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Devenus apiculteurs à Charleroi, Dimitri et Carmela ne s’attendaient pas à un tel succès

Dimitri et Carmela se sont lancés dans l’apiculture en 2001. Ils ont créé le Clos des Aulniats dans la région de Charleroi. Partis d’une simple ruche, ils en détiennent aujourd’hui environ 130 avec des colonies d’abeilles dispersées un peu partout en Wallonie.

Petit, Dimitri rêvait d’être vétérinaire. Le monde animal le passionnait, et en particulier celui des abeilles. Mais c'est seulement à l'âge adulte, il y a une dizaine d'années, que l'homme, devenu policier, a franchi le pas. C'est son épouse qui l'a poussé. "J’ai vraiment vu qu'il avait besoin de se retrouver dans la nature, à cause du stress engendré par son boulot", dit Carmela, 39 ans. Elle lui a suggéré de prendre une ruche. C'était une bonne idée. "J’ai vu un réel changement chez lui, je savais que ça lui ferait du bien", raconte-t-elle.


Carmela craignait de se faire piquer

Initialement, Carmela ne partageait pas la passion de son époux. "Je voyais les apiculteurs dans leur tenue blanche comme des cosmonautes et je pensais qu’il y avait un sérieux risque de se faire piquer", dit-elle. Mais depuis, elle a appris à connaître l'insecte. "En fait, l’abeille n’est pas agressive. Elle fait son petit chemin et son travail, et ne piquera que si elle se sent menacée. Et lorsqu’on est au-dessus des ruches, on les dérange, et c’est la raison pour laquelle ces habits de protection sont nécessaires", explique-t-elle.


130 ruches dans toute la Wallonie

Lorsqu'elle a motivé son mari à installer une première ruche au fond du jardin en 2001, Carmela était une assistante commerciale en pause carrière, pour s’occuper de ses enfants. Elle lui a d'abord donné un coup de main pour finir par s’y investir énormément. C'est que le couple a rapidement été pris par le métier. Rapidement, il est passé à trois, dix, trente, pour atteindre les 130 ruches. La demande de miel n'a cessé d'augmenter. Dimitri et Carmela y ont répondu en augmentant le nombre de colonies d’abeilles. Des ruches ont aussi installées chez des particuliers et des entreprises, un peu partout en Wallonie. C'est un concept de parrainage imaginé d'abord aux Etats-Unis. . Le principe est simple: des particuliers financent une ou plusieurs ruches, tandis que les apiculteurs s’en occupent. Les deux partenaires se partagent ensuite la récolte.

Un magasin, le Clos des Aulniats a aussi été ouvert. Le couple y vend du miel mais aussi du matériel destiné aux apiculteurs, ou à tout néophyte qui souhaite se lancer.


Dimitri combine toujours son travail de policier avec l'apiculture

Aujourd'hui, Carmela a abandonné son ancien travail. Indépendante, elle se consacre à l’apiculture à temps plein depuis environ deux ans. "Tout s’est vraiment fait au fur et à mesure. Lorsque j’ai dû prendre la décision de reprendre ou non le travail après ma pause carrière, c’est là que j’ai pris conscience que je voulais développer l’apiculture. Beaucoup de personnes étaient intéressées, les demandes étaient de plus en plus importantes, et d’autres apiculteurs nous demandaient des conseils, notamment concernant l’achat du matériel", dit Carmela. Dimitri, aujourd'hui âgé de 44 ans, combine, lui, toujours son travail de policier avec celui d’apiculteur. "Mon épouse s’occupe du magasin et des livraisons, tandis que je gère les ruches après ma journée de travail à la police, les cours durant le week-end, ainsi que les conseils à qui en a besoin", décrit-il.


Miel brut ou retravaillé, "toutes fleurs" ou "mono-floral"

Le couple commercialise ses produits dans son magasin mais aussi divers autres points de ventes. Et il s'est diversifié. Comme, ils ne produisent que du miel "toutes fleurs", ils importent des miels dits "mono-floraux" venus de France et d’Italie, élargissant ainsi leur offre (miel à la lavande, miel au tilleul, etc.). Leur miel est soit à l’état brut soit retravaillé. Le premier est récolté dans les ruches avant d'être filtré puis passé à maturation durant plusieurs jours afin de faire remonter à la surface les dernières impuretés. Il repasse ensuite par une nouvelle filtration. La cristallisation du miel l’épaissit progressivement, ce qui ne plait pas à tous les clients. C’est pourquoi il est aussi possible de retravailler ce miel en le passant dans une machine qui va faire tourner le produit des jours durant, pour briser la cristallisation, et en faire un miel crémeux comme de la pâte à tartiner. Progressivement, le couple a pu aussi proposer à sa clientèle une panoplie de produits dérivés, tels que du thé, de l’hydromel, des pommades et des baumes, du pain d’épices, ou encore des bougies par exemple.


Un tiers des abeilles meurt l'hiver

Le problème de la chute constante du nombre d'abeilles, partout dans le monde, est régulièrement évoqué dans les médias. Sur son site internet, le couple rappelle diverses causes telles que l’emploi de pesticides, une réduction de la biodiversité ou encore la présence de certains parasites par exemple. Il faut savoir aussi que chaque année, l’hiver, surtout quand il est très humide, provoque de pertes. Des colonies disparaissent chez tous les apiculteurs. Chez Dimitri et Carmela par exemple, les pertes tournent en moyenne autour de 25 à 30% du nombre total.

Cela fait quatre ans que le couple a démarré des stages d’initiation à l’apiculture. Objectif: informer toute personne intéressée, lui montrer les rudiments du métier, et qui sait, peut-être lui donner l’envie de se lancer, elle aussi, dans l’univers des abeilles ?
Neuf matinées sont consacrées à l’apprentissage, comprenant des cours théoriques ainsi qu’un apprentissage pratique.
Le résultat est payant, comme nous le raconte Dimitri: "Souvent, des personnes repartent du stage avec dans la tête, l’idée d’installer une ruche dans leur jardin. Aussi, je me rappelle d’un monsieur originaire de Maredsous... Il s’est lancé dans l’apiculture après avoir fait un stage chez nous, et je pense même qu’il a ouvert un magasin pour y vendre ses produits."


Et maintenant, une petite ferme

"Nous avons de la chance, car nous pouvons vivre de notre passion, tout en faisant ce qu’on aime", se félicite Carmela. L’objectif n’est cependant pas de vendre à tout prix, et passer à un mode industriel. Le couple met un point d’honneur à garder cette petite entreprise familiale et conviviale. Le rêve continue. Et grandit pour Carmela et Dimitri. Récemment, le couple a acquis une petite ferme avec l'ambition d'y élever animaux et cultiver des arbres fruitiers.

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