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Mireille, une mère de Charleroi, est désemparée: "Mon fils de 17 ans a quitté la maison depuis 9 mois" et il REFUSE de revenir

Mireille, une habitante de Charleroi, est désespérée. La situation de son fils de 17 ans l’inquiète. Giorgio n’habite plus chez lui depuis plusieurs mois et refuse de revenir. Sa maman a décidé de saisir la justice pour trouver une solution. Le parquet de la jeunesse a lancé une enquête. Et un juge devra bientôt prendre une décision.

"Cette situation est aberrante. Je suis dans une impasse. Et cela dure depuis 9 mois", souffle Mireille qui nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous. Cette habitante de Mont-sur-Marchienne se sent complètement démunie depuis que son fils Giorgio, mineur, a quitté la maison.

"Les soucis ont commencé l’été dernier lorsque les parents de sa petite-amie ont décidé de quitter la Belgique et d’aller vivre en France dans les Vosges. Sa copine de 17 ans n’a pas voulu les suivre. Elle s’est finalement imposée chez nous. Mais on ne garde pas une fille sans concertation avec les parents. J’ai essayé de les contacter mais c’était très difficile. La mère est ensuite revenue à Charleroi", assure Mireille.


"Ils ont fugué au mois de novembre"

D’après elle, au mois d’octobre, Giorgio lui demande s’il peut passer les vacances de Toussaint dans les Vosges avec sa copine."Comme à ce moment-là ils allaient encore tous les deux à l’école, j’ai accepté, à condition qu’ils reviennent à temps pour la reprise des cours. Ils sont rentrés comme prévu", relate Mireille. Peu de temps après, la copine de son fils change d’avis et lui révèle sa volonté. "Elle m’a dit, l’école c’est terminé, je veux que Giorgio vienne vivre avec moi en France. Je lui ai dit que cela ne se passait pas comme ça. Du coup, ils ont fugué au mois de novembre", raconte la mère de famille.

Les deux jeunes sont vite retrouvés. Et la copine de Giorgio accompagne cette fois ses parents en France. "Même pas une semaine plus tard, en décembre, ils sont revenus chercher mon fils en cachette. Il m’a dit ‘je vais faire un tour’ et il n’est pas revenu", assure la Carolo, en se basant notamment sur des photos postées sur les réseaux sociaux. "Je suis en colère parce que je ne vois pas quelles personnes adultes censées embarqueraient à l’étranger un mineur de 16 ans qui n’a rien dans les mains à part un diplôme de primaire, qui n’a pas d’argent, qui n’a pas de papier, qui n’a pas de vêtements… Et on part comme ça. J’aurais pu me dire qu’il avait eu un accident", déplore la maman qui prétend n’avoir quasiment pas de ses nouvelles.


"La place d’un jeune est en famille, chez ses parents"

Visiblement, la communication entre les deux couples de parents est difficile. Une animosité qui ne facilite pas les choses. Mireille décide alors de se rendre au commissariat pour porter plainte puisque l’autorité parentale doit être respectée. "Avec le stress, je me suis retrouvée à l’hôpital pendant les fêtes. Quand je suis sortie, en janvier, le parquet avait désigné un magistrat pour s’occuper de l’affaire."

Anne Honnorez, premier substitut au parquet jeunesse de Charleroi, confirme qu’un dossier a été ouvert. "La place d’un jeune est en famille, chez ses parents. S’il y a une rupture et que la communication est rompue, il faut restaurer le dialogue entre le mineur et ses parents. Compte tenu de cette situation, j’ai envoyé le dossier au Service d’Aide à la Jeunesse", indique la magistrate chargée de cette affaire délicate. D’autant plus que le jeune est en décrochage scolaire.

Le Service d’Aide à la Jeunesse (SAJ) est en général le premier organisme mandaté pour régler ce genre de conflits familiaux. "Il rencontre tous les acteurs pour tenter de trouver une solution acceptable par tous. Un retour en famille grâce à une négociation est toujours privilégiée, surtout qu’on manque cruellement de places dans les centres et foyers pour jeunes", souligne Thérèse Botton, magistrate spécialisée dans la disparition de mineurs.



"C’est très difficile de communiquer avec lui"

Selon Mireille, les autorités contactent fin février les parents de la copine de son fils. "Ceux-ci se sont engagés à ramener Giorgio dans un délai assez court. Moi j’ai aussi pu parler avec lui par téléphone. Je lui ai demandé de rentrer en Belgique et je lui ai envoyé de l’argent pour payer son train", indique-t-elle. Finalement, Giorgio revient mi-avril à Charleroi avec sa petite-amie et ses parents. L’adolescent retourne vivre chez lui à Mont-sur-Marchienne. "Cela se passait plus ou moins bien. Mais sa copine lui envoyait des messages toutes les 5 minutes, je n’exagère pas. Ils ont ensuite refait un aller-retour en France et sont revenus en juin", raconte Mireille.

Depuis le dernier retour de Giorgio, la relation avec ses parents s’est encore dégradée. "Je ne l’ai vu que trois fois cinq minutes. Il est conscient que la situation n’est pas normale, mais il ne voit pas pourquoi il reviendrait. C’est très difficile de communiquer avec lui. Il n’a pas son GSM, on ne lui transfère pas ses messages. Il a fait la même chose avec tous ses copains, personne n’a rien compris. Il a coupé les ponts avec tout le monde et il en veut à tout le monde", regrette la Carolo.

D’après des informations glanées auprès de plusieurs connaissances, Mireille sait que son fils habite dans un studio quelque part à Charleroi. Elle assure aussi qu’il utilise la voiture de la maman de sa copine alors qu’il est un mineur sans permis de conduire. "Différentes personnes, dont ma fille, l’ont vu rouler. Il n’a plus de limite et ne comprend pas le danger dans lequel il s’expose", déplore la maman. "S’il fait un accident, c’est à mes frais. Mais comment est-ce que je peux être responsable civilement de mon enfant alors que je ne peux même pas savoir où il réside", ajoute-t-elle.


La médiation n’est pas possible

D’après l’habitante de Mont-sur-Marchienne, les autorités ne lui communiquent pas son adresse. "La maman ne m’a jamais demandé l’adresse", précise la magistrate. La mère dénonce toutefois une inertie de la justice. "J’aimerais bien qu’on fasse comprendre aux parents que mon fils est mineur et qu’ils n’ont pas sa responsabilité. J’espère qu’ils fassent au moins une enquête et qu’ils voient dans quelles conditions il vit. S’ils estiment que c’est dans son bénéfice d’être là-bas, et bien qu’ils me le notent noir sur blanc. Il faut au moins une analyse de la situation et là rien du tout."

Anne Honnorez réfute cette affirmation. La premier substitut au parquet jeunesse de Charleroi assure que ce dossier est bel et bien traité. "Début juillet, les informations fournies par le SAJ étaient contradictoires. J’ai donc demandé des éclaircissements. Et finalement le service a dénoncé la situation. Il affirme ne pas pouvoir remplir son rôle de médiation et de concertation car Giorgio n’a jamais répondu aux convocations", révèle la magistrate.

Comme un acteur crucial manque à la table des négociations auprès du SAJ, il est dès lors impossible de poursuivre dans cette voie-là. "La note de synthèse qui a été envoyée par le SAJ au parquet demande une aide contrainte. Je vais donc saisir un juge de la jeunesse qui, s’il l’estime nécessaire, imposera une mesure", indique la substitut.


"Il réside bien chez sa petite-amie"

Dans un premier temps, Anne Honnorez demande à la police de se rendre au domicile supposé de Girorgio afin de confirmer son adresse. Sa mission est également d’auditionner les parents de la jeune fille. "Selon l’enquête policière, il réside bien chez sa petite-amie, mais il ne veut pas communiquer son adresse à sa mère pour éviter un tapage", indique la substitut, en insistant sur le fait qu’elle-même ne cache pas cette adresse à la famille de l’adolescent.

Au vu des éléments disponibles, le parquet ne compte cependant pas poursuivre les parents de la jeune fille. "C’est vraiment du cas par cas. Même si l’endroit où réside actuellement Giorgio est loin d’être idéal, c’est mieux que la rue", souligne Anne Honnorez.

"Concernant le fait que Giorgio conduit sans permis, je n’ai aucun élément concret qui me le prouve. En tout cas, chaque jour qui passe est un jour perdu dans la restauration du lien entre parents et enfant", regrette la substitut. "La mère a aussi eu des comportements ambigus que nous avons dû vérifier. Tout cela montre en tout cas le fait qu’il existe beaucoup d’incompréhension", souligne-t-elle.

La police de la jeunesse s’est donc également rendue au domicile des parents du jeune homme pour les auditionner et vérifier l’état des lieux. Dans leur enquête, les policiers n’ont relevé aucune notion de danger. "Les parents sont bien conscients de la situation et désirent qu’une solution soit dégagée rapidement", indique la magistrate.


Un juge de la jeunesse va prendre une décision

Suite à ces différentes auditions, Anne Honnorez a envoyé à Giorgio et à ses parents une convocation pour participer à une audience devant le tribunal de la jeunesse. Elle est prévue le 21 septembre prochain. Ce jour-là, le juge examinera la situation et prendra une décision, sur base des éléments fournis par le parquet et les différents acteurs.

Deux possibilités: le juge peut ordonner soit un éloignement, soit un maintien en milieu familial avec une aide imposée. Le prononcé du jugement est prévu en principe endéans les 15 jours.


"Le plus important pour moi, c’est l’avenir de Giorgio"

Et ensuite, que va-t-il se passer ? Une fois que le tribunal de la jeunesse a décidé d’une mesure d’aide contrainte, c’est le Service de Protection Judiciaire (SPJ) qui s’occupe de mettre en œuvre concrètement cette mesure. Si l’éloignement est décidé, il devra choisir un lieu propice au bien-être de Giorgio. Si le retour en famille est exigé, il désignera un service d’aide pour encadrer les parents à domicile.

"Le plus important pour moi, c’est l’avenir de Giorgio. S’il préfère vivre en autonomie, ce n’est pas un problème. Je ne demande pas à tout prix son retour. Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’il ne va plus à l’école, qu’il s’est complètement isolé et qu’il vit actuellement dans un studio avec cinq personnes. Ce ne sont pas des conditions de vie", souffle Mireille.

Soulagée que les choses bougent, elle déplore toutefois les dégâts relationnels importants entre elle et son fils.

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