Accueil Actu

Joël déplore un "drame" pour le village de Nismes: "La rivière a disparu, c'est devenu une décharge à ciel ouvert!"

L'assèchement, temporaire, a plusieurs causes. Les autorités nous les ont exposées.

Joël, un habitant de Nismes (province de Namur) inquiet, a appuyé sur notre bouton orange Alertez-nous pour signaler une situation "déplorable".

"La rivière l'Eau Noire disparaît à vue d'œil! Une odeur nauséabonde de vase envahit le village et les poissons meurent les uns après les autres. Le centre se vide de ses touristes depuis que le lit de la rivière est devenu une décharge à ciel ouvert, où les poissons cherchent désespérément un peu d'eau pour survivre", nous écrit-il.

Pour prouver ses dires, Joël nous envoie quelques photos.

Mais que se passe-t-il à Nismes? Un petit village plein de charme de Viroinval, à quelques kilomètres de Chimay. Nous avons contacté les autorités responsables pour comprendre le problème.


Deux facteurs expliquent la sécheresse de la rivière

Le premier responsable vers qui nous nous sommes tournés est le bourgmestre. Il reconnaît la situation, qu'il explique par deux facteurs. "Le premier, c'est le problème général de manque d'eau depuis le début de l'année. Nous n'avons pas eu de pluies abondantes et juillet a été très sec. Donc, de manière globale, le niveau d'eau est déjà fort bas", explique Jean-Marc Delizée.

Le deuxième facteur concerne le barrage automatique, actuellement en travaux. "Un chantier a commencé le 16 août pour rénover le barrage. Il devrait prendre fin prochainement. Le service public de Wallonie nous avait prévenus, et ils essaient de réaliser les travaux au plus vite pour ne pas entraver trop longtemps la vie touristique de la commune", explique le bourgmestre.


Une rivière parfois très variable: des inondations en hiver, la sécheresse en été

Pour mieux comprendre l'aménagement du cours d'eau et des installations hydrauliques, nous avons interrogé Louis-Michel Petiau. C'est le responsable des cours d'eau non navigables du district de Namur. Pour lui, c'est surtout la situation particulière de l'Eau Noire qui explique le manque de débit. "Le comportement de la rivière est assez particulier. En hiver on peut connaître des crues avec des débits très importants et même des inondations. Alors qu'en période estivale, on peut avoir des périodes très sèches où le débit est très limité", précise l'expert. "Le bassin qui fournit l'Eau Noire ne produit pas une alimentation soutenue. Car une partie du débit de la rivière part dans des réseaux souterrains", ajoute-t-il.


Des travaux nécessitent de baisser le niveau de l'eau

En plus de cette situation particulière liée à la nature de la rivière et à la météo, un chantier est lancé sur l'Eau Noire, au cœur de Nismes. "En fait, la zone asséchée que votre témoin a vu est normalement un lac artificiel maintenu par un barrage. Il a été construit vers 1960 et il ne correspondait plus aux normes actuelles. C'est pourquoi des travaux de réfection ont été lancés", détaille-t-il.

La rénovation de barrage se fait en trois phases. En 2013, une passe à poisson, financée par un fonds européen, a été installée. "Cela permet de rétablir la libre circulation des poissons sur l'Eau Noire", confie Louis-Michel Petiau. Une deuxième phase a ensuite permis de moderniser le fonctionnement du barrage. "On a remplacé une partie de la mécanique et un système de commande et de surveillance à distance a été installé, pour avoir une maîtrise plus fine du barrage", précise le responsable des cours d'eau non navigables.

La troisième et dernière phase est actuellement en cours. "Le clapet métallique, qui avait près de 60 ans, était trop corrodé. Il est en train d'être remplacé. Mais pour ça, il fallait vider le bassin artificiel au cœur de Nismes pour réaliser les travaux de génie civil", explique Louis-Michel Petiau.

Conscient de l'attrait touristique du bassin et des nuisances provoquées par son asséchement, Louis-Michel Petiau tient à rassurer. "On essaie de limiter dans le temps la mise à sec. C'est pourquoi un batardeau, une sorte de digue, va être installé. Il permettra de maintenir l'eau et de remonter le niveau durant les travaux", explique-t-il. "Et puis, en réalité, il n'y a pas grand-chose qui change au niveau du cours d'eau. Le débit est toujours le même, c'est-à-dire très réduit en période de sécheresse", conclut Louis-Michel Petiau.

Des personnes estiment que les travaux de contournement de Couvin, réalisés à quelques kilomètres, pourraient être à l'origine de la chute du niveau d'eau. Cependant, tous les responsables que nous avons contactés ont catégoriquement réfuté cette thèse.

Les travaux de rénovation du barrage à Nismes devraient se terminer en cette fin de mois d'août.

David Fourmanois

À la une

Sélectionné pour vous