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Handicapé, Thierry en a marre des conducteurs garés sur les parkings réservés: "C’est crevant de chercher une place en rentrant de l’hôpital"

Chaque déplacement est une épreuve pour ce Bruxellois. Il se rend à l’hôpital trois fois par semaine pour soigner son insuffisance rénale. Fatigué et énervé, il n’en peut plus des conducteurs irrespectueux.

A 55 ans, une insuffisance rénale fait souffrir les articulations de Thierry à chacun de ses déplacements. "Je suis handicapé à plus de 66%. Je dois prendre des antidouleurs pour pouvoir me déplacer, sinon je suis cloué au lit", explique ce Bruxellois. Pour Thierry, chercher une place de parking est une véritable épreuve. "J’en ai ras-le-bol des conducteurs qui ne respectent pas les places réservées ou qui abusent de la carte de leurs parents", nous a-t-il dit via la page Alertez-nous. Thierry nous a expliqué son parcours, et ses difficultés quotidiennes pour se déplacer de chez lui à l’hôpital.


Un changement de vie radical causé par la maladie

Depuis plusieurs années, Thierry est frappé par de graves problèmes aux reins. "J’ai une maladie rare due à un problème génétique et à un surplus de protéines. Je suis sur liste d’attente pour une greffe de rein, mais l’attente est longue et douloureuse", explique-t-il.

La maladie a radicalement changé la vie du Bruxellois. "Avant, je voyageais beaucoup entre la Belgique et la Malaisie pour importer des meubles. Mais je n’en pouvais plus, et nous nous sommes installés là-bas avec ma femme", précise-t-il. Pour éviter les déplacements, Thierry a ouvert une maison de repos en Malaisie il y a trois ans. "La vie est agréable là-bas, il y a du soleil et la nourriture est très différente. Mais les dialyses ne sont pas effectuées correctement et je suis revenu en Belgique pour me soigner", explique l’ancien indépendant. "Pour l’instant, un ami m’héberge, et ma femme est toujours en Malaisie pour vendre notre maison là-bas", ajoute-t-il.


"Quand je rentre de l’hôpital au soir, c’est crevant de chercher une place"

La maladie empêche les reins de Thierry de fonctionner correctement, ce qui peut provoquer un infarctus s’il ne se soigne pas. "Je dois me rendre à l’hôpital trois fois par semaine pour des dialyses, c’est très fatigant", explique-t-il. "Et quand je rentre à huit heures du soir, c’est crevant de chercher une place de parking pendant presque une heure", ajoute-t-il.


Il voit une personne valide se parquer: elle lui répond qu'elle a la carte de sa mère

Autour du lieu où il vit, il a pourtant dénombré une vingtaine de places pour personnes handicapées. "Mais il y en a une quinzaine utilisées par des personnes qui n’en ont pas besoin", affirme le Bruxellois. "Une fois j’ai vu une personne valide se parquer sur une place réservée. Je lui ai dit que j’avais vraiment besoin de me garer, mais elle m’a répondu qu’elle avait une carte, celle de sa mère, et elle m’a laissé là. Pourtant, sa mère n’était pas avec elle", explique Thierry, dépité.


"Il est interdit d’utiliser la carte sans la présence de la personne handicapée"

A ce jour, 360.548 cartes de stationnement pour personnes handicapées circulent en Belgique. Pour l’obtenir, deux conditions principales doivent être remplies. "Il faut habiter en Belgique, et le médecin traitant du demandeur doit délivrer un justificatif. Le document est ensuite vérifié par un médecin fonctionnaire de nos services", explique André Gubbels, responsable de la direction Personnes handicapées au SPF Sécurité sociale.

Le responsable est conscient des abus liés aux places réservées, et constate trois types d’infractions. "La plus fréquente concerne les automobilistes qui se garent sur une place réservée sans la carte. Il y a ceux qui utilisent la carte sans la présence de la personne handicapée, ce qui est formellement interdit. Et d’autres vont jusqu’à falsifier le document", explique André Gubbels. "En ville, la carte de stationnement pour personnes handicapées a une valeur importante", ajoute-t-il.


Carte répertoriant les emplacements réservés aux personnes handicapées à Bruxelles.


Jusqu’à 110 euros d’amende

Pour lutter contre les dérives, chaque commune est libre d’organiser des opérations de police ciblées. "A Bruxelles, les agents de la cellule des horodateurs ne peuvent pas dresser de PV pour ce type d’infraction. Mais ils appellent généralement la police en cas de doute sur une carte ou d’utilisation abusive d’une place réservée", explique l’échevine bruxelloise chargée du Plan de stationnement, Marion Lemesre.

La ville de Bruxelles dispose de 748 emplacements réservés aux personnes handicapées, répertoriés sur la carte ci-dessus. Se garer sur l’une de ces places sans carte vous coûtera jusqu’à 110 euros d’amende. "Quand j’étais valide, je n’ai jamais utilisé une place pour handicapé, je ne comprends pas ce comportement totalement irrespectueux. La vie est déjà difficile pour les personnes à mobilité réduite. Si en plus les valides utilisent les emplacements réservés, on ne pourra même plus se déplacer", déclare Thierry avec amertume.

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