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Deux commerçantes de Mons voient rouge : leur taxe d’enlèvement des immondices est passée de 155 à 315 euros en un an

Véronique tient un petit commerce à Mons. Quant à son amie, elle s’occupe depuis des années d’une galerie d’art. Leur sang n’a fait qu’un tour, mercredi dernier, en ouvrant leur avertissement d’extrait de rôle. Leur taxe de traitement des immondices a augmenté de plus de 100% depuis l’année dernière. Pas de chance pour elles : une erreur de la commune en leur faveur a été corrigée cette année.

Cela fait 36 ans que Véronique tient une librairie ancienne dans le centre de Mons, 36 ans qu’elle tient ce commerce sur son lieu d’habitation, 36 ans que la situation d’enlèvement des immondices reste inchangée. Et pourtant, la voilà qui se retrouve à payer une taxe deux fois plus importante que l’année dernière. Cette augmentation, Véronique la juge inadmissible. Et elle n’est pas la seule, à Mons, à avoir avalé de travers en ouvrant son courrier. Tous les petits commerçants de son quartier sont dans la même situation.


Elle ne génère presqu'aucun déchet mais paie pour deux passages des camions-poubelles par semaine

Véronique est indépendante mais son commerce ne génère aucun déchet. Mais voilà, il se fait qu’elle habite dans une zone de la ville qui regorge d’établissements Horeca. Dans cette zone animée, la récolte des déchets ne se fait pas une, mais deux fois par semaine.
Un double passage qui ne représente aucun intérêt pour elle, d'autant qu'elle limite au maximum ses déchets par souci écologique. "Je sors un sac par semaine. J’ai mon compost, je mets mes déchets à la bulle... mon mari et moi sommes des citoyens très conscientisés par rapport à ça, je ne trouve pas ça normal."


Une erreur administrative

Véronique et son amie pourraient presque se considérer chanceuses. Pendant des années, la rue dans laquelle se trouve leur boutique avait été "oubliée" de la liste des zones à double passage. Une erreur désormais corrigée. Résultat des courses, elles se retrouvent à payer le même montant que n’importe quel resto ou friterie, dont la consommation de déchets n’a rien à voir avec la leur.
"On nous parle d’écologie, mais finalement on n’y accorde aucune importance. Je sais qu’il faut une certaine solidarité, je comprends, mais il faut quand même une juste mesure", nous dit-elle.


"Ces commerçants ont bénéficié d’un discount pendant quelques années"

Du côté de la commune, on nous affirme qu’il s’agit là uniquement d’une correction d’ordre purement technique. "Ces commerçants ont bénéficié, comme d'autres, pendant plusieurs années, d'un manque de précision de notre règlement, qui ne reprenait pas certaines rues à deux passages. Il s'agit de l'application du règlement 2014 qui a été modifié par rapport à celui de 2013", nous explique Georges-Louis Bouchez, échevin empêché des finances de la Ville de Mons. "C’est anecdotique, il y a peut-être 15 ou 20 commerces qui sont concernés", ajoute-t-il.
Sont touchés par cette mesure, tous les commerçants ou indépendants occupant un bâtiment dans ces rues, quelle que soit leur profession.

Une mesure qui épargne heureusement les particuliers. Mais considérant qu’avec leur petite boutique, elles ne consomment finalement pas plus de déchets que des particuliers, la colère de Véronique et de son amie, n’en est que plus vive. "Je peux comprendre que pour ces indépendants, cela fasse une drôle de surprise. On envoie des documents bruts, sans autre forme d’explication, c’est vrai que cela n’est pas normal", réagit l'échevin.


"Avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrais pas faire cadeau de la taxe en raison du décret qui nous impose d’agir de la sorte"

Mais les habitants de cette rue "oubliée" ne sont pas les seuls avoir sursauté en ouvrant leur avertissement d’extrait de rôle. Car entre cette année et l’année dernière, tous les habitants de Mons ont vu leur facture augmenter de 12%.

Comme nous l’explique l’échevin des finances, Mons, comme toute les villes de Wallonie, n’est pas maîtresse à bord en ce qui concerne la taxe d’enlèvement des déchets. Le vrai décideur, c’est le décret "Coût-vérité ". Un décret, édicté par la région wallonne en 1998, qui se base sur le principe simple : " pollueur – payeur " : en d’autres termes : plus on produit de déchets, plus l’on paye. Mons, comme chaque commune de Wallonie est ainsi tenue de faire peser l’entièreté du coût de la gestion de ses déchets ménagers sur ses citoyens.  Et pourtant, comme nous l’affirme l’échevin, les Montois ne consomment pas davantage de déchets qu’avant. Alors qu’est-ce qui explique cette augmentation ?


"C’est le coût de gestion qui augmenté"

Si l’on demande son avis à Georges-Louis Bouchez, la réponse est simple. La mauvaise gestion de l’intercommunale Hygéa, en charge du traitement des déchets, est l’unique cause de la facture de plus en plus salée des habitants de Mons. " L’hygéa est une strucuture mi-publique, mi-privée très mal construite, qui possède tous les inconvénients du privé, et tous les inconvénients du public.
La faute à qui ? Peu importe, pour Véronique et son amie, la pilule a tout de même du mal à passer.
"Ils auraient pu faire ça par échelonnement. Moi je ne suis pas contre payer des taxes, mais je trouve que c’est profondément injuste. La situation économique à Mons est catastrophique depuis 2008. On vivote. Comment voulez-vous encourager des jeunes à ouvrir des commerces ici dans ces conditions ?", conclut-elle.

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