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Myriam est Nivelloise, elle aime un condamné à perpétuité aux Etats-Unis: "C'est une vie difficile mais elle est parfaite pour moi"

Myriam vit à Nivelles. Et il y a quelques années, elle est tombée amoureuse d'un condamné à perpétuité au Texas. Elle raconte son histoire dans son livre "J'aime un condamné à perpétuité américain".

Il est 17 heures à Nivelles. Myriam vient de finir la lettre qu'elle adressera à Tyree, son compagnon américain. Comme tous les jours, elle lui a écrit ses pensées, ses sentiments et quelques anecdotes qui font partie du quotidien. Myriam habite à Nivelles en Brabant wallon et Tyree au Texas. Plus de 8000 kilomètres séparent le couple. Jusque-là, rien de très anormal. Les relations à distance, ça existe. Mais la particularité, c'est que Tyree est derrière les barreaux. Il est condamné à perpétuité... Retour sur cette histoire hors du commun.

"C'est un isolement total qui les détruit"

En 1998, Myriam se rend pour la première fois au Texas. Cette année-là, elle fait la rencontre d'un condamné à mort. De retour en Belgique, ils échangent des lettres. Chacun y trouve son compte. Myriam se sent utile, son correspondant trouve le temps un peu moins long en prison. La Belge multiplie les correspondances avec d'autres condamnés américains. Peu importe leurs crimes, Myriam ne veut rien savoir. Elle est là pour "leur offrir un simple contact humain". Souvent, elle leur rend visite et découvre alors les "conditions abominables dans lesquelles ils vivent". "Les prisonniers du couloir de la mort sont enfermés 22 heures sur 24 dans une cellule où il n'y a pas de fenêtres. C'est un isolement total qui les détruit. On leur donne la nourriture via une ouverture située en bas de la porte blindée. De la nourriture qu'on ne donnerait même pas à nos chiens !" s'exclame Myriam.

"Une gifle à mon humanité"

En 2009, un de ses correspondants lui demande d'assister à son exécution. "Quel que soit le condamné exécuté, c'est une gifle à mon humanité. Ce fut très douloureux. A partir de ce jour, je me suis jurée de ne plus jamais remettre les pieds au Texas" explique Myriam. Mais une lettre va tout remettre en question.

Le 24 janvier 2009, elle reçoit un courrier. Celui-ci vient du Texas. La Nivelloise s'y est habituée. Mais cette lettre attire particulièrement son attention. "Elle était différente de toutes les autres. Elle était intelligente, très bien écrite et ne se dispersait pas dans un tas de détails inutiles". Cette correspondance est signée Tyree. En quelques mots, le prisonnier explique qu'il se sent effroyablement seul. A cet instant, Myriam décide de correspondre avec lui "jusqu'à ce qu'il trouve un correspondant de son âge".


Beaucoup d'années les séparent mais cela n'entrave en rien leur correspondance. Les lettres se succèdent. Très vite, Tyree explique à Myriam qu'il est condamné à perpétuité pour viol sur mineure. "Après le procès, la jeune fille est revenue sur ses accusations et a avoué avoir tout inventé. Mais, c'était trop tard. L'avocat commis d'office de Tyree n'a pas fait appel. Et après, ce fut trop tard."

"Il va devoir se battre"

En avril 2010, Myriam se rend au centre pénitentiaire de Polunsky Unit, au Texas. Une vitre les sépare mais pendant quatre heures, ils discutent, apprennent à se connaître. "On fait rarement des rencontres comme cela" sourit Julia. De retour en Belgique, elle se dit changée, "heureuse plus que jamais". Divorcée, elle a trouvé l'amour. Un amour particulier puisqu'il se trouve derrière les barreaux. Et a priori, à vie.

Quatre fois par an, le couple se retrouve. A chaque fois, ils passent 18 heures ensemble. Assis à la même table, ils peuvent se tenir la main, parler de leur avenir. Car c'est ce qui compte à présent. "Il va devoir se battre mais on parviendra à le faire sortir. On ne baisse pas les bras".

Aujourd'hui, Myriam se bat contre la peine de mort et pour de meilleures conditions de vie dans les pénitenciers américains: "Là-bas, ils ont moins de valeur que les chiens ! D'ailleurs, l''exécution létale qui est pratiquée est interdite pour les animaux car elle les fait trop souffrir" explique-t-elle.

Si la Nivelloise a décidé d'écrire ce livre, c'est pour répondre à toutes ces "mêmes questions idiotes" qu'on lui pose : "C'est une vie difficile. Mais elle est parfaite pour moi. 80% des personnes diront que je suis folle, les 20 autres me comprendront. Mais peu importe. Car c'est ma vie".

Et cette vie est à lire dans J'aime un condamné à perpétuité américain, éditions La Boîte à Pandore. 

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