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"Pourquoi la 1e équipe n'a pas remis le sable dans le trou?" se plaint un Wallon: voici comment la SWDE répare les fuites d'eau

Un témoin nous a détaillé la laborieuse procédure de réparation d'une fuite d'eau qu'il a constatée. La Société wallonne des eaux (SWDE) nous a expliqué quelle était sa marche-à-suivre, avant de reconnaître qu'elle allait s'améliorer.

La Société wallonne des eaux (SWDE), comme de nombreuses sociétés publiques, n'a pas toujours bonne presse. On aime se plaindre de ses infrastructures vétustes, du prix toujours en hausse de l'eau et de son incapacité à gérer efficacement le réseau de distribution.

Un lecteur a envoyé à la rédaction de RTL info, via la page Alertez-nous, un message qu'il nous invitait "à méditer", se basant sur ce qu'il avait constaté lors de la réparation d'une fuite de canalisation "avant compteur", c'est-à-dire avant que l'eau n'arrive chez lui.

Voici ce qu'il racontait:

"Une équipe de la SWDE est venue vérifier et constater une fuite dans l'arrivée d'eau dans le mur.

Une semaine plus tard, une équipe a ouvert le trottoir (1 mètre carré) et changé la canalisation.

Huit jours plus tard, une équipe est venue reboucher le trou, soit remettre le sable. Elle nous a avisé que dans les deux semaines, une autre équipe viendra refaire le béton".

Cette succession d'équipes de réparation, de délais et de petits travaux expliquerait, selon notre témoin, "pourquoi nous payons l'eau si chère".

Il s'interrogeait ensuite: "Pourquoi la première équipe n'a pas remis le sable dans le trou, soit 15 min de travail, alors qu'ils avaient terminé le dépannage vers 13h et que nous étions, selon leurs dires, leur seul client pour la journée?"

La SWDE a ses procédures

Pour tenter de réponde à ces questions, nous avons contacté la SWDE. Son porte-parole nous a détaillé la procédure de réparation d'une fuite.

"Il y a d'abord une évaluation de la gravité de l'incident, qui sert à définir nos priorités d'intervention. Si les fuites sont souterraines, donc non visibles et détectées uniquement via nos relevés, c'est plus compliqué. C'est gênant, mais pas toujours catastrophique, et on ne peut pas ouvrir des kilomètres de voiries pour trouver l'origine de la fuite", nous a expliqué Benoit Moulin, porte-parole de la SWDE.

"Si la fuite est visible en voirie, et que l'écoulement d'eau est important – si on peut remplir un seau en moins de 20 minutes – alors on intervient dans l'heure. Mais parfois, il faut rechercher l'origine de la fuite, faire une analyse du débit, on écoute avec un casque et on détecte l'origine de l'écoulement. Dès qu'on a trouvé, on répare et on referme. Mais tout ça peut prendre jusqu'à 24 heures".

"Si ça n'est pas urgent, on doit faire un tri car on a beaucoup d'intervention à effectuer. Logiquement, c'est réparé dans les 48 heures".

S'il faut ouvrir le trottoir, c'est différent...

Ce que dénonce notre internaute peut en réalité être facilement expliqué par la procédure différente lorsqu'il faut opérer en voirie.

"A partir du moment où il faut ouvrir le trottoir, c'est ce qu'on appelle un chantier en voirie. On sous-traite alors une partie du travail à une équipe de génie civile, dont il faut planifier l'intervention. Il faut également obtenir les autorisations pour ouvrir un trottoir".

La SWDE précise également que "les réparations proprement dites se font par nos 'fontainiers', c'est notre boulot: on remplace des vannes et des conduites". Ce n'est donc pas à eux "de s'occuper de l'asphaltage", par exemple.

Quel est l'état du réseau de canalisation wallon ?

Cette mise point de la part de la SWDE explique en partie le nombre d'intervenants concernés par une fuite d'eau, et les délais qui les séparent, justifiant le va-et-vient auquel notre témoin a assisté.

Mais dans quel état se trouve finalement notre réseau wallon ? "Nous avons un rendement de 70%, ce qui veut dire qu'il y a 30% de perte", nous a avoué Benoit Moulin. Cela paraît énorme à l'heure où on martèle qu'il faut préserver l'eau. Des millions de mètres cubes d'eau traitée finissent visiblement dans la nature.

"Nous ne sommes pas les meilleurs en Europe, mais nous ne sommes pas les pires".

Ce constat s'explique par la vétusté des canalisations. Notre royaume a fait partie des premiers pays industrialisés, qui s'est donc équipé rapidement d'un réseau de distribution d'eau. Dans certaines villes, il remonte parfois au 19e siècle.


350 km de canalisations remplacées chaque année, soit 1% du réseau

"Nous investissons 70 millions d'euros par an pour renouveler les canalisations vétustes, et ça permet de remplacer chaque année 1% du réseau, soit 350 km. Nous n'avons pas les moyens d'aller plus vite".

Pour les 6 prochaines années, l'objectif de la SWDE est d'atteindre les 80% de rendement. "Cela passe par une réorganisation de la gestion des fuites, grâce à l'apport de nouvelles technologies de détection, mais cela passe aussi par une meilleure organisation du travail", a conclu le porte-parole de la SWDE. 

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