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"2h30 pour faire 50km": le calvaire quotidien d'Elsa dans les transports en commun

Il est extrêmement rare qu'une journée passe sans qu'un train, un tram ou un métro ne soit en retard en Belgique. Elsa en sait quelque chose. Elle fait la navette entre Fontaine-l'Evêque et Louvain-la-Neuve depuis plusieurs mois et perd un temps considérable dans les transports en commun.

Depuis six mois, Elsa effectue quotidiennement la navette entre Fontaine-l’Evêque et Louvain-la-Neuve. En quelques jours à peine, elle a compris que ses trajets seraient souvent catastrophiques à cause des retards extrêmement fréquents. "Comment est-il possible d'oser encore nous demander d'abandonner notre véhicule lorsque qu'il me faut plus de 2h30 pour effectuer un trajet de 50km, contre 40min en voiture?", nous demande-t-elle via notre bouton orange Alertez-nous.


Un métro et deux trains = plus d'1h30 dans les transports

En octobre dernier, la jeune femme de 28 ans entame une formation d’employée administrative en charge du personnel à Louvain-la-Neuve. Au moment de s’inscrire, elle hésite à propos de la distance, elle qui habite dans la région de Charleroi depuis 5 ans et n’a pas de voiture. "Mais je me suis dit qu’au niveau des transports en commun, ça allait, il y avait de quoi faire et que donc je pourrais gérer", nous raconte-t-elle. Même si elle doit prendre un métro et deux trains, et donc passer plus d'1h30 dans les transports, pour arriver jusque Louvain-la-Neuve, Elsa ne se plaint pas. La formation qu'elle a entreprise lui plaît beaucoup et pourrait être déterminante pour son avenir. 


Une véritable "expédition"

Chaque jour, elle quitte son domicile à 6h20 et commence alors son "expédition" dans les transports en commun. "Je marche jusqu’à la station de métro Paradis qui se trouve à Fontaine-l’Evêque, là où passe le métro à 6h41, détaille-t-elle. Je décide de partir plus tôt de la maison, normalement je prends 10 minutes pour y arriver, dans le cas où le métro arriverait plus tôt, parce que c’est déjà arrivé. Quand il passe bien à 6h41 et que tout se passe bien sur le trajet, j’arrive vers 7h10 à la gare de Charleroi-Sud. Là, je prends le train direction Ottignies qui part à 7h20. J’arrive à Ottignies vers 08h05 au plus tôt et j’ai ma correspondance à 8h12 vers Louvain-la-Neuve. Normalement le trajet prend dix minutes et je dois arriver vers 8h22-23".


Cinq heures dans les transports pour assister à trois heures de cours

Mais ça, c’est quand tout va bien. En six mois, Elsa n’est arrivée à l’heure prévue à Louvain-la-Neuve que trois fois. Et un de ces derniers vendredis, il y a eu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Un métro qui ne passe pas, le suivant qui est en retard, les problèmes s’enchaînent et la font arriver une heure en retard. "J’ai vraiment explosé parce que le métro à Fontaine-l’Evêque n’est tout simplement pas passé. Je me suis dit que ce n’était pas grave, que dans le pire des cas avec le suivant, une fois arrivée à la gare, j’aurais encore 4 minutes pour courir et attraper le train, raconte la jeune femme. Sauf que le métro suivant est arrivé avec cinq minutes de retard et donc je n’ai pas eu ces 4 minutes de délai. J’ai vu le train me passer sous les yeux. J’ai dû attendre le suivant qui arrivait 1/2h plus tard et qui est parti lui-même avec trois minutes de retard. Donc de nouveau j’ai dû attendre à Ottignies pour avoir un train pour Louvain-la-Neuve. C’était un cafouillage pas possible et je suis arrivée à 9h20, ou quelque chose comme ça, à mon lieu de formation, en sachant que mes cours commencent à 8h45." Et comme elle n’a que trois heures de cours ce jour-là, elle passe finalement plus de temps dans les transports (5 heures) que sur les bancs de la classe.

Heureusement pour elle, les personnes qui s’occupent de sa formation sont compréhensives, mais Elsa se demande comment ça se passera quand elle sera en stage (pendant six semaines après la formation) ou quand elle aura un emploi. "Heureusement que ce n’est ‘qu’une’ formation et que ce n’est pas un employeur, parce que là ça ne passerait pas. J’arrive au moins deux fois par semaines en retard."


Ses abonnements entièrement payés par la formation: "Je suis chanceuse"

Ce qui énerve aussi la navetteuse, c’est le prix des abonnements qui ne cesse d’augmenter sans que les services ne s’améliorent. Son abonnement TEC coûte 46,5€/mois et celui de la SNCB 137€/mois. "Heureusement, mon centre de formation le rembourse entièrement. Je n’ai donc jamais essayé de me faire rembourser un retard et je suis chanceuse car des amis m’ont dit qu’il y avait des formulaires à remplir, que ça prenait du temps, pour parfois ne rien obtenir".


"Ça m’est souvent arrivé de voir des bagarres dans le métro et personne n’intervenait"

La jeune femme déplore également le mauvais état et la saleté des véhicules ainsi que l’insécurité qui y règne. Si elle trouve la présence d’accompagnateurs dans les trains très rassurante, elle n’est pas à l’aise dans le métro carolo. "Ça m’est souvent arrivé de voir des bagarres dans le métro et personne n’intervenait. Ou une jeune fille qui monte, qui se fait insulter, qui se fait draguer de manière un peu trop envahissante, et personne ne réagit. Donc je me dis que si jamais il devait m’arriver quelque chose, je ne sais pas du tout comment ça se passerait", craint-elle.


Un vomi resté dans le métro toute la journée

Et pour illustrer le problème de saleté qui règne dans le métro, Elsa se souvient d’un moment dégoûtant. "J’ai déjà vu un homme ivre vomir dans le métro le matin et le soir, je suis montée dans le même véhicule, je l’ai su parce que j’ai constaté que la flaque de vomis était toujours là et qu’elle était donc restée là toute la journée, merci l’odeur ! On paie notre abonnement, voilà dans quoi on doit voyager", dénonce-t-elle.


"Quand je compare le métro carolo avec les transports de la Stib par exemple, c’est le jour et la nuit"

La jeune femme qui a grandi à Bruxelles et dans le Brabant flamand et qui s’est installée dans la région de Charleroi après une rupture n’aspire plus qu’à une chose, terminer sa formation et trouver un emploi dans la capitale pour pouvoir y réemménager. "Quand je compare le métro carolo avec les transports de la Stib, par exemple, c’est le jour et la nuit. J’ai voyagé avec la Stib pendant des années, je me sentais nettement plus en sécurité, ils étaient plus propres, je n’avais pas peur de les prendre le soir alors qu’à Charleroi, je ne voudrais jamais prendre les transports le soir", conclut-elle.

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