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Le chômage a diminué en Wallonie: "Pourquoi ne pas dire que les lapins pondent des oeufs?"

Nous vous avons rapporté le témoignage d'Osama, un jeune homme de 25 ans qui vit dans la région de Charleroi et cherche en vain du travail depuis trois ans (lire l'article Vivre le chômage de longue durée: Osama, 25 ans, un intérim de 2 mois, "ensuite plus rien, le calvaire"). Vous avez été très nombreux sur la page Facebook de RTL info à raconter que vous vous trouviez dans la même situation, que vous connaissiez les mêmes difficultés, parfois désespérantes, à décrocher un boulot. Il nous est malheureusement impossible de relayer toutes vos histoires et réflexions face au mur du chômage. Nous avons choisi celles d'un jeune, lui aussi de la région de Charleroi, qui souhaite rester anonyme, et nous a écrit via la page Alertez-nous.


Témoignage et réflexion d'un jeune sur le chômage en Wallonie

Mon passé scolaire à été chaotique, mon père est mort j'étais dans l'adolescence, j'ai donc arrêté en 4ème secondaire. J'ai passé un examen d'entrée en promotion sociale que j'ai réussi. Malheureusement, après deux années réussies, la troisième a été ratée à cause d'une opération. Ma situation étant assez difficile, puisque je vivais seul puis avec ma compagne, j'ai décidé d'arrêter l'école et de me mettre sur le marché de l'emploi.

J'ai donc commencé en m'inscrivant au Forem. Je suis allé au premier rendez-vous de groupe où l'on vous prépare en vous expliquant que du boulot, y en a pas (je viens de Charleroi c'est peut être ça le souci), que l'Onem ne rigole pas, qu'il faut accepter tout et pas forcément ce que vous avez fait comme études si vous ne voulez pas être rayé.

Ensuite on a un entretien individuel, où on vous donne quelques petit conseil pour améliorer votre CV, on vous demande ce que vous aimeriez faire on vous propose des emplois des fois rien à voir avec vos capacité mais vous êtes obligé de postuler.

Je postule un peu à droite à gauche, je n'ai pas forcément de plan étant jeune chômeur non indemnisé. Je passe mon premier entretien à l'Onem, où il y a des garde de sécurité qui tournent dans chaque allée, sûrement parce qu'il y a certainement eu des débordements avant. On est un numéro qui patiente et puis qui trouve un interlocuteur de l'Onem qui regarde un peu si vous faite votre boulot.


Un contrat de remplacement depuis deux ans

Ensuite on vous donne des plans, comme le stage de transition professionnel où vous êtes payés 850€/mois pour un 38h/semaine. Grâce à cela, j'ai eu un emploi. Finalement, au bout de 2 mois, on a cassé mon contrat pour m'en donner un nouveau mais de remplacement. Contrat que j'ai gardé jusque maintenant et cela va faire bientôt 2 ans.

La loi prévoit qu'au bout de 2 ans de contrat de remplacement ininterrompu, il y ait soit un engament définitif (CDI) soit on vous reprend pas. Dans mon cas on ne sait pas si l'on me reprendra. Il se peut donc que je retourne au chômage, cette fois-ci indemnisé.

Indemnisé oui, mais à 65% du brut. Dans mon cas j'étais à 1300€ brut/mois, les syndicats m'ont répondu que j'allais avoir les trois premiers mois environ 850€, une fois le précompte professionnel décompté, et les neuf mois d'après 750€. Et qu'ensuite ça diminuerait encore car j'étais cohabitant.

Je m'estime presque chanceux, car si je n'avais pas réussi à travailler 312 jours sur une période de 21 mois, je n'aurais pas eu droit au chômage indemnisé dit *illimité*, car les jeunes arrivant au chômage n'on droit que s'ils ont moins de 25 ans, et la durée est de 3 ans dégressif tant que l'on n'a pas travaillé 312 jours sur une période de 21 mois.


Plus il y a de plans d'emploi, plus il y a de sélection

Avant de trouver mon emploi actuel j'ai envoyé des centaines de CV, dans des dizaines de villes, allant du Hainaut à Bruxelles, en passant par une formation à Namur. Et je n'ai eu que très peu de réponses, peu de plans, peu d'expérience, limite le fait d'avoir peu de diplôme ne pesait même pas dans la balance car plus tu as de diplômes plus difficile c'est pour avoir des plans. Il a fallu attendre 9 mois pour décrocher un job avec un plan de stage de transition disponible apres 6 mois de chômage.

Les formations du Forem c'est bien et je ne les critique pas, ils font ce qu'ils peuvent. Mais ces formations ne sont pas reconnues comme les études faites à l'école. Du coup, certains suivent des formations clairement pour trouver une sortie. Le Forem se dit content car ils forments des gens mais les employeurs ne les prennent que le temps d'un stage ou d'un plan d'embauche.

La vérité, c'est que plus il y a de plans, plus il y a de sélection. Regardez les annonces d'offres d'emploi PTP, Activa 2 ans de chômage, Star Activa -26 ans, APE 8, 10, 12 points), ces plans qui prennent énormément de temps à avoir ou alors qui sont réservés strictement à une zone peu élargie.

Finalement, maintenant on vous dit "Faites de hautes études", certains comme Osama et encore d'autres à différentes échelles font des sacrifices, arrivent sur le marché de l'emploi, veulent trouver dans leurs branches et sont donc très sélectifs et quelque part c'est normal, pendant 3, 4, 7 ans, des fois plus, ils se sont privés de beaucoup de chose, et au bout de trois quatre mois en insertion, on leur dit "Ah, si vous postulez que dans ce métier, vous serez rayé".

On vous donne des formations qui n'ont rien à voir avec votre emploi, et donc sur votre CV plus rien n'est cohérent. C'est un peu comme si vous aviez fait des travaux dans une maison mais au lieu d'avoir fait une pièce vous avez fait plusieurs pièces mais dans la salle de bain y a que le radiateur, dans la chambre y a pas de lit et dans la cuisine y a pas le gaz. L'employeur ne voit pas quelqu'un de stable qui sait ce qu'il veut, alors que ce qu'il veut, ne nous leurrons plus, c'est juste un boulot, c'est juste pouvoir vivre car finalement y a plus personne qui fait ce pour quoi il a fait ses études à la base.


Ce qui me fait rire également, c'est qu'on entend que le chômage a diminué, pourquoi ne pas dire que les lapins pondent des oeufs ?

Il n'a pas diminué. Si dans une boîte, y a dix pions, que six sont bleus et quatre sont rouges, ils sont tous sur le tapis. Puis je change les règles du jeux et je ne garde que les six bleus. Les quatre rouge sont toujours là, sauf qu'on ne les voit plus sur le tapis. Là, c'est pareil. Le chômage n'a pas diminué. La seule chose, c'est que les gens qui ne sont soi-disant plus au chômage n'ont pas trouvé de boulot, ils ont juste été rayés, sont soit à charge d'une autre personne, au cpas ou à la rue.

Maintenant je ne dis pas qu'ils n'y en a pas qui trouvent du boulot mais arrêtons de faire de grands sourires en disant qu'on a trouver une solution. Non, on a juste trouvé une solution pour dire "On a récupéré de l'argent au détriment d'autres qui sont en train de crever en silence".

Nous vivons dans un monde individualiste où chacun a l'impression que son raisonnement est le bon. Parlons dès syndicats également qui font grève ou des camionneurs qui ont finalement été obligés de débrayer à cause de la police car le gouvernement l'avait décidé, gouvernement qui finalement a décidé de mettre la misère et décidé que les gens n'ont pas le droit de se plaindre.

Cela ne changeras pas grand-chose, mais ça a fait du bien de montrer son point de vue, je vous souhaite une bonne journée.

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