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Mireille râle car elle n'aura pas de dépistage gratuit du cancer de la peau: "Tous les rendez-vous ont été clôturés en vingt minutes chrono!"

D'après une étude, environ 40% des décès qui surviennent en Belgique à la suite de cancers de la peau pourraient être évités si les patients ne remettaient pas à plus tard leur visite chez le médecin après avoir détecté une tâche cutanée anormale. Ce sont les chiffres avancés par l'asbl Euromelanoma, qui organisait durant cette semaine des dépistages gratuits partout en Belgique (et en Europe). Mireille aurait bien sauté sur l'occasion pour faire contrôler ces quelques grains de beauté qu'elle a vu apparaître au fil des années. Mais les rendez-vous ont été complets en seulement... 20 minutes. L'opération a connu un énorme succès.

Mireille nous a contactés via la page Alertez-nous depuis Nassogne, dans la province du Luxembourg. Cette quadragénaire aime s’exposer au soleil, par exemple à l’occasion de vacances en famille à Pavalas-les-Flots, dans le sud de la France. Elle se protège, mais est-ce suffisant ? C’est ce qu’elle se demande depuis que trois cas de cancer de la peau se sont déclarés dans son entourage proche. Récemment, un message à la radio, suivi d’un article dans le journal de sa mutualité, l’ont fait réagir.


"Ca a fait un déclic"

"Il était écrit, "Cancer de la peau, ne faîtes pas l’autruche", et que du 4 au 8 mai il y aurait une semaine de dépistage gratuit. Je me suis dit que j’allais prendre rendez-vous pour moi, mon gamin et mon mari. On se protège mais quand on voit tous les produits, on se demande ce qu’il vaut mieux acheter. J’avais remarqué quelques petits grains de beauté qui étaient arrivés comme ça. Ca a fait un déclic, en entendant ça à la radio...", nous explique-t-elle. La campagne dont Mireille nous parle, c’est celle d’Euromelanoma, une asbl axée sur la prévention des cancers de la peau et qui organise chaque année une semaine européenne de sensibilisation depuis 1999. Mireille a cru que le dépistage gratuit était proposé partout en Belgique durant toute la semaine, mais ce n’était pas le cas. Pour en bénéficier, il fallait s’inscrire préalablement sur le site.


Tous les rendez-vous clôturés en 20 minutes chrono !

Malheureusement pour la Nassognarde, c’était trop tard. "Tous les rendez-vous avaient été clôturés en vingt minutes chrono ! Faire une telle campagne d'information pour que tous les rendez-vous gratuits soient bouclés en vingt minutes", se plaint-elle, après s’être renseignée. En effet, l’opération a connu un succès fulgurant. Les dermatologues ont été littéralement submergés, comme en témoigne le docteur Anne Herman, qui officie aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Avec ses collègues, elle a participé à l’opération et a déjà vu 14 patients qui se sont vu offrir un contrôle ce lundi. "Le secrétariat croule d’appels cette semaine, on ne peut pas prendre tout le monde. Beaucoup de patients prennent du coup des rendez-vous, et on est très contents que les patients fassent des contrôles indépendamment de cette semaine gratuite", nous explique-t-elle.


"Le but n’est pas de faire un screening de toute la population"

D’autres patients, comme Mireille, sont frustrés de ne pas avoir obtenu de rendez-vous gratuit. Le docteur Thomas Maselis, qui coordonne l’action en Belgique depuis ses débuts, explique que l’objectif n’est pas de proposer ce dépistage à l’ensemble des Belges mais bien d’attirer leur attention: "Le but n'est pas de faire un screening de toute la population mais de la sensibiliser à la prévention primaire, à savoir, comment "consommer" correctement le soleil, mais aussi secondaire : à quoi ressemble un cancer de la peau, comment réagir si vous soupçonnez un cancer...". Le site Euromelanoma.org donne des conseils et explique comment contrôler soi-même sa peau et évaluer son niveau de risque.


"Tout se fait par bénévolat"

Au total, environ 2000 personnes ont pu bénéficier d’un dépistage gratuit dans plus ou moins 150 cabinets ou cliniques du pays, et ce grâce à des dermatologues qui ont effectué des contrôles sans les tarifer. "Tout se fait par bénévolat, personne n'est payé, que ce soit pour les frais de site-Web, pour imprimer les posters et dépliants, pour le bureau de publicité...", détaille le docteur Maselis, qui explique que l’opération est soutenue financièrement par des acteurs de l'industrie pharmaceutique et cosmétique.


"Je n'irai pas"

Si tout le monde n’a pas pu obtenir de rendez-vous gratuit, l’action aura au moins permis à de nombreuses personnes de se renseigner, voire de planifier un contrôle. Ce ne sera pas le cas de Mireille, qui évoque des raisons tant pratiques qu'économiques: "Je n’irai pas, parce que je n’ai pas le temps maintenant, et je n’ai pas un salaire mirobolant. C’est vite entre 50 et 80 euros, et même s’il y a un remboursement, il faut les avancer", nous explique-t-elle.


"Mieux vaut prévenir que guérir"

De son côté le docteur Herman martèle la formule consacrée:"Mieux vaut prévenir que guérir". "C’est bateau mais la moindre petite lésion qui change, ça peut être bénin comme un mélanome qui débute". Quand faut-il consulter ? "Cela dépend du type de patients mais on propose de contrôler sa peau à chaque saison, et s’il y a le moindre changement, de consulter son dermatologue".


D'autres actions

La Fondation contre le cancer organise elle des séances de sensibilisation aux dégâts des rayons UV sur la peau, via un UV scan. Vous pourrez le tester à l’occasion des "Relais pour la vie" organisés par la Fondation.

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