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Jean-Claude découvre une annonce sur Kapaza avec SA PROPRE MAISON à louer: "On a piégé les arnaqueurs avec la police"

Cet été, un habitant d'Anhée âgé de 65 ans a décidé de mettre sa maison, "trop grande pour un pensionné", en vente sur immovlan.be. Quelle ne fut pas sa surprise, quelques jours plus tard, lorsque sur un autre site, il est tombé sur un copié/collé de son annonce, à la différence près que l'inconnu qui en était l'auteur l'a mise en location. La suite est digne d'un roman policier.

Pratiquement toutes les semaines, nous vous racontons l'histoire d'un honnête citoyen victime d'une arnaque sur internet. Cet outil qui révolutionne nos vies est tellement "libre" et "ouvert" qu'il est difficile, voire impossible, de savoir qui a publié quoi.

L'histoire de Jean-Claude, un pensionné de 65 ans de la région d'Anhée, est très révélatrice de l'imagination débordante, et du culot, des gens malintentionnés.

Tout commence par un nouveau projet immobilier. "Je suis pensionné et notre maison de 4 chambres est devenue vraiment trop grande pour moi et mon épouse", nous a-t-il déclaré après avoir contacté la rédaction de RTL via la page Alertez-nous.

Prévoyant, Jean-Claude s'est renseigné et a consulté de nombreux sites de petites annonces, avant de mettre sa maison en vente et de placer son annonce sur immovlan.be. "C'est un site gratuit, et j'y ai mis ma maison en vente le 27 juillet dernier".

Il avait également consulté le site Kapaza.be, où il s'était inscrit à une newsletter qui lui envoyait, chaque matin par email, une liste ciblée de maison à louer qui pouvaient intéresser Jean-Claude et sa femme.

 

"Miss Sousou"

Quelques jours plus tard, une annonce (juste du texte) d'une "Maison à louer à Anhée" lui parvient par email, justement via cette newsletter de Kapaza. "Je ne sais pourquoi, un pressentiment sans doute, mais j'ai cliqué sur cette annonce. Il n'y avait pas beaucoup d'informations sur le site, juste une courte description. Avec un faux nom (Jean-Claude est du genre prudent sur le web, NDLR), j'ai demandé des détails sur la maison".

Et là, c'est la surprise: "Elle m'a envoyé une description qui était un copié-collé de mon annonce. On a vérifié avec mon épouse, et c'était mot pour mot la même chose".  L'adresse email qui lui envoie un mail lui avait déjà mis la puce à l'oreille. "C'était un pseudo, Miss Sousou. Excusez-moi l'expression, mais c'est un style d'adresse de putain, ou de bordel".

Jean-Claude comprend qu'il a mis le pied dans un "drôle de bazar".

 

La police lui dit de maintenir le contact

Notre témoin a eu le bon réflexe, en se rendant immédiatement à son commissariat de police, et en déposant plainte sur e-cops, le site essentiel de la police belge du web en cas de problème.

A ce stade, cependant, on ne peut pas encore parler d'arnaque. "Un inspecteur de police m'a dit de maintenir le contact, de poser plus de questions pour qu'elle réponde. J'ai eu un complément d'information, mais la réponse venait d'un deuxième email".

 

"Rocambolesque"

L'histoire de Jean-Claude a cependant connu un rebondissement inattendu quelques jours plus tard. "Le comble, c'est arrivé un peu après. Ça devient vraiment rocambolesque… Via Immovlan.be, je reçois un message d'une personne intéressée par mon bien. Et là, je n'en reviens pas, c'est une dame qui se dit étonnée que je mette en vente une maison qu'elle met en location".

L'arnaque prend une tournure tout différente: les "malfrats" veulent le rencontrer. La mise en ligne de l'annonce n'était, on l'imagine, qu'un moyen d'entrer en contact avec Jean-Claude. "Quel culot", s'est-il exclamé.

"J'ai rappelé la police de Dinant pour leur expliquer. Ils m'ont dit qu'il mettrait deux policiers en vigilance pour les surprendre".

 

La police "ne peut rien faire"

Finalement, trois personnes se présentent chez Jean-Claude, un peu avant l'heure du rendez-vous. "J'ai prévenu l'inspecteur et des combis sont arrivés immédiatement. Ils ont bloqué le lotissement, et interpellé une dame et deux hommes".

Mais la police ne trouve rien d'anormal dans la voiture, et dit à Jean-Claude qu'elle "ne peut rien faire". Elle propose dès lors aux suspects de s'expliquer. "C'est la dame qui a parlé. Elle a dit qu'elle avait mis une annonce comme la mienne histoire de voir combien elle arriverait à louer sa maison".

Les policiers présents n'ont pu que les blâmer verbalement. Il y a cependant deux procédures qui sont ouvertes. "Il y a celle d'e-cops, et celle de moi-même à travers mon avocat", nous a confié Jean-Claude.


Que voulaient ces gens ?

Difficile de savoir ce que cherchaient réellement ces gens. Le fait de mettre en location un faux bien présage de mauvaises intentions. Et celui de vouloir rencontrer la personne à qui ils ont "volé" l'annonce est encore plus suspect.

Selon toute vraisemblance, ces personnes, qui se sont présentées à trois chez Jean-Claude, cherchaient à l'intimider en vue, on le suppose, de lui soutirer de l'argent. Mais sans arme dans la voiture, ces personnes, inconnues des services de police, ne risquent pas grand-chose.

 

Kapaza: "Très rare, voire inexistant"

Nous avons joint Kapaza.be, qui nous a directement affirmé que de tels problèmes étaient "très rares, voire quasi inexistants", même si le site avoue "n'être sans doute pas mis au courant de toutes les fraudes".

"La seule chose qu’on recommande à nos utilisateurs, c’est d’être doublement attentifs en ce qui concerne la location de maisons ou d'appartements de vacances". Les fraudes y sont "encore plus difficiles à vérifier", mais là aussi, "on n’a rarement ce genre de mauvaises expériences".


Des solutions d'identification plus efficaces

On ne doute pas de la bonne foi de Kapaza.be, un site appartenant à Schibsted, un grand groupe de médias établi à Oslo et actif dans plus de 20 pays.

Dans un futur (plus ou moins) proche, des certifications viendront renforcer la sécurité de ce genre de site. Rendre obligatoire la signature électronique (avec un lecteur et sa carte d'identité), pour la création et l'utilisation d'un compte sur un site comme Kapaza, serait une piste efficace et rapide. Mais contraignante aux yeux de certains, invasive au niveau de la vie privée pour d'autres. 

 

Mathieu Tamigniau (Twitter: @mathieu_tam)

 

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