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Fabrice a écrit à notre rédaction pour nous faire part d’un moment particulièrement stressant qu’il a vécu sur l’autoroute E42 mardi dernier. Alors que pour se rendre au travail, peu après 7h du matin, il empruntait la bretelle pour tourner vers La Louvière, il s’est retrouvé derrière un camion qui a changé brusquement de direction, son conducteur s’apercevant qu’il avait pris la mauvaise direction.
"Il risquait gros pour gagner quelques minutes"
"J’ai dû freiner comme un malade", nous dit Fabrice, qui estime qu’il s’est retrouvé à 70-80km/h pour éviter le camion. La voiture devant lui a été forcée de se déporter vers la gauche sur les lignes obliques pour éviter le camion, qui a mis les quatre feux en s’en allant, probablement pour s’excuser de la manœuvre. "Je garde toujours mes distances, mais même en faisant attention, il y avait là un gros risque d’accident. Il suffisait qu’il sorte à la sortie suivante, à Houdeng", nous dit-il. "Il risquait gros pour gagner quelques minutes. Quand on rate une direction, on sort et on reprend l’autoroute", ajoute-t-il, précisant que souvent, à cet endroit-là, des gens bifurquent de façon hasardeuses parce qu’ils se trompent de direction. "Je ne dis pas que tous les camionneurs sont comme ça", commente-t-il.
Trois infractions
Nous avons soumis les images à Benoît Godard, le porte-parole de l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR). Il pointe trois infractions, deux du 1e degré tout d’abord:
Le conducteur du camion enfreint l’article 7.2 du code de la route, ce qui est passible de 58 euros d’amende: "Les usagers doivent se comporter sur la voie publique de manière telle qu'ils ne causent aucune gêne ou danger pour les autres usagers".
Il enfreint également l’article 77.4, ce qui est également passible d’une amende de 58€, puisque les conducteurs ne peuvent pas circuler sur les zones d’évitement, marquée au sol par des lignes parallèles obliques de couleur blanche.
Benoît Godart pointe également une infraction du 2e degré : un conducteur qui veut exécuter une manœuvre, comme ici, changer de bande, doit céder le passage aux autres usagers, or il force manifestement le passage, et ceci est passible de 116€ d’amende.
Un autre témoin réagit: "L'endroit est très mal signalé!"
Suite à notre article, Yvonne a réagi et nous a envoyé son témoignage. "J'emprunte régulièrement cet axe, et j'ai constaté de nombreux changements de direction très dangereux à cet endroit, qui est très mal signalé", explique-t-elle. "Il s'agit d'une bifurcation vers la E19 ou vers la E42, donc deux axes très fréquentés. Elle est annoncée par des marquages au sol (décolorés la plupart du temps) et par un petit panneau sur le côté droit. Il me semble que des changements aussi importants devraient être signalés par un ou deux portiques surplombant l'autoroute et indiquant les bandes à emprunter", estime l'automobiliste. "C'était le cas il y a quelques années, mais le portique a été démonté pendant des travaux et il a été déposé à la sortie Houdeng, où on l'a laissé pourrir pendant 3 ans!", confie-t-elle.
"J'avais attiré l'attention du ministre Di Antonio, chargé de l'infrastructure routière à l'époque, insistant pour qu'il résolve ce problème, mais rien n'a été fait. Comme il a récupéré cette compétence, peut-être que ce problème sera bientôt résolu. Au pays du surréalisme, on peut rêver!", conclut Yvonne.
Pourquoi a-t-il une caméra embarquée?
Fabrice n’a pas eu l’occasion de prendre la plaque du camion, sinon il aurait été à la police. Il nous explique qu’il constate quasiment quotidiennement des cas similaires sur la route: "C’est tous les jours que je remarque des incivilités, les gens ne roulent pas calmement, ne gardent pas leur distances, ne mettent pas le clignotant"… Cela l’a décidé à installer une caméra embarquée dans son véhicule, pour environ 80€, surtout afin d’avoir une preuve en cas d’accident. "Les gens sont vraiment de mauvaise foi", commente-t-il.
"Il y aurait pu y avoir des tués"
S’il les constate tous les jours ces incivilités, qu’est-ce qui l’a poussé à envoyer ces images via le bouton orange Alertez-nous ? , "Là, il y aurait pu y avoir des tués. La voiture qui était en face de moi a fait en sorte d’éviter le camion, mais s’il y avait eu une voiture dans le chemin, ça aurait pu faire un gros accident". Il nous a expliqué la raison de sa démarche, encore un peu sonné, car il nous confie avoir eu "très peur": "J’espère qu’en montrant la vidéo certains camionneurs vont voir ça, et vont dire qu’il aurait dû faire autrement", dit-il, pointant la position de faiblesse de la voiture face à un camion. "Ils sont à l’abri dans leur cabine", pointe-t-il.
Quelques statistiques
Selon les dernières statistiques disponibles auprès de l’IBSR, il y a eu 2067 accidents corporels impliquant un camion en 2016 (91 à Bruxelles, 1468 en Flandre et 508 en Wallonie). C’est le plus faible nombre jamais enregistré, précise l’institut: "C’est une diminution de 29% par rapport à il y a 10 ans".
Cependant, il apparaît que les accidents corporels impliquant un camion sur autoroute sont presque deux fois plus fréquents que les autres, et sont également "nettement plus graves" que les autres: "La gravité des accidents impliquant un camion est plus de 3 fois plus importante que la gravité des accidents impliquant d'autres types d'usagers, ce qui n'est pas sans influence sur leur impact médiatique", commente l’IBSR.
