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Malgré un dossier "en béton", Marie-Noëlle a du se battre pour avoir un prêt afin d'ouvrir son animalerie: "On m'a ri au nez"

Ce n'est pas une surprise: les banques sont de plus en frileuses à l'idée de prêter de l'argent. Le projet de Marie-Noëlle était pourtant très solide, avec de nombreuses garanties... qui n'ont pas suffi. Mieux conseillée, elle aurait pu trouver un soutien auprès de la Région wallonne. La solution, elle l'a finalement trouvée sur Facebook !

"On ne prête qu'aux riches". Ce vieux diction n'a sans doute jamais été aussi vrai. Depuis la crise de 2008, due en partie à des non-remboursements de prêts hypothécaires aux Etats-Unis (les fameux subprimes), les banques sont devenues très prudentes dans l'octroi de crédit.

Un dicton que Marie-Noëlle nous a répété à plusieurs reprises lors de son témoignage, après avoir contacté la rédaction de RTL info via la page Alertez-nous.

Cette mère de famille de Grez-Doiceau veut "éveiller les consciences" en racontant tout le mal qu'elle a eu à obtenir un crédit, alors que vous le verrez, son dossier était "en béton".


Un changement de carrière à l'aube de ses 50 ans

Marie-Noëlle travaille depuis longtemps dans le domaine du secrétariat de direction. "Je parle quatre langues et j'ai une très longue expérience". Suite à des problèmes "de harcèlement moral" sur son lieu de travail, elle estime que c'est le moment opportun pour changer de travail, voire de carrière.

Elle entame alors les démarches délicates de recherche d'emploi, d'envoi de CV, de rendez-vous auprès des recruteurs. "J'ai entendu beaucoup de choses idiotes lors des rendez-vous et des interviews. J'avais en face de moi des recruteurs de 25 ans qui n'ont aucune idée de la réalité du monde du travail, qui ne pensent pas que les capacités peuvent s'acquérir...  On m'a même demandé, vu mon âge: 'Vous saurez encore fait ça, madame?'... Il n'y a plus aucun facteur humain, nous ne sommes plus que des CV mis sur des sites web".


Le vieux rêve...

Devant les difficultés de recherche d'un nouvel emploi, Marie-Noëlle repense à un vieux rêve. "Depuis toujours, quand je sors du magasin pour animaux, je me dis que j'adorerais y travailler. J'avais mis l'idée de côté, car quitter un emploi stable pour se lancer comme indépendant, cela comporte beaucoup de risques. J'ai trois enfants qui ont l'âge d'étudier, et des factures à payer".

Les problèmes sur son lieu de travail l'ont finalement poussée à sauter le pas. "Quand la souffrance est importante, on repousse les restrictions que l'on s'était imposées, on accepte de prendre des risques. Je me suis dit que ce magasin, c'était la clé".

Elle décide donc d'entamer les démarches auprès de Poils et Plume, une enseigne "qui a 30 ans d'expérience, 3 magasins plus 6 franchisés". Son projet: ouvrir un nouveau magasin franchisé. "Mon mari peut m'aider au niveau de la gestion, et j'ai une grande passion pour les animaux. J'ai contacté Poils et Plumes et ensuite, j'ai été voir les banques".

... puis le cauchemar

Marie-Noëlle pensait que trouver un financement pour se lancer dans un tel commerce ne serait qu'un détail dans son parcours. Elle est tombée de haut après quelques rendez-vous auprès de banques. "J'ai fait la CBC (ma banque), Belfius, ING, Record et BKCP. Certaines ne m'ont même pas répondu, d'autres m'ont ri au nez. On m'a même dit 'Mais madame, vous vous rendez compte?'. Je leur avais pourtant apporté un projet en béton".

Cette mère de famille de Grez-Doiceau avait en effet "un bon business plan, un endroit de location idéal pour mon magasin, 26.000€ de capital pour un emprunt de 220.000".

"J'étais prête à mettre ma maison, qui est déjà payée, en hypothèque. Mon mari a été directeur d'entreprise, il va toucher à 65 ans une belle épargne pension. Mais personne n'a rien voulu entendre. Tout ça n'a pas suffi. On m'a dit beaucoup de choses différentes, qu'à 50 ans ce n'était pas prudent, que je devais apporter 25% du capital, que je devais acheter l'endroit et non le louer... On m'a même proposé de conclure un emprunt à titre privé pour avoir un apport suffisant. C'est aberrant !"

Marie-Noëlle est alors exaspérée. "Les banques ne prennent aucun risque, ne se basent plus que sur des chiffres et non sur les projets. On ne prête qu'aux riches ? Hé bien c'est vrai"


Et les aides publiques ?

Marie-Noëlle a contacté la Région wallonne pour savoir s'il existait des aides à la création d'une entreprise comme la sienne. "On m'a dit qu'il n'y avait rien pour les micro-entreprises. On ne donne de l'aide qu'à ceux qui engagent des chômeurs, ou alors il faut une entreprise qui existe déjà et qui veut s'étendre".

Pour elle, finalement, la conclusion est la même que pour les banques: "On tue dans l'œuf tous les projets, c'est inouï".

L'UCM, l'Union des Classes Moyennes, n'est pas du même avis. "Depuis quelques temps, la Sowalfin a étendu ses aides à d'autres secteurs, comme le commerce de détails", nous a expliqué Jonathan Lesceux, conseiller au service d'étude de l'UCM. Selon lui, Marie-Noëlle n'a pas été bien renseignée.

L'intervention de la Sowalfin n'est "pas systématique, ça dépend du dossier". Mais selon l'UCM, Marie-Noëlle aurait pu y trouver de l'aide. Pas un prime directe, car la Sowalin ne donne pas d'argent: "elle sert de garantie auprès des banques, afin d'obtenir un crédit ; elle peut également prêter elle-même une partie du montant".

M. Lesceux reconnait que "les primes à l'investissement de la Région wallonne - jusqu'à 10% de l'investissement total, par exemple pour des machines - ne concernent pas les petits commerces de détail" comme les animaleries. Marie-Noëlle aurait donc, peut-être, pu obtenir que la Région wallonne se porte garante auprès de la banque, afin d'obtenir son crédit plus rapidement. Mais elle n'aurait pas reçu d'argent pour lancer son commerce.

La solution est venue... de Facebook

Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est grâce à un message de mécontentement envers les banques, posté sur Facebook, qu'une solution a été trouvée. "Une connaissance a proposé de me prêter l'argent qu'il me manquait, soit environ 30.000€. Il a dit que cet argent ne lui rapportait rien sur son compte épargne, qu'il croyait en mon projet et qu'il me faisait confiance. On a signé un contrat ensemble, et j'ai eu l'argent".

Dès lors, sa banque CBC l'a accueillie tout sourire et lui a fait de bonnes conditions. "J'ai un taux de 2% en moyenne, car cela varie selon les postes auxquels est destiné l'argent". Marie-Noëlle va donc bientôt concrétiser son rêve: un magasin Poils et Plumes va ouvrir ses portes sur 600 mètres carrés à Grez-Doiceau, "sans doute en octobre". 

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