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Kevin, un jeune chômeur, espérait acheter une maison en obtenant un crédit social: son rêve s’est-il brisé à cause d’un mauvais timing ?

Pour acquérir une petite maison, un jeune chômeur s’est tourné vers la SWCS, la société wallonne du crédit social. Son but: obtenir un financement. Sa demande a été acceptée. Mais elle n’a finalement pas pu aboutir, faute de budget à ce moment-là. Une énorme déception pour Kevin, qui est obligé de passer par la SWCS s’il veut acheter des briques.

"On m’a vendu du rêve et cela s’est stoppé soudainement", regrette Kevin avec une pointe d’amertume perceptible dans la voix. Devenir propriétaire de son logement, c’est le souhait de ce jeune Wallon qui nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous. Pour respecter sa demande de garder l’anonymat, son prénom a été modifié.

Cette envie surgit lorsque ses parents décident de vendre leur maison familiale. Plutôt que de louer un bien, Kevin commence à éplucher les petites annonces à la recherche d’un logement à acheter. "Quand je vois ce que les propriétaires demandent pour un loyer, ce sont des prix exorbitants. Du coup, je me suis dit pourquoi ne pas acheter", explique le jeune homme, qui habite dans la région de Charleroi. A ce moment-là, Kevin, qui travaille encore, trouve une première maison. "Mais finalement cela n’a pas fonctionné car il y a eu un souci avec l’habitation", indique-t-il, sans donner de détails.


"On m’a aiguillé vers les crédits sociaux"

Ensuite, les choses se corsent. "Au mois de février, j’ai malheureusement perdu mon emploi pour raisons économiques." Malgré ce coup dur, sa motivation ne faiblit pas. Acheter des briques n’est toutefois pas chose aisée quand votre portefeuille est plutôt mince et que vous êtes seul. "J’ai visité une maison qui m’a plu. Comme ce bien appartient à la SWCS, on m’a aiguillé vers les crédits sociaux", poursuit-il.

Cette société publique propose des prêts hypothécaires à des taux privilégiés pour permettre au plus grand nombre d’acheter et rénover un logement en Wallonie. Elle détient aussi quelques logements sur le territoire wallon. "Ce n’est pas notre mission première, mais nous possédons un agrément pour être également acquéreur de biens et donc on peut ensuite les remettre en vente. Actuellement, nous avons 7-8 habitations qui sont en rénovation puisque nous ne laissons pas les gens habiter dans une maison insalubre ", explique Sandra Fattoruto, porte-parole de la Société Wallonne du Crédit Social. "Pour des faibles revenus, cela peut être intéressant", ajoute-t-elle.

Ne disposant que de ses allocations de chômage, Kevin fait donc partie des personnes potentiellement séduites par ces offres. "La maison que j’ai trouvée se trouve dans la région de Namur. Son prix de vente est de 35.000 euros et il faut compter environ 20.000 euros de travaux. C’est pour ça que j’ai sauté dessus", explique le jeune homme.


"La moitié des personnes que nous aidons sont seules"

Malgré un prix peu élevé, Kevin sait qu’il ne pourra pas emprunter de l’argent auprès d’une institution bancaire. Son statut de chômeur célibataire étant un frein inévitable, les crédits sociaux sont la seule possibilité pour lui. "Même pour les travailleurs, il est devenu difficile d’obtenir un prêt d’une banque traditionnelle. Si vous achetez seul avec un revenu, c’est déjà compliqué de convaincre les banquiers. Donc, une personne au chômage, c’est carrément impossible", confirme Sandra Fattoruto. Selon la porte-parole de la SWCS, cette situation pousse de plus en plus de célibataires, de familles monoparentales et de jeunes à introduire une demande pour un crédit social.

"Actuellement, la moitié des personnes que nous aidons sont seules", précise-t-elle.

Afin d’entreprendre les démarches nécessaires, Kevin se rend à Namur dans l’un des guichets de la SWCS, répartis dans toute la Wallonie. "Il s’agit de structures indépendantes et agréées qui mettent à disposition nos différents packs : le crédit hypothécaire, le prêt à 0% pour les travaux de rénovation et le prêt à 0% pour les travaux économiseurs d’énergie. On peut y faire des simulations de prêt", indique Sandra Fattoruto.

Pour réaliser cette simulation, il faut fournir plusieurs documents: votre carte d’identité, vos trois dernières fiches salariales, votre composition de ménage ainsi que votre avertissement extrait de rôle. Le taux est calculé en fonction du revenu imposable.


"Mon dossier a été accepté": voici les conditions à remplir

"J’ai introduit une demande au guichet pour un prêt hypothécaire pour acheter la maison et un prêt pour les travaux. On m’a donné une liste de papiers à rendre. Ce que j’ai fait. Environ un mois plus tard, j’ai apporté tous les papiers demandés. Mon dossier a été accepté", relate le jeune Wallon.

Kevin remplit visiblement toutes les conditions requises. La première concerne le niveau de revenus imposables qui ne peuvent pas dépasser 51.300 euros pour la demande de prêt hypothécaire. "Nous nous adressons donc à des personnes et des ménages avec des revenus modestes ou moyens", souligne la porte-parole.

La deuxième condition, c’est que la personne ne peut pas être propriétaire d’une autre habitation. "Il y a aussi une condition au niveau du montant maximal de la valeur vénale de l’habitation qui est limitée à environ 190.000 euros. Un montant qui augmente quand l’habitation se trouve dans une zone plus chère comme le Brabant wallon ou certaines régions dans le Namurois", indique Sandra Fattoruto.

Enfin, la personne doit également avoir la capacité de pouvoir rembourser ce prêt. "On va donc faire une analyse financière sur base des revenus et des crédits en cours. On fera alors la simulation de son maximum empruntable. Comme notre mission est avant tout sociale, nous devons à tout prix éviter que la personne soit surendettée."


"On m’a dit qu’ils n’avaient plus d’argent"

Tout content de pouvoir réaliser son rêve, Kevin signe une offre d’achat pour la maison. Mais ses espoirs vont très vite partir en fumée. "Quand je suis retourné au guichet pour confirmer ma demande, on m’a dit qu’ils n’avaient plus d’argent et que je devais tenter ma chance une autre fois. On ne m’avait jamais dit qu’ils avaient en réalité un budget limité. Donc, moi j’ai passé du temps à rassembler tous les papiers, à faire des devis pour les travaux et à me rendre dans les magasins pour les matériaux. Pour rien", déplore le jeune homme.

Alors, que s’est-il passé ? Kevin est-il victime d’un mauvais timing ? Il semble que ce soit effectivement le cas."On a évidemment une enveloppe d’un certain montant pour réaliser des prêts. Elle est donc fermée. Les robinets ne sont pas ouverts pour octroyer les crédits", explique la porte-parole de la SWCS. "Au moment où ce jeune a contacté le guichet, à mon avis, c’était lorsque celui-ci avait épuisé son enveloppe du semestre. On a connu un succès très important au début d’année et donc plusieurs guichets se trouvaient dans la même situation", ajoute-t-elle.

Afin de répondre aux nombreuses demandes, la société publique a d’ailleurs demandé une aide supplémentaire au gouvernement wallon qui lui attribue une dotation annuelle. Les guichets peuvent donc à nouveau fournir leurs prêts.


Une "période floue" au niveau des budgets

"Le guichet aurait dû le réorienter vers nous car dans ce cas-là on tente de redistribuer le traitement du dossier à un autre guichet de la province. Toutefois il a peut-être contacté le guichet à une période compliquée. Nous sommes restés pendant 3-4 semaines dans un flou au niveau des budgets et, si c’était cette période-là, il était impossible de concrétiser le prêt et de donner une date précise pour nous recontacter", révèle Sandra Fattoruto. La porte-parole conseille de contacter directement la SWCS si un guichet ne peut pas apporter de solution.

Kevin a reçu récemment une lettre stipulant que le délai de son offre d’achat est dépassé. "Je trouve ça malheureux. Je me suis retrouvé sans logement et j’ai dû loger chez quelqu’un avant de louer rapidement quelque chose. C’est devenu le parcours du combattant pour acquérir un bien dans notre pays", souffle le Wallon.

Il lui reste une dernière chance: la maison n’est peut-être pas encore vendue. Il pourrait alors réintroduire une demande.


Du nouveau pour les prêts à 0% destinés aux travaux

Et s’il devient propriétaire, il pourrait alors aussi bénéficier des prêts à 0% pour rénover son habitation. "C’est quelque chose qui n’est pas encore très connu. On ne finance pas une nouvelle cuisine super-équipée ou une piscine dans le jardin par exemple. Ce sont vraiment des travaux qui visent la rénovation d’un logement. C’est donc tout ce qui concerne la salubrité, l’économie d’énergie comme le changement de toiture, l’isolation des murs, des châssis. Il y a aussi le renouvellement de l’électricité et la stabilité du bâtiment", explique Sandra Fattoruto.

"Le public est beaucoup plus large. On va jusqu’à 93.000 euros au niveau des revenus que la personne soit seule ou en couple", précise-t-elle.

Et, à partir de 1er juillet, cette liste des travaux financés est élargie (les photovoltaïques, les volets, les portes de garage motorisées, etc.) Et la limite d’âge pour bénéficier du prêt disparaît. Une personne âgée de 75 ans ou plus pourra bénéficier de ces packs d’aide.

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