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Deux vagues de FAUX ÉBOUEURS ont sévi récemment à Seneffe: "Comment reconnaître les vrais des faux?"

Gaëlle habite à Arquennes, une entité de Seneffe dans le Hainaut. Fin novembre, elle a été confrontée à deux vagues de faux éboueurs venus réclamer leurs "étrennes". Une pratique malheureusement habituelle en période de fin d’année, mais contre laquelle il est possible de se prémunir. Voici les conseils pour distinguer les vrais des faux éboueurs, pompiers, policiers ou postiers qui passent chercher leurs étrennes.

"On s’est fait arnaquer." La conclusion de Gaëlle est implacable. Si elle n’a perdu "que" 5€ dans l’histoire, ce sont 5€ qu’elle aurait préféré donner aux vrais éboueurs qui viennent chercher ses poubelles chaque semaine.


Deux arnaques en deux semaines

Tout commence "le jeudi 24 novembre. Des éboueurs sont venus chercher leurs étrennes. Ils portaient une veste jaune, semblable à celle de nos éboueurs habituels. J'ai donné 5€ même si j'avais un doute quant à leur véritable métier", relate-t-elle via notre bouton orange Alertez-nous.

Ce doute, elle est allée le vérifier dès le lendemain, "jour du ramassage des déchets. J'ai été voir "mes éboueurs" qui m'ont dit que malheureusement, j'avais été arnaquée et qu'eux ne passaient que le week-end afin de ramasser leurs étrennes".

La semaine suivante, rebelote : "Le mercredi 29 ... "ding dong"... des éboueurs qui font le tour du quartier pour leurs étrennes! J’ai répondu que je n’allais quand même pas donner toutes les semaines, et celui devant ma porte, qui ne portait même pas de veste cette fois-ci, ma dit que la semaine dernière, c’étaient des faux !"


Voici les trucs pour reconnaître les vrais

"Vrais éboueurs, faux éboueurs, comment les reconnaître?", se demande Gaëlle. C’est la question que nous avons posée au commissaire Armand Petit, directeur des opérations de la zone de police de Mariemont.

Il donne les conseils suivants à la population pour distinguer les vrais travailleurs qui viennent chercher leurs étrennes des faux. "Si les personnes peuvent être clairement identifiées, via leurs uniformes par exemple, il n’y a pas de doute à avoir. Vous pouvez aussi demander leur carte de légitimation, délivrée par les employeurs des policiers et des pompiers, ou par la Région wallonne quand il s’agit de démarcheurs."

Problème en ce qui concerne les éboueurs : ils ne disposent ni d’uniformes, ni de cette cartes de légitimation. C’est pour cela que Hygea, l’intercommunale des déchets active entre autres à Seneffe, a édicté des règles claires.

"Il faut savoir que c’est une pratique ancienne qui est tolérée, mais l’intercommunale n’organise pas celle-ci. Le Conseil d’Administration, composé des représentants des communes desservies par Hygea, fixe par contre un cadre. Elle fixe une période au cours de laquelle la collecte des étrennes par nos collecteurs est tolérée, période que tous les citoyens peuvent trouver sur notre site internet", explique Emilie Zimbili, la responsable communication de Hygea. Cette période n’ayant débuté que le 5 décembre, les éboueurs qui se sont présentés chez Gaëlle étaient donc bel et bien des faux. Dans cette zone, la période des étrennes se termine le 6 janvier.

"De plus, notre personnel est systématiquement équipé d’un badge et remet un document officiel sur lequel les dates de collectes sont reprises. Cela permet au citoyen de pouvoir identifier clairement nos collecteurs", détaille encore Emilie Zimbili.

Bon à savoir aussi : "Ils ne passent pas forcément le weekend. Ils ne peuvent simplement pas collecter les étrennes pendant leurs heures de travail. Comme les tournées se terminent généralement en début d’après-midi, ils sont susceptibles de passer ensuite en semaine également. De plus, ils ne peuvent utiliser le matériel roulant de Hygea", donc les camions poubelles. L’absence de ceux-ci au moment de la collecte des étrennes est donc normale.


Habituel dans tout le pays, mais n'hésitez pas à appeler la police

Quelle est l’ampleur de cette arnaque ? Pour nos deux interlocuteurs, elle touche tout le pays et tous les corps de métier relevant du service à la population rendu par un service public. Mais il n’existe pas de statistiques fiables sur le nombre de cas pas an ou par zone.

"Ce n’est pas spécifique à notre zone mais c’est un phénomène généralisé à tout le pays", détaille le commissaire Petit. Mais les statistiques de police ne sont pas complètes puisque finalement peu de personnes leur signalent ces agissement, soit parce qu’ils n’ont pas flairé l’arnaque, soit parce qu’ils se disent que ça ne sert à rien d’appeler la police pour si peu d’argent perdu. Résultat, si c’est arrivé 2 fois en 2 semaines dans la rue de Gaëlle, à la zone Mariemont, les archives montrent que "ce n’est ni fréquent ni récurrent : ça n’arrive pas chaque année". Du côté de Hygea, même son de cloche : "chaque année, un ou deux cas qui nous remontent", pas plus.

Pourtant, la police de Mariemont enjoint les victimes à se manifester, et ce même en face de l’arnaqueur : "Dès que vous avez un doute légitime, n’hésitez pas à contacter la police. On enverra une patrouille sur place pour contrôler ces personnes. S’il s’agit d’un arnaqueur, en vous entendant appeler la police, il n’attendra pas et partira. S’il n’a rien à se reprocher, il attendra notre arrivée", poursuit Armand Petit.


Aucun obligation de donner de l'argent pour les étrennes

Une autre explication au fait que les citoyens ne sont pas forcément suspicieux, c’est une vieille croyance... que même Gaëlle connait. "Il paraît que c'est mal vu de ne pas donner d’étrennes." Sur ce point, Hygea tient à faire savoir à tous "qu’il n’y a aucune obligation de participer aux étrennées. Les citoyens sont libres de participer ou pas et cela n’interfère en rien sur le service qui leur sera rendu tout au long de l’année. On insiste fortement sur ce fait".

Finalement, ce sont les honnêtes travailleurs de Hygea qui risquent d’être les plus impactés par les agissements des fraudeurs. Certains ayant déjà donné à d’autres, sachant ou non qu’ils avaient été victimes d’une arnaque, ne leur donneront plus forcément lorsqu’ils passeront pour leurs étrennes. Et d’autres pourraient être tentés de court-circuiter les mesures mises en place par l’intercommunale. Exemple avec Gaëlle : "L'an prochain, je donnerai directement à "mes" éboueurs quand ils viendront ramasser mes poubelles. On ne m'aura plus !"

Depuis qu’elle sait qu’elle a été victime d’une arnaque, la jeune femme se demande aussi ce que les fraudeurs avaient en tête. "Je ne sais pas s’ils n’étaient pas en repérage pour autre chose. Peut-être en ont-ils profité pour repérer les systèmes d’alarme. On habite un nouveau lotissement où beaucoup de maisons sont encore en chantier, donc on n’est pas encore très en sécurité. Tous nos voisins sont assez méfiants en ce moment", et ce passage de faux éboueurs n’aide pas à s’y sentir en sécurité. Raison de plus d’en informer la police qui pourra peut-être surveiller le quartier d’un peu plus près.

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