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Le compagnon de Virginie sombre dans la drogue et ruine leur vie: "Il nous a endettés, je dois payer 100.000 euros!"

Virginie, une quarantenaire désemparée, ne parvient plus à faire face aux dettes contractées suite à la rupture avec son ex-conjoint. En effet, après avoir sombré dans la drogue, son ancien petit ami n'a plus payé le prêt hypothécaire contracté de façon solidaire avec elle. Résultat: Virginie se retrouve acculée de dettes. Pire: son ex-compagnon aurait empêché les visites de la maison d'avoir lieu, afin d'éviter la vente du bien immobilier. "J'ai vendu tout ce que j'avais pour payer les dettes: mes meubles, mes vêtements, la tablette, tout y est passé!", dit Virginie qui craint de ne jamais voir le bout du tunnel.

"Nous avions une vie normale et nous vivions bien, se souvient Virginie (prénom d'emprunt), très nostalgique. Nous avions chacun un emploi, une voiture, une bonne santé et une maison, que nous avions achetée ensemble". Bref, que demander de plus? Malheureusement pour Virginie, qui nous raconte son calvaire via notre bouton orange Alertez-nous, son compagnon a plongé dans la drogue dure. Confrontée à un homme qu'elle ne reconnaît plus, la quarantenaire vit, depuis lors, un calvaire. Après une succession de tuiles dont elle estime ne pas être responsable, Virginie a tout perdu et craint de devoir payer 100.000€. Retour sur une descente aux enfers. 


"Au début, je pensais qu'il me trompait"

Les déboires de Virginie ont commencé il y a deux ans et demi. La quarantenaire remarque un changement d'attitude chez son compagnon, que nous appellerons Alexandre pour des raisons de confidentialité. "Il partait tout le temps seul à l'extérieur et il s'est mis à cacher son téléphone, se souvient Virginie. Quand il rentrait, il mangeait, prenait une douche, puis allait directement se coucher, il semblait épuisé. Je me disais qu'il était fatigué à cause de son travail qui était éprouvant". 


Virginie fouille les affaires d'Alexandre et découvre l'héroïne

Virginie passe ensuite aux "interrogatoires". "Je ne comprenais plus son comportement, alors je le questionnais", dit-elle. Mais Alexandre ne livre rien et prétend que tout va pour le mieux. La comédie fonctionne, jusqu'au jour où les amis du couple commencent à s'inquiéter. L'un d'eux révèle à Virginie qu'Alexandre a emprunté 10.000€. Pourquoi une somme pareille? Pourquoi l'avoir caché à sa compagne? C'en est trop pour elle: Virginie décide de fouiller les affaires de son compagnon. "J'ai trouvé une boulette d'héroïne, de la poudre jaune en paquet, des doses, du papier aluminium en rouleau, le tout, dissimulé dans un convecteur à gaz", se souvient-elle. Paniquée, Virginie appelle la mère d'Alexandre. Au bout du fil, la dame âgée se montre sûre d'elle: "Elle m'a dit : 'Ne cherche pas, c'est de l'héroïne. Alexandre se drogue. Je sais ce que c'est, je me suis droguée également'. Je suis tombée de haut. Je ne croyais pas à ces révélations".

Puis, dans un autre coin, Virginie trouve des extraits de comptes bancaires. "C'est là que j'ai découvert qu'il ne payait plus la maison. Nous n'avions pas de compte commun: je lui versais ma part et il virait les sous à la banque".


Alexandre finit par avouer: "J'ai voulu l'aider. Je l'aimais"

Virginie constate des retraits bancaires quotidiens de 200€ par jour. "J'ai insisté pendant trois jours et il a fini par avouer mais sans me révéler la date de sa reprise de consommation", raconte-t-elle. Car Alexandre avait déjà touché à la drogue. "Il m'a appris qu'il avait été toxicomane et qu'il s'en était sorti. Il m'a raconté qu'il avait touché le fond, qu'il était tombé très bas". Pourquoi Alexandre a-t-il replongé? "Il m'a dit qu'il vivait mal le décès de sa tante et que ça n'allait pas à son travail", se souvient Virginie, qui lui propose alors de l'aide. "Ça faisait 5 ans qu'on était ensemble. Je l'aimais. Je lui ai proposé de l'accompagner dans un centre, où on lui a donné de la méthadone. Ça a fonctionné deux semaines, puis, il a replongé".


Le couple se déchire petit à petit: "On va vendre la maison"

Entre temps, les dettes se sont accumulées: le prêt de la maison n'a plus été remboursé, les factures n'ont plus été honorées. Le couple a rapidement la banque à ses trousses. Virginie prend la responsabilité de payer les trois mois de factures impayées, pour un montant dépassant 1.500€. Rapidement, les tensions montent et le couple se fâche. La quarantenaire décide de prendre l'air chez sa mère. "J'ai commencé à passer quelques journées chez ma mère car je ne supportais plus d'être confrontée à ses mensonges. Je le voyais partir chercher sa drogue. Quelques fois, il rentrait, quelques fois non. Puis, j'ai craqué et je lui ai ordonné d'aller se faire soigner dans un centre. Je lui ai dit que s'il ne le faisait pas, je le quitterais et je vendrais la maison". Mais les menaces de Virginie ne fonctionnent pas. Le couple décide alors de vendre la maison d'un commun accord.


Sans revenus, Alexandre finit par faire la manche: "J'ai eu honte"

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais malheureusement, le couple poursuit sa descente aux enfers. Alexandre va mal et continue sa consommation d'héroïne. "J'ai découvert qu'il avait dépensé 20.000€. Peut-être pour de la drogue, peut-être pour autre chose, je l'ignore. Puis, tous ses amis, petit à petit, prenaient contact avec moi pour me dire 'Alexandre me doit de l'argent'. Les dettes venaient de partout". Au fil des semaines, les relations du couple se détériorent. Alexandre est de plus en plus souvent à l'extérieur. Parfois, il disparaît plusieurs jours, ou semaines. "Des amis en commun me disent 'J'ai vu Alexandre faire la manche avec des sans-abris sur le parking du Colruyt'. J'ai eu honte", déclare Virginie.


Impossible de vendre la maison: Alexandre empêcherait les visites d'avoir lieu

Virginie se retrouve seule à devoir honorer les nouvelles factures qui s'accumulent. Pour les payer, il faut vendre la maison au plus vite. Mais l'agence ne parvient pas à trouver un acheteur. Et pour cause: les visites se déroulent mal. "Lorsque je suis chez ma mère la journée, Alexandre revient pour consommer de la drogue dans la maison. Ce n'est pas tenable! Il empêche les gens de rentrer et d'y faire les visites. Quand je rentre, je dois tout nettoyer". Virginie tente d'effacer les traces de drogue, mais parfois il semble qu'Alexandre sabote la maison. "J'ai pris des photos pour prouver le calvaire que je subis".




La situation s'empire: Alexandre aurait frappé Virginie

Virginie va voir la police, en vain. "J'ai appelé la police en pleurant en disant que j'étais devant chez moi et qu'Alexandre m'interdisait d'y entrer. La police m'a dit "Madame, il est chez lui. S'il ne vous laisse pas rentrer cassez la porte". Je n'ai pas osé faire ça: il était drogué et en manque c'était trop dangereux. Et qui va payer les frais par la suite?". Virginie se fâche et exige qu'Alexandre quitte la maison. "Ça a mal tourné, raconte la quarantenaire. Son sang n'a fait qu'un tour et il m'a frappée. Je suis allée à l'hôpital faire constater les blessures". 

Virginie se tourne alors vers la justice de paix pour tenter de trouver une solution. "Malheureusement, Alexandre n'est pas venu devant le tribunal, malgré la convocation", déplore-t-elle.



Virginie apprend qu'Alexandre aurait agressé des personnes âgées

Les révélations désagréables se succèdent et Virginie finit par découvrir des convocations de police, réclamant la présence d'Alexandre à des auditions: "Ils lui reprochent d'avoir agressé et volé des personnes, parfois âgées. C'est un scandale qu'il ait fait ça!".

L'agence immobilière abandonne: Virginie se retrouve avec une dette de... 100.000 euros

Le temps passe et, ne parvenant pas à vendre la maison, l'agence immobilière jette l'éponge: la vente est donc finalement publique. Virginie craignait d'y perdre de l'argent, et malheureusement pour elle, ses peurs se sont réalisées: la maison a été adjugée 75.000€. "C'est incompréhensible! On a emprunté 175.000€ pour acheter cette maison de trois étages qui comprend trois chambres, deux salles de bain, un grand salon et un garage trois voitures", désespère Virginie, qui se retrouve avec 100.000€ de prêt hypothécaire à rembourser à la banque. Comment va faire la quarantenaire, alors qu'elle ne touche que 1.100 euros par mois?

Vivant à la rue, Alexandre rembourse difficilement sa part, malgré le fait qu'il soit copropriétaire de la maison. Dès lors, la banque exige que Virginie paie le prêt hypothécaire qu'ils ont contracté ensemble. "J'ai vendu tout ce que j'avais pour payer les dettes: tous mes meubles, la tablette, mes vêtements, tout y est passé!". La quarantenaire est coincée. En effet, d'une part, le couple n'était pas marié et leurs biens non régi par un quelconque contrat d'union. D'autre part, le prêt a été contracté à la banque en solidarité pour payer l'entièreté de la maison, dès lors, chaque membre du couple est considéré comme "responsable" du remboursement de la dette. Par conséquent, si l'un des deux ne paie pas sa part, l'autre va devoir le faire. "Il y a effectivement une solidarité qui existe jusqu'au bout", éclaire Anne Defossez, directrice du Centre d’Appui aux Services de Médiation de Dettes de la Région de Bruxelles-Capitale.


Que faire si le(la) conjoint(e) ne paie pas sa part?

Si on a contracté un crédit avec une personne qui se comporte en "mauvais père de famille" et qui ne paie plus sa part: existe-t-il une possibilité de s'en sortir? "Le mieux est que madame s'adresse à un service de médiation de dettes, conseille Anne Defossez. Il existe plusieurs possibilités, comme le fait de déposer une requête en règlement collectif de dettes, mais c'est du cas par cas, et peut-être que dans le cas de madame, une autre option serait la bienvenue".

Florence Jaspers, juriste au service de médiation de dettes du CPAS de Liège, recommande également le règlement collectif de dettes. "Si madame opte pour la médiation de dettes, vu ses revenus, elle risque de payer toute sa vie pour ce montant très élevé, éclaire-t-elle. En revanche, le règlement collectif de dettes permettrait à madame de rembourser ses dettes dans la mesure de ses moyens, avec une limite: l'opération durera maximum 7 ans. Imaginons que madame ne puisse dégager que 100€ par mois, eh bien elle aura remboursé 8.400€. Dans ce cas fictif, ce serait une toute petite partie des 100.000 qui lui sont réclamés, et pourtant, elle serait libérée de sa dette. En effet, le créancier marque son accord pour laisser tomber une certaine somme d'argent. L'autre avantage est que cela bloque les intérêts: la situation est comme figée, au contraire de la médiation de dettes, pour laquelle les intérêts courent toujours".

La marche à suivre? "Introduire une requête au tribunal de travail où vit madame", recommande Florence Jaspers. Une démarche à entamer avec un avocat : Virginie a-t-elle le courage de se lancer dans des procédures qui peuvent parfois s'avérer longues et coûteuses? Elle compte en tout cas essayer. "Je ne peux pas me payer un avocat, mais je vais voir si je peux obtenir l'aide d'un avocat pro-déo", répond-elle.

Et Alexandre? "Aux dernières nouvelles, il fait toujours la manche sur le parking des supermarchés".

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