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Jordana apprend aux parents à masser leur bébé, une pratique aux nombreux bienfaits: "On peut le faire jusqu’à l’adolescence"

Cette Bruxelloise de 32 ans place le bien-être de la famille et de l'enfant au cœur de son projet. Après avoir suivi de multiples formations au massage, elle propose désormais ses services à domicile depuis le mois de novembre.

Jordana, jeune femme diplômée et expérimentée, était au chômage depuis trois ans quand une nouvelle mesure de l’ONEM (Office national de l'emploi), lancée au mois d’octobre 2016, lui a permis de "créer (son) propre emploi". Sous le statut d'indépendante complémentaire, la Bruxelloise propose depuis quelques mois des massages à domicile d'un genre particulier encore méconnus du grand public: le massage bébé, le massage familial ou encore le massage harmonisant.


Elle apprend aux parents à masser leur bébé au cours d'ateliers "hyper ludiques"

Jordana propose donc notamment d'apprendre aux parents à masser leur bébé. Elle se rend à leur domicile et la séance se déroule généralement dans le salon. Par sécurité, Jordana recommande aux parents d’installer leur bébé au sol, sur un tapis de yoga. Elle montre les gestes sur un "poupon de massage", une sorte de poupée aux dimensions d’un enfant de 6 mois. Les parents observent puis reproduisent les mouvements. "On commence par les jambes. Tout doucement on monte vers le ventre, la poitrine, les bras, le visage. Et on finit par le dos", décrit la trentenaire.

Pendant le massage, les réactions varient d’un enfant à l’autre. "Un enfant qui n’a pas l’habitude d’être touché risque ne pas l’accepter tout de suite. Les tout-petits peuvent beaucoup pleurer parce que le massage peut s'avérer très fatigant, car très stimulant", explique Jordana. Les parents posent généralement beaucoup de questions. Ils ont peur de mal s’y prendre : "Je les mets tout de suite à l’aise en leur disant qu’ils ne feront jamais de mal à leur enfant tant que c’est fait avec bienveillance et douceur".

Les séances, "hyper ludiques", comprennent une part d’animation : "On va chanter, parler, décrire toutes les parties du corps à l’enfant, rigoler", raconte-t-elle. Outre la partie pratique, elle enseigne certains aspects théoriques liés au développement et à la psychologie du bébé. Le programme se déroule sur 4 ou 5 séances, à raison d’une fois par semaine pour laisser le temps aux parents de pratiquer ce qu’ils ont appris.


Des séances de travail bénéfiques tant pour l’enfant que pour les parents

Le massage bébé a de nombreux bienfaits, selon Jordana : renforcer le lien d’attachement entre les parents et les enfants, soigner certains maux ou apporter le calme et la sérénité au sein de la famille. "Masser ses enfants est à la fois l’occasion d’un moment de bonheur partagé, mais aussi le moyen de soulager certains maux chez le bébé, comme la colique, la congestion nasale et pulmonaire ou l’arthrite de croissance", peut-on lire sur le site de l’Association Belge de Massage pour Bébés. Selon cette association, le massage bébé aurait des bienfaits sur le système circulatoire, respiratoire, gastro-intestinal, immunitaire et nerveux de l’enfant. Pour les parents, ces séances auraient aussi de nombreuses vertus, allant de la simple relaxation à l’augmentation de l’estime de soi. 


Autre spécialité de Jordana: le massage familial

Les parents et les enfants rassemblés, elle leur enseigne à masser le haut du corps, les mains, le dos. En se massant, les membres de la famille renouent leurs liens. "C’est plus pour des familles à difficulté dans lesquelles il n’y a plus de discussions", précise Jordana. "Quand une famille a du mal avec la communication, il ne faut pas être trop intrusif avec le toucher. Il faut y aller tout doucement", explique-t-elle. Mais Jordana a le bagage nécessaire pour sentir qui est plus ou moins disposé à se faire masser.


Après des études de photo, Jordana découvre le travail avec les enfants

Adolescente, Jordana a une certaine sensibilité artistique. Il y a presque 15 ans, elle décide de s’orienter vers la photographie, "un magnifique moyen de communiquer avec son soi intérieur", estime-t-elle. Elle étudie la photo à l’INRACI, une école de cinéma bruxelloise. Elle y rencontre un étudiant en électromécanique, qui deviendra son mari et le père de ses deux enfants, nés en 2008 et 2011. Après ces études, Jordana travaille pendant trois ans en tant qu’animatrice dans une plaine de jeux d’Anderlecht. Une expérience qui lui révèle l’importance de son amour pour les enfants. "De fil en aiguille, ça me parlait énormément : le bien-être de l’enfant, le bien-être de la famille m’intéressaient", raconte Jordana.


Jordana suit des formations spécialisées de massage

En 2012, Jordana décide de poursuivre des études d’accueillante d’enfants. Une formation d’un an, reconnue par le gouvernement et organisée par l’Espace Formation PME (EFPME). "Ça m’a énormément plus", confie-t-elle. Elle décide d'enchaîner avec deux ans d’études pour devenir directrice de maison d'enfants. "J’avais de plus grands projets, explique-t-elle. Encore aujourd'hui, j’aimerais bien ouvrir une structure autour de la famille, et pourquoi pas une maison d’enfants".

Elle suit également, cette même année, une formation au massage bébé et au massage à l’école, des cours organisés par l’Association Belge du Massage Bébé (ABMBB) et l’Association Belge de Massage à l'école (ABME). En parallèle, Jordana est gérante d’une crèche à Etterbeek, de 2012 à 2014. Une expérience qu’elle a "adorée", et qui la conforte dans son souhait d’ouvrir, un jour, sa propre structure.

À partir de 2014, Jordana touche des allocations de chômage. Demandeuse d’emploi, elle donne des cours de massage bébé gratuitement à plusieurs familles afin de s'améliorer. Puis, la mère de famille décroche quelques commandes dans les écoles ou chez des proches en passant par la SMart, qui gère ses contrats. 


Des programmes de massage à l'école, avec des bénéfices personnels et sociaux

Jordana a notamment donné des séances de massage dans l’Ecole maternelle Dachsbeck des Marolles, à Bruxelles, ou à l’Institut des Soeurs de Notre-Dame (ISND), à Anderlecht "Ça s’est très, très, bien passé", se réjouit-elle. "Au début les enfants sont dissipés parce qu’ils testent toujours l’animatrice qui vient d’arriver puis on arrive très, très vite à les canaliser, raconte-t-elle. On les met par deux et je mets un fond de musique douce."

Elle distribue des fiches sur lesquelles de petits dessins expliquent les mouvements aux enfants. "On fait des jeux sur le toucher", raconte-t-elle. Il arrive que certains n’acceptent pas. "On ne les oblige pas, parce que chacun à son vécu par rapport au toucher", précise-t-elle.

"L'enfant apprend à se respecter et à se faire respecter en osant le "oui" et le "non" à ce qui lui est proposé lors de la séance de massage", explique l’ABME. "On commence avec l’auto-massage avant de pouvoir masser les copains", souligne Jordana. Ces séances ont des effets "très relaxant" pour l’enfant, souligne la masseuse. Elles leur procurent de la concentration, leur donne conscience de leur corps et peuvent réduire l’agressivité au sein de l'école, ajoute-t-elle.


Des massages pour les femmes et les enfants, mais pas pour les hommes

Fin 2015, jordana étudie le massage relaxant et harmonisant au centre de soins paramédical Bervoets à Forest. Elle a beaucoup de demandes de mamans lors de ses ateliers de massage bébé. "Du coup je me suis dit que j’allais le proposer aussi à domicile comme mes autres services afin de leur faciliter la vie", explique-t-elle.

Jordana ne propose ces massages relaxant qu’aux femmes. "Depuis le début, j'ai fait le choix de ne pas masser les hommes par simple conviction religieuse", explique-t-elle. "Mais lorsqu'un homme m'appelle, je lui recommande gentiment les services de massages d'une amie", précise la mère de famille.



Le bien-être de la famille au centre de son projet, baptisé "Parent’aise"

En 2016, Jordana lance "Parent’aise", un projet axé sur le bien-être de la famille avec un logo, un site internet, une page Facebook et une adresse e-mail. Si les massages relaxants représentent la majorité de ses commandes, elle aimerait développer ses ateliers de massage bébé et massage familiaux. Elle nous a contacté via notre bouton orange Alertez-nous pour attirer notre attention sur cet aspect de son activité.

"Il est primordial pour les parents de jouer et prendre du temps avec leurs enfants", nous a-t-elle écrit. "Le fait d’être touché va vraiment amener de la détente, que ce soit chez l’adulte ou l’enfant", souligne-t-elle. "Moi je continue à le faire à mes enfants. On peut le faire jusqu’à l’adolescence sans problème", ajoute-t-elle. 


L’avantage "Tremplin-indépendants" lui assure un revenu stable pour lancer son activité

Pour lancer son projet, Jordana bénéficie de l’avantage "Tremplin-indépendants" qui lui garantit de garder son droit aux allocations de chômage pendant un an. Depuis octobre 2016, il est effectivement possible d’être à la fois demandeur d’emploi et indépendant à titre complémentaire, tout en touchant des allocations de chômage. Dans une certaine mesure (voir le site de l’ONEM), ces personnes peuvent cumuler les revenus de l’activité exercée dans le cadre de l’avantage "Tremplin-indépendants" avec les allocations.

"J’ai vu en ce plan une chance de réaliser mon rêve sans trop avoir peur de me lancer en indépendante principale et quitter le chômage sans être sûre de pouvoir en vivre directement. Grâce à ce plan je peux démarrer mon activité sans stress, en étant au moins sûre d'avoir un revenu stable chaque mois en attendant que je puisse en vivre dignement puis lâcher le chômage."


De la satisfaction personnelle, mais une clientèle encore à développer

Jordana ne cache pas son enthousiasme quant aux débuts de son projet. "J'exerce enfin ce pour quoi j'ai tant investi et j'en suis très heureuse", se réjouit-elle. Et ceux qu’elle masse sont tout aussi satisfaits, affirme-t-elle. "Il arrive même que certaines femmes pleurent durant une séance tellement elles libèrent le stress et leurs émotions", confie-t-elle.

Si Jordana s’épanouit dans son travail, les clients ne sont pas encore assez nombreux. "Mes services à domicile ont du mal à se faire connaître", regrette-t-elle. Elle estime qu’environ 80% de sa clientèle entend parler de ses services via Facebook. La marge de progression reste importante pour la jeune femme, qui reste positive : "Le bouche à oreilles commence à bien fonctionner, je n'arrive pas encore à en vivre totalement au point de quitter le chômage mais j'ai confiance".

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