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Insultée et menacée dans les rues de Bruxelles, Assia se défend et répond à ses agresseurs

C'est une histoire devenue tristement banale dans les rues des grandes villes. Des filles passent et se font interpeller voire insulter par des individus. Souvent, c'est la résignation ou l'ignorance qui prédomine. Pour Assia, une Montoise de passage à Bruxelles, pas question. Elle est allée jusqu'à porter plainte.

"Ce qui m'a choqué, ce sont les jets de pierres et le fait qu'il a sorti son pénis." Assia, nom d’emprunt, a contacté notre rédaction pour nous faire part de la mésaventure qu’elle et deux de ses amies ont vécue dans les rues de Bruxelles, dimanche dernier. Cette Montoise de 46 ans ne s’est pas laissé faire et a décidé de porter plainte.

Dimanche dernier dans le centre-ville de Bruxelles. Nous sommes à quelques rues du piétonnier. Il est environ 19h15, quand trois femmes quittent la place Sainte-Catherine pour se rendre chez l’une d’entre elles, Quai au foin. Elles en ont pour quelques minutes, la destination finale est à moins d’un kilomètre. Arrivées à hauteur du Quai au foin, la route du retour bascule. Les insultes fusent à l’encontre des trois dames. Deux jeunes "entre 20 et 25 ans", positionnés dans le parc qui constitue l’espace entre le Quai au foin et le Quai aux pierres de taille, prennent à partie Assia et ses deux amies. Sans aucune raison. "Nous avons été insultés de put*** qui b***." Les mots sont cruels, gratuits. "Je mets ma b*** dans ta ch***", ajoute l’un des deux jeunes. D’autres jeunes sont là, mais ne disent rien. Impassibles.


L'un des agresseurs poursuit les trois femmes

Assia ne veut pas laisser les agresseurs sans réponse, et se met à parler leur vocabulaire et leur envoie des insultes bien senties à son tour. Puis elle leur dit, "Vous êtes frustrés, il ne faut pas vous étonner que les femmes ne viennent pas vers vous." Les paroles mettent en colère l’un d’eux. "Il a alors jeté des pierres, puis il a montré son pénis et il nous a menacés de nous violer", détaille la Montoise. Choquées, les trois femmes poursuivent leur route qui s’achève quelques mètres plus loin. "On a marché se mettre à l’abri sinon on se faisait tabasser. L’un d’eux nous a suivies jusqu’à l’appartement. Si c'était la nuit, je pense qu'on aurait été battues et violées", ajoute Assia.



"Elles sont où les patrouilles?"

L’histoire aurait pu en rester là. Tragique, scène de la vie quotidienne où femmes, filles se font siffler, insulter, interpeller, sans pouvoir se défendre. Obligées de subir et de contenir leur colère. Impuissantes. Mais une fois en sécurité, Assia décide de joindre la police. Elle retourne sur les lieux de l’agression accompagnée cette fois-ci de policiers. A l’arrivée des forces de l’ordre, les deux jeunes hommes fuient. L’un de deux a pu être appréhendé. Plainte est déposée au commissariat. "J’ai demandé aux policiers ‘elles sont où les patrouilles?’ On m’a répondu qu’elles étaient plus nombreuses dans le piétonnier!"

Pour rappel, le lieu de l’agression a eu lieu à l’extérieur de la zone piétonnière. "La police m'a dit que c’est la catastrophe et que c’est de pire en pire depuis le piétonnier." L’agent de police explique que depuis l’installation de la zone piétonnière, la présence s’est affaiblie à l’extérieur.


Le piétonnier (une fois de plus) mis en cause

Deux possibilités: soit le policier a souhaité calmer la colère d’Assia et témoigner de son impuissance face à ce type de situation. Soit effectivement, les effectifs de police sont plus nombreux au sein du piétonnier, auquel cas, ils seraient moins présents à l’extérieur ? Fabrice Voogt, attaché de presse à la Ville de Bruxelles, rejette ce constat d’insécurité croissante à l’extérieur du piétonnier: "Tous les policiers bruxellois ne sont pas mobilisés sur le piétonnier. D’autres quartiers à Bruxelles nécessitent une présence policière. La sécurité est assurée aussi dans les autres zones de Bruxelles. Elles n’ont pas été délaissées." Pour autant, la présence policière a bien été agrandie dans la zone piétonnière. La raison est purement arithmétique selon l’Hôtel de Ville de Bruxelles: "Le dispositif policier s’est adapté à la configuration des lieux. Il y a eu plus de policiers, une fois que c’est devenu piéton, car c’est un lieu de vie, de rassemblements plus important avec plus de passages", justifie Fabrice Voogt. Et de conclure: "Les incivilités ne sont pas toujours liées à la présence ou pas de la police. On ne peut pas mettre un policier derrière chaque personne."


De lourdes peines encourues

Assia n’en démord pas. "Si mon amie repasse par-là, on risque encore de se faire insulter et d'avoir des pierres. Ils auront une amende. Et voilà, rien ne se passe." Pour rappel, selon le Code pénal belge, l’exhibitionnisme (qui peut ensuite être requalifié en attentat à la pudeur selon les circonstances) vaut entre 6 mois et 5 ans de prison. Pour ce qui est de la menace de viol dont Assia et ses amies ont fait l’objet, la peine peut également aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. Enfin pour ce qui est des injures et insultes, elles font rarement l’objet de condamnation unique. Elles font partie la plupart du temps d’un concours d’infractions/délits. Deux mois de prison pour les auteurs sont encourus pour ce type de délit.

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