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Hicham agit, avec des roses: "J’ai un garçon de 6 ans et j’aimerais qu’il puisse grandir dans un milieu encadré et rassurant"

Un parfum de roses a envahi la rue Neuve à Bruxelles début janvier. Un groupe de jeunes musulmans d’une association bruxelloise a offert des fleurs aux passants. L’occasion de transmettre un message positif et de favoriser le dialogue entre les communautés. Nous avons parlé au responsable de l'association, Hicham Salmi.

"Suite à cette action, j’ai constaté l’importance de communiquer entre nous. On partage ce pays et on doit valoriser le vivre-ensemble et le respect mutuel", estime Hicham Salmi, un responsable de l’asbl Success. Ce Bruxellois de 37 ans nous a contactés via notre page Alertez-nous pour relayer une initiative prise au début de l’année, quelques jours à peine avant les attentats de Paris, par l’association dont le but est d’accompagner et d’orienter les jeunes, notamment dans leur parcours scolaire. La plupart d’entre eux sont des musulmans, âgés entre 16 et 24 ans. "Notre volonté, c’est de partager des moments ensemble. On se réunit en général les soirs et les weekends pour faire des activités dans notre salle située à Saint-Josse. Certains jeunes viennent régulièrement, d’autres de temps en temps. Ils peuvent par exemple venir jouer au mini-foot. Mais on ne fait pas que du sport, on discute beaucoup car c’est important de les écouter et de les aiguiller", indique Hicham.


3 janvier 2015, jour de la fête de la naissance de Mahomet

C’est lors de l’une de ces sessions d’échange que l’idée de distribuer des roses dans la rue a émergé. "A l’occasion de la commémoration de la naissance du prophète Mahomet (NDLR: la fête de l'Al Mawlid. La date varie d'une année à l'autre. Cette année, elle était fixée au 3 janvier), on s’est dit qu’on pourrait célébrer cet événement non pas en interne, mais à l’extérieur pour échanger avec les autres et faire connaître le prophète", explique le Bruxellois, d’origine marocaine. Le 3 janvier dernier, vingt-sept jeunes, membres de l’association, ont investi en fin de matinée la rue Neuve, l’une des artères commerciales les plus fréquentées de la capitale. Ils y ont installé un stand sur lequel mille roses étaient déposées. Les jeunes ont ensuite distribué aux passants ces fleurs, accompagnées de plusieurs paroles du prophète. "C’est un geste simple pour transmettre un grand message d’amour et partager un moment de joie et de vivre-ensemble entre toutes les communautés", souligne Hicham.


Une passante: "C’est bien de montrer au monde que la religion musulmane, ce n’est pas que de l’intégrisme"

Selon lui, cette activité a eu un effet très positif. Cela a permis aux jeunes d’ouvrir le dialogue avec les personnes rencontrées et de tisser un lien avec toutes les communautés. "Les gens croisés ont posé beaucoup de questions. Et on leur a laissé nos coordonnées pour laisser la porte ouverte au dialogue. L’ambiance était bonne. En une heure et demie, toutes les roses étaient parties", se réjouit le trentenaire. "C’est bien de montrer au monde que la religion musulmane, ce n’est pas que de l’intégrisme", a souligné une femme, une rose à la main, dans un reportage réalisé par l’association. "C’est une action sympathique et cela devrait se faire plus souvent", a également estimé un homme, accompagné de son épouse.

Pour se procurer les roses, les membres de l’asbl ont pu profiter de la générosité d’un fleuriste, qui les a vendues au prix du fournisseur. "Et pour payer la facture, nous avons tous cotisé", assure Hicham.

D’après lui, plusieurs passants ont été surpris de recevoir ce genre de cadeau. "Certains étaient méfiants. Mais on leur a expliqué notre démarche. Et d’autres ont pleuré en voyant que l’on leur tendait la main avec une rose. Pour nous, c’est un plaisir de partager et un outil pour améliorer le vivre-ensemble." Pour ce Belge d’origine marocaine, il est primordial d’encourager les valeurs de tolérance et de respect mutuel dans notre société et de véhiculer les bons messages, surtout après les attaques terroristes en France.


L’importance d’encadrer les jeunes

Et il souligne l’importance de sensibiliser particulièrement les adolescents, qui peuvent avoir des avis peu nuancés. "Les jeunes, on les trouve souvent extrémistes, mais pas dans le sens intégristes. Par exemple, par rapport à leur parcours à l’école, certains ne voient pas d’avenir pour eux et décident d’arrêter, sans chercher une voie intermédiaire. On est donc présents pour les orienter et faire en sorte qu’ils ne se sentent pas seuls. Et aussi pour éviter des dégâts par la suite, comme en France", souligne Hicham.

C’est d’ailleurs suite à sa jeunesse quelque peu difficile que ce père de famille a décidé de créer l’asbl. "J’ai fait moi-même pas mal de mauvais choix car j’étais mal orienté dans mes études. Et comme je suis l’aîné, je n’ai pas eu d’exemples. J’ai réalisé cela plus tard. Aujourd’hui, j’ai un garçon de six ans et j’aimerais qu’il puisse grandir dans un milieu encadré et rassurant", confie le trentenaire, qui se réjouit déjà de mener à bien de nouvelles activités prochainement.

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