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De l'aide, du confort: Aurélie et ses enfants ont quitté leur logement insalubre pour une maison maternelle

Sous les conseils des employés communaux qu'elle a rencontrés, une jeune habitante du Hainaut a décidé de quitter le logement insalubre qu'elle occupait pour intégrer une maison maternelle. Une sage décision qui, par ailleurs, lui permet aujourd'hui, et pendant neuf mois, d'être encadrée par des professionnels au niveau social, médical, juridique et psychologique.

Avec deux enfants en bas âge, comment vivre dans un appartement privé de chauffage et d'eau chaude en hiver? "C'est très difficile, confie Aurélie, après nous avoir joints via notre bouton orange Alertez-nous. Depuis deux ans et demi, dès que les températures baissent, nous allons nous laver chez mes parents ou chez ma grand-mère". Mais les parents de la jeune maman de 24 ans en ont eu assez de cette situation. "Ils m'ont dit que je devais me débrouiller, quitte à faire appel à la commune". Pourquoi pas au propriétaire de l'appartement? "Parce qu'il ne réagit pas, explique Aurélie qui vit dans le Hainaut. Nous lui avons expliqué le problème à plusieurs reprises, mais il n'a jamais réglé le moindre souci".

Par crainte de perdre la garde de ses enfants, Aurélie choisit de partir vers une maison maternelle

A la commune, on conseille à la jeune femme d'être prudente. "Ils m'ont dit que le fait de vivre avec mes jeunes enfants dans cet endroit inadapté pouvait être dangereux pour notre famille", se souvient Aurélie. En effet, les bambins ont à peine 1 et 2 ans. "Le personnel de la commune m'a dit qu'on pourrait me retirer mes enfants pour ça et on m'a conseillé d'aller m'installer dans une maison maternelle", sorte de maison d'accueil pour femmes ou mères en difficulté. La jeune femme suit ce conseil: elle quitte son logement insalubre et reçoit une chambre dans une maison maternelle de la région.


Aurélie se retrouve encadrée, soutenue, suivie

Sur place, la jeune femme découvre que ces refuges offrent bien plus qu'un hébergement. "Il y a des assistants sociaux, des éducateurs, des puéricultrices, explique Françoise Jacques, directrice d'une autre maison maternelle, de taille moyenne, située dans le Brabant wallon. Ces refuges proposent une aide sociale, psychologique, juridique...".

Aurélie passe donc d'un appartement sans eau chaude ni chauffage, à un lieu de vie en communauté où elle et ses enfants sont encadrés par des professionnels. Une chance, car les places sont rares: "En 2016, nous avons refusé 327 dossiers, révèle la directrice de l'établissement où loge Aurélie.

La raison de l'important nombre de refus? "Le manque de place, essentiellement. Nous avons un taux d'occupation de 126%, en général". "Je peux dire que dans toutes les maisons maternelles, il y au moins une demande par jour, cela peut faire 500 demandes par an, renchérit Françoise Jacques. Ici, à la Maison Brabant wallon, nous pourrons dire oui à 70 personnes par an seulement. Presque toutes les maisons maternelle ont une liste attente". 


Un encadrement 24h/24

Ces centres, créés il y a 40 ans, avaient à l'origine comme mission d'accompagner les jeunes filles enceintes tout au long de leur grossesse. "L'objectif était de protéger la jeune fille enceinte et de réaliser un travail au niveau de la relation mère-enfant, détaille Françoise Jacques, directrice de la Maison maternelle Brabant wallon. Aujourd'hui, les maisons maternelles offrent un encadrement 24h/24: hébergement, accueil d'urgence, préparation à la naissance, suivi post-hébergement.

"Les petits réclament leur père sans cesse"

Seule contrainte: les pères ne sont pas admis dans la plupart des établissements. "Nous sommes désormais séparés physiquement de mon compagnon étant donné que le centre n'accepte que les femmes et leurs enfants, regrette Aurélie. Les petits réclament leur père sans cesse". "Il est vrai que les maisons maternelles sont réservées aux mineures enceintes, jeunes femmes enceintes, jeunes mères accompagnées de petits enfants et femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants témoins de ces violences, reconnait la directrice. Cela dit, la communication avec les pères est tout à fait établie. D'ailleurs, nous travaillons également avec les pères ou futurs papas si c'est possible".

La plupart des jeunes filles hébergées dans ces centres maternels y parviennent grâce aux conseils avisés de professionnels. "Elles arrivent chez nous par les services de première ligne, comme les infirmières de l'ONE, les services maternité des cliniques, les CPAS ou même la police, explique Françoise Jacques. 80% des jeunes femmes ont, dans leur histoire, un passé très lourd soit institutionnel soit de rupture totale avec leur famille".

Aurélie peut rester neuf mois maximum et tente de trouver "un nouvel appartement"

Combien de temps Aurélie va-t-elle rester là? "Je ne sais pas, admet la jeune mère. Le temps que je trouve un appartement. Je ne connais pas la suite: ici on m'a demandé de me poser un peu, pour pouvoir retrouver un autre logement. En attendant, mon compagnon est retourné vivre chez ses parents".

"On peut rester maximum neuf mois dans une maison maternelle avec trois dérogations possibles de trois mois chacune, éclaire François Jacques. Ces neufs mois ne sont pas toujours suffisants car souvent, il y a un travail de reconstruction de la personne à effectuer. La majorité de nos pensionnaires ont une histoire assez lourde et il faut du temps pour les aider".

Les occupantes paient une participation

Subventionnées par la Région wallonne pour la masse salariale, ces refuges vivent aussi grâce à la participation financière des occupantes: "Les personnes hébergées doivent participer à hauteur de quatre dixième de leurs ressources (chômage ou CPAS) et 2/3 des allocations familiales". Lorsque les refuges offrent également le couvert, le prix augmente et la participation financière des occupantes s'élève alors à 60% des ressources. 

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