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Henri, coiffeur, 42 ans: il est aussi Varvara et veut devenir la première francophone à gagner Miss Belgique Travesti

"Bonjour, je m'appelle Henri Billen et je suis de Heusy. Je suis aussi connu sous le nom de Varvara. Je suis transformiste, cette année je participe à Miss Belgique Travesti 2016 à Gand, je suis la seule francophone", nous a écrit Henri via la page Alertez-nous. Dans quelques semaines, Henri, coiffeur de 42 ans, se rendra donc à Audenarde, au sud de Gand. Le Verviétois y défilera en costume extravagant puis en maillot, avant d'interpréter deux chansons pour convaincre le jury et devenir la première francophone à gagner ce concours, populaire en Flandre mais inconnu chez nous. LA première francophone? "Je parle au féminin quand je parle de Varvara parce que j'estime que c'est un personnage. C'est Varvara qui travaille, fait le spectacle et fait ce concours", nous explique Henri que nous avons appelé pour en savoir plus sur lui, sa passion et... Varvara, un personnage qu'il fait vivre et évoluer depuis une dizaine d'années.

Au carnaval

Le carnaval de Dunkerque, l'un des plus populaires d'Europe, colorera la ville portuaire, à quelques kilomètres de notre frontière la semaine prochaine. Traditionnellement, les hommes s'y déguisent en femmes et dansent joyeusement dans les cafés sur la digue. C'est aussi lors d'un carnaval que la passion d'Henri a débuté. "Un jour, on m'a maquillé pour aller à un carnaval et on m'a dit 'Tiens, ça te va bien, tu devrais peut-être te lancer là-dedans'", nous raconte-t-il. L'homme se prête au jeu et comme il aimait bien la danse et la chanson, le loisirs prend forme dans sa vie, nourri par de nouvelles occasions: "Des gens m'ont appelé pour des anniversaires, des choses comme ça."

"Vous nous avez fait rire"

Henri s'améliore. "Au fil des années, on progresse, on voit ses erreurs, on se visionne, on voit ce qu'on peut arranger dans la prestation, le maquillage, la tenue. Il y a aussi une aisance qui vient sur scène, ce que je n'avais pas au début", confie le transformiste, aujourd'hui bien conscient de ce qui le fait vibrer par-dessus tout: le contact avec les gens. "Au début, quand on est jeune, on a envie d'être une star, d'être beau, bien habillé et montrer qu'on est seul sur scène. Mais au fil des années, on se rend compte que l'important est que les gens, après le spectacle, disent 'C'était bien, vous nous avez fait rire, on a passé un bon moment'". La reconnaissance du public constitue son plus beau salaire. "On est quelqu'un d'autre mais il ne faut pas en faire de trop, il faut rester qui on est et en même temps avoir ce côté "vers les gens" parce qu'en finalité, on est là pour le public, le faire rire ou pleurer, et cela s'apprend au fil du temps", décrit-il.

La transformation

Henri travaille Varvara et ses interprétations en moyenne deux ou trois fois par semaine. "Je fais du burlesque, du comique, des ressemblances. Par exemple, j'imite Lara Fabian. Je tourne souvent certaines chansons en dérision pour que les gens se lassent pas et ne se disent pas seulement "Ben oui, on a vu des plumes et du strass"", expose-t-il. Lorsqu'il se prépare, l'homme de tous les jours s'efface peu à peu et Varvara apparait: "Dès que je commence le maquillage, la transformation débute (voir la vidéo au bas de l'article). Et dès que j'ai la perruque sur la tête, c'est fini, Henri n'existe plus. Je suis préparé en une demi-heure. Je pense qu'il y a une petite partie d'Henri qui est quand même dans le personnage de Varvara où sinon elle n'existerait pas mais Varvara est une personne à part entière, une personne complètement à part de moi." La femme de scène et l'homme de la rue sont très différents: "Quand ils me voient après le spectacle, les gens me disent "Tu n'es pas du tout aussi expressif". Dans la vraie vie, je suis quelqu'un de plus réservé", dit le coiffeur.

On ne peut pas plaire à tout le monde...

S'il s'éclate dans la transformisme, Henri doit accepter les rabat-joies. De tout bord, "malheureusement aussi bien dans le milieu hétéro que dans le milieu gay", déplore notre interlocuteur.

"Dans le milieu hétéro, on leur fait peur, ils se disent 'J'ai pas envie de voir un spectacle de folles tordues en train de se déhancher sur scène'. Et en même temps, on touche un peu à leur virilité et ça ne leur convient pas", ausculte le quadragénaire. Mais les critiques fusent aussi en provenance du milieu gay (auquel de nombreuses personnes assimilent d'office le transformisme après des films comme La Cage aux folles). "Vous donnez une part de féminité et ils n'ont pas envie car ils ont l'impression que le côté féminin va donner une mauvaise image de la société gay alors que pas du tout", estime Henri pour qui l'activité de travesti doit être prise avant tout et fondamentalement comme du spectacle. Du show pour faire rire et sortir les gens de leur quotidien. Et lorsqu'il montera sur scène, le 27 février prochain, nul doute que Varvara ne verra que lui, ce public à qui elle cherchera, comme toujours, à parler au coeur.

(Si vous ne voyez pas la vidéo ci-dessous sur votre smartphone, cliquez ici)

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