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Des malfrats réussissent à voler 620 euros à Christian dans une banque à Bruxelles: "Faites attention, ils sont malins et vous manipulent"

Un Bruxellois a déposé plainte auprès de la police d’Anderlecht, après avoir été la cible de malfaiteurs bien organisés durant la période de fin d'année. Alors qu’il se trouvait dans une banque, le sexagénaire s’est fait voler 620 euros, sans s’en rendre compte. Sa fille a donc décidé d’avertir les médias pour éveiller la vigilance d’autres victimes potentielles de ce genre de vol appelé "shoulder surfing".

"Mon papa a été victime de deux malfrats au sein d’une banque située à Anderlecht", révèle Bénédicte, qui nous a contactés via notre page Alertez-nous pour dénoncer ce vol par ruse bien ficelé. "Faites attention, ils sont malins et vous manipulent en bons comédiens", met-elle en garde. Les faits se sont produits il y a une vintaine de jours. Un samedi matin, vers 11h, ce kinésithérapeute entre dans une agence bancaire afin de déposer une partie de l’argent qu’il a reçu de ses patients. "Cela le stresse toujours de manier autant de liquidités. Ce jour-là, il avait 1.700 euros dans une enveloppe. Mais pour effectuer ce genre d’opération, il n’a plus le choix. Il ne peut plus se présenter aux guichets et doit utiliser les machines", regrette sa fille.

Un inconnu lui tape sur l’épaule

Alors que le sexagénaire s’apprête à finaliser le transfert de son argent, un homme lui tape sur l’épaule pour l’avertir qu’un billet se trouve sur le sol. "Mon père, un peu étonné d’avoir laissé tomber un billet, s’abaisse tout de même pour le ramasser. Il se rend alors compte qu'il s’agit d’un billet d’une monnaie étrangère et sans valeur", relate Bénédicte. Il veut ensuite reprendre sa carte dans le selfbanking, mais elle semble bloquée dans le boîtier qui clignote. En réalité, elle n’est déjà plus dans l’appareil, car ce subterfuge a permis au voleur de s’en emparer subtilement.

"A ce moment-là, un deuxième individu s’approche de lui, en affirmant que sa carte bancaire vient également d’être avalée par un autre appareil. L’homme, très aimable, ajoute que ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. Il explique ensuite à mon père qu’il suffit de taper sur plusieurs touches du clavier et de faire simultanément son code secret pour la récupérer", poursuit notre interlocutrice. Dans un premier temps, Christian se méfie de cette solution et refuse de le faire. Mais l’homme insiste, en épinglant le fait que s’il contacte Card Stop, il devra attendre une semaine avant de pouvoir obtenir une nouvelle carte bancaire. "Mon père, un peu perdu, finit donc par le faire. Il recompose son code secret, en le dissimulant avec ses mains." Mais visiblement pas assez prudemment puisque, grâce à cette opération, l’homme à ses côtés vient d’obtenir le précieux sésame. Le Bruxellois, lui, ressort de la banque quelque peu désarçonné, en pensant toujours que sa carte est restée bloquée dans le distributeur.

"Ils ont sans doute dû se dire ‘celui-là, on va le plumer’"

Après quelques instants de réflexion, il commence toutefois à douter de la sincérité des deux hommes. Par mesure de précaution, Christian décide alors de bloquer sa carte et appelle sa banque pour savoir s’il y a eu une transaction financière suspecte. Et là, mauvaise nouvelle. Il apprend que, quelques minutes seulement après le dépôt de son argent, une somme de 620 euros (ndlr: 625 euros étant la limite journalière pour un retrait) a été débitée de son compte. "Ils ont réussi à le voler juste à côté de lui, dans l’agence. En une dizaine de minutes seulement, ils ont pris sa carte et ont obtenu son code. Ces malfrats ont tourné mon père en bourrique. Ils ont sans doute dû faire le guet, repéré sa belle voiture et se dire ‘celui-là, on va le plumer’. C’était en fait un scénario bien monté", déplore Bénédicte.

"Une méthode surtout utilisée pendant les fêtes de fin d’année"

Les institutions financières connaissent bien ce type de vol par ruse pratiqué par des escrocs bien organisés. "Il s’agit de la technique du "shoulder surfing". Elle consiste à détourner l’attention d’une personne pour lui subtiliser sa carte et s’emparer du code secret afin de retirer très rapidement de l’argent. C’est une méthode utilisée fréquemment, surtout en période de fin d’année. Des bandes organisées, venant parfois des pays de l’Est, passent d’une province à l’autre pour commettre ce genre de délit et obtenir de l’argent. Il y a d‘ailleurs eu pas mal d’arrestations l’an dernier dans toute l’Europe", assure Valéry Halloy, porte-parole de BNP Paribas Fortis.

"Ils sont armés pour frauder au maximum"

L’après-midi même du vol, le père de Bénédicte a porté plainte auprès du commissariat d’Anderlecht, dans l’espoir de pouvoir identifier les auteurs. La scène a en effet été filmée par les caméras de surveillance. Mais d’après la victime, les deux hommes portaient des casquettes et des vestes montantes qui leur permettaient de se camoufler au maximum.

"Ce n’est malheureusement pas exceptionnel comme délit. Et, en général, les personnes plus âgées sont les cibles privilégiées de ces voleurs. Ce sera très difficile de les retrouver. Pour le moment, il n’y a eu aucune interpellation. Une enquête est en cours", indique Marie Verbeke, porte-parole de la zone de police Midi (Anderlecht, Saint-Gilles et Forest). "Cela marche assez bien comme technique car ils sont armés pour frauder au maximum", confirme Valéry Halloy.

Soyez vigilants !

Pour éviter à leurs clients ce genre de mésaventure qui peut plomber leur portefeuille, les banques tentent au maximum de les sensibiliser. Un message de bonne conduite apparaît sur l’écran du distributeur et des affichettes sont apposées dans les agences bancaires pour éveiller la vigilance de la clientèle. "Nous conseillons à nos clients de toujours se méfier d’un comportement trop serviable, de maintenir une certaine distance et de composer son code pin à l’abri des regards", indique le porte-parole de BNP Paribas Fortis. Les banques utilisent également la dissuasion pour décourager les malfaiteurs, en installant des caméras et des miroirs dans les agences.

"Les remboursements se décident au cas par cas"

Heureusement, Christian a réagi rapidement après les faits, en prévenant sa banque et en bloquant sa carte bancaire. Il a ainsi évité que les malfrats utilisent à nouveau sa carte pour effectuer des transactions dans des magasins, des restaurants ou dans des stations-service. "Quatre jours après, le personnel d’une banque à Molenbeek a contacté mon papa pour lui signaler que sa carte bancaire avait été avalée dans cette agence. Ce qui signifie que les malfrats ont encore tenté de lui dérober de l'argent en espérant que sa carte soit encore en circulation", indique la Bruxelloise.

Par ailleurs, ses démarches rapides lui ont permis de récupérer une partie de la somme dérobée. "Les remboursements se décident au cas par cas. Au-delà d’une franchise de 150 euros, la banque rembourse le client, sauf si celui-ci a agi de façon frauduleuse ou s’il a commis une négligence grave, comme inscrire son code secret sur sa carte ou ne pas signaler rapidement la perte de sa carte. Il doit également porter plainte auprès de la police dans les plus brefs délais. Enfin, on vérifie aussi les images des caméras de surveillance pour déceler les fausses fraudes", indique Valéry Halloy.

Une angoisse encore plus importante

Après avoir analysé son dossier, la banque de Christian a décidé de le rembourser. Elle a versé sur son compte un montant de 470 euros (ndlr: la franchise à payer étant de 150 euros). Une nouvelle positive pour les finances du sexagénaire, qui reste malgré tout marqué par cet épisode malheureux. Depuis ce jour-là, il a en effet développé une angoisse encore plus grande à l’idée de devoir déposer des liquidités en agence. "Les prochaines fois, j’irai avec lui pour le rassurer", indique sa fille.

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