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Mike pris de panique en montant sur l’autoroute: "J’ai vu arriver ce camion à plus de 130 km/h sur moi !"

Être dépassé par des chauffards en excès de vitesse, ça arrive régulièrement sur autoroute. Mais quand il s'agit d'un poids lourd lancé si vite qu'il devient difficile de monter sur la voie rapide, c'est tout de suite plus exceptionnel. En effet, tous les camions européens sont obligés d'avoir un limiteur de vitesse, réglé à 90 km/h. Celui croisé par Mike l'avait visiblement trafiqué, puisqu'il roulait à 130 km/h, selon notre témoin, et à au moins 110 km/h selon les images tournées ce soir-là par sa passagère. Une nouvelle information "à charge" des chauffeurs routiers, alors qu'ils sont une écrasante majorité à faire parfaitement leur travail. Les statistiques le prouvent, et RTLinfo.be tenait à rappeler que pour un fou lancé à 130 km/h médiatisé, il y a des centaines de professionnels oubliés.

Les faits se déroulent fin mai. Cette soirée-là, Mike, un Bruxellois, prend la route en direction de Mons et monte sur le ring à hauteur d’Anderlecht vers la E19. C’est là que les choses auraient pu mal tourner. Révolté par ce qui venait de lui arriver, il a demandé à sa petite amie de filmer la scène et a décidé de nous l’envoyer via notre page Alertez-nous. "Au moment de monter sur l’autoroute, j’étais à peu près à 100 km/h", se souvient-il. "Et là, j’ai vu un camion arriver à vive allure sur moi et me dépasser. J’ai pris peur et j’ai donc décidé de le suivre, en demandant à ma copine de filmer. Arrivés à sa hauteur, on a constaté qu’il roulait à plus de 130 km/h !" Mike a alors fait son devoir de citoyen et a prévenu la police.


Tous les camions européens sont équipés d'un limiteur de vitesse

Un tel comportement de chauffeur routier a de quoi surprendre. En effet, tout automobiliste aguerri sait qu’au-delà de 90 km/h, il peut s’insérer sans risque sur l’autoroute devant un camion, puisque la vitesse de celui-ci est limitée à 90 km/h. "Depuis le 1er janvier 2005, tous les véhicules de plus de 3,5T immatriculés au sein de l’UE doivent disposer d’un limiteur de vitesse", rappelle d’ailleurs Isabelle De Maeght, la porte-parole de la Febetra, la Fédération Royale Belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques.


Deux techniques connues permettent de "débrider" les camions

Alors comment le chauffeur sur cette vidéo a-t-il pu circuler 40 km/h au-dessus de la limite ? "C’est qu’il a trafiqué son véhicule", répond catégoriquement Mme De Maeght. Comment ? La réponse nous vient de la police de la route. Après une action "fraude tachygraphe" menée en 2011, la police avait répertorié les différentes fraudes découvertes. Deux permettaient de court-circuiter le tachygraphe (qui enregistre toutes les données de conduite dont la vitesse) mais aussi le limiteur de vitesse, puisqu’ils sont liés. Certains avaient placé un interrupteur -donc un circuit électrique en plus- sur le tachygraphe et d’autres avaient placé un aimant sur le générateur d’impulsion de celui-ci (c’est cela qui permet d’enregistrer si le tracteur roule ou est à l’arrêt). Les deux méthodes permettent premièrement d’enregistrer du temps de repos alors que le camion roule, mais elles "coupent également le limiteur de vitesse et permettent ainsi au camion de rouler beaucoup plus vite qu’à la vitesse maximum autorisée de 90 km/h", expliquait la police de la route dans son rapport.


Ils risquent de payer toute leur vie en cas d'accident à grande vitesse

Alors que risquent les chauffeurs poids-lourds qui trafiquent leur véhicule ? En plus d’une amende salée si la fraude est découverte lors d’un contrôle de police ou s’il se fait flasher, le conducteur risque surtout très gros en cas d’accident en tort. "Il est évident que les victimes seront indemnisées", tient d’abord à préciser Wauthier Robyns, le porte-parole d’Assuralia, l’Union professionnelle des entreprises d’assurances. "Mais s’il est avéré qu’il a trompé sa compagnie d’assurance" en gonflant les performances de son véhicule "comme pour un cyclomoteur trafiqué ou une voiture tunée", son assurance "peut se retourner contre lui". Et si la tromperie est intentionnelle, comme cela semble évident dans le cas de la désactivation du limiteur de vitesse, "la compagnie lui réclamera la remboursement complet des frais déboursés pour indemniser les victimes". De quoi s’endetter à vie...


Non, tous les chauffeurs routiers ne sont pas des dangers publics

Pour Mike, la situation est très claire : "Je suis scandalisé par tous ces chauffards". Tous ? "Aucun camion ou presque ne respecte les limites de sécurité", avance-t-il. Un point sur lequel notre témoin a cependant tort. Les chauffeurs routiers sont souvent pointés du doigt lors d’accidents. Nous le remarquons régulièrement dans les commentaires qui nous parviennent sur RTLinfo.be. Mais la réalité fait mentir ces détracteurs et redore le blason d’une profession qui souffre déjà suffisamment de fléaux tels que le dumping social et des cadences infernales.


La grande majorité ne fait pas d'excès de vitesse et respecte bien plus les distances de sécurité...

Une étude de l’IBSR, l’institut belge pour la sécurité routière, menée durant toute l’année 2011 le prouve. On y apprend que la vitesse moyenne des camions sur les autoroutes belges est de 89,2 km/h. "Leur vitesse est très homogène ce qui est la conséquence évidente de l’utilisation du limiteur de vitesse", note l’IBSR. Dans le détail, l’ensemble des camions qui sillonnent nos autoroutes y roulent entre 80 et 95 km/h. Mais oui, quelques excès de vitesse dus à des camions trafiqués ont été enregistrés, et ce jusqu'à 140 km/h! Ces cas sont cependant rares, et les chauffeurs routiers semblent même globalement plus prudents que les automobilistes. En effet, l’étude nous apprend qu’ils sont 80,8% à respecter les distances de sécurité, contre seulement 59,1% des automobilistes.


Pourquoi avons-nous l'impression que les camions provoquent tout le temps des accidents?

Mais des mauvais conducteurs, il en existe partout, qu’ils soient en haut de leur cabine ou confortablement installés dans leur berline. La différence, c’est qu’en cas d’accident, les poids lourds provoquent des dégâts humains et matériels bien plus importants. Et comme les médias -dont nous-même- relayons surtout les accidents graves, nous donnons peut-être la fausse impression que les accidents impliquant des camions sont plus nombreux. Cet article voulait donc que l’erreur d'un seul routier ne cache pas la compétence des autres. Car pour un camionneur-chauffard que nous médiatisons ici, il y en a des centaines d’autres qui font leur job consciencieusement.

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