens heureusement, n'a pas l'habitude de recevoir ce genre de menace. "Quand je vois ça... mettez-vous à ma place, moi qui n'ai jamais eu de souci avec personne..."


Des extraits de la demande d'argent...

Il coupe la conversation, mais le chantage arrive...

A ce moment-là, Bryan prend peur. "Je coupe directement la conversation, et je bloque la personne. J'ai ensuite signalé l'abus sur Facebook".

Mais quelques minutes plus tard, "la même personne essaie à nouveau de me contacter, toujours via Facebook Messenger, avec la même photo de profil, mais un autre nom".

Et la suite, vous la devinez. "Je suis menacé, on me dit que la vidéo va être postée sur les réseaux sociaux, sur YouTube, avec ma tête, et puis le montage photo. On menace également de l'envoyer à ma compagne, qui était parfaitement au courant, étant donnée qu'elle était à côté de moi quand cela s'est passé".

Enfin, pour effrayer Bryan encore un peu plus, il y a "des menaces de mort".  

3.600€ via Western Union, vers la Côte d'Ivoire...

Pour ne pas que ça arrive, "il faut payer dans l'immédiat une somme de 3.600€, via un lien Western Union, avec un nom probablement factice, le pays, la Côte d'Ivoire, la ville d'Abidjan, et un code postal".

C'est le prix "pour le silence, la non diffusion des photos, et la garantie de ma propre vie". Devant l'incapacité de Bryan de sortir une telle somme, l'arnaqueur lui propose "de faire un premier virement, une sorte d'avance".

Mais notre Montois ne cède pas.

La police lui fait des remontrances

Face à une telle menace, Bryan se rend à la police, et dépose plainte. "On m'a dit que ce genre d'arnaques en provenance de la Côte d'Ivoire était très régulier". Le rendez-vous à la police s'est plutôt bien passé, "hormis un jugement de l'inspecteur qui m'a reçu".

"Il m'a dit que ce genre de trucs, à mon âge, il faudrait veiller à ne pas accepter tout le monde et n'importe qui, et à faire attention à ce que je faisais. Et qu'en plus, j'accepte des contacts féminins alors que je suis en couple. Mais ma femme sait parfaitement que je le fais, et je n'ai jamais eu des relations autres..."

Une fin heureuse, pour le moment

Rentré de la police, Bryan s'attendait à voir apparaître les montages photos/vidéos sur le net. Mais l'arnaqueur n'a pas pris la peine de mettre ses menaces à exécution.

"Je n'ai rien vu, et je n'ai plus reçu. Mon compte Facebook a été bloqué à la demande de la police", ce qui fait que Bryan n'aurait plus pu recevoir de nouvelles menaces. Il n'a, pour l'instant, rien trouvé sur les réseaux sociaux.

"On suppose que comme leur chantage n'a pas fonctionné, ils sont passés à quelqu'un d'autre... Donc pour l'instant, oui, ça se termine bien".

Nos conseils pour éviter pareille mésaventure

Comme toujours, on vous recommande la plus grande vigilance sur les réseaux sociaux. Les arnaqueurs de Bryan ont sans doute créé de faux profils, s'inspirant des noms des vrais amis du Montois sur Facebook. Parfois, il peut s'agir d'un de vos amis dont le profil a été piraté, difficile, dès lors, d'éviter la conversation, mais méfiez-vous des demandes d'aide, surtout financières.

De manière générale, il faut ignorer les demandes d'amitié sur Facebook si vous ne connaissez pas la personne. Surtout si la photo de profil est celle d'une jolie fille, et que le nom vous parait être inventé ou trop commun. Ces fausses demandes sont nombreuses: pour certains cela peut-être tous les mois. Mais il faut les refuser, au risque de partager avec des arnaqueurs des informations privées.

Quant aux appels vidéo, ils deviennent de plus en plus populaires, tout comme l'application Messenger de Facebook. Difficile de les refuser systématiquement, donc, mais si vous n'identifiez pas clairement la personne, ne décrochez pas, dans le doute...

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