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Pauline, 27 ans, cherche un boulot depuis deux ans: "Il y a des jours où je me sens complètement nulle"

La recherche d'un emploi peut ressembler à un véritable parcours du combattant. C'est ce qu'a l'impression de vivre Pauline, qui en cherche un depuis deux ans.

Pauline, une jeune maman de 27 ans qui habite dans la région de Morlanwelz (Hainaut), n’en peut plus. Malgré ses nombreuses recherches, elle ne trouve pas d'emploi. "Je me retrouve dans une situation qui devient insupportable à accepter. Voilà bientôt deux ans que je rame pour retrouver un emploi", nous écrit-elle via notre bouton orange Alertez-nous.


"Cinq mois et demi plus tard, j’ai été mise dehors avec les huissiers et un C4"

Les déboires de Pauline pour trouver un travail ne datent pas d’hier. Après des études de pédicure médicale, elle peine à trouver un emploi. Elle est alors enceinte, ce qui n'aide pas. Elle n’a pas encore droit aux allocations de chômage parce qu’elle sort des études et se retrouve en stage d’attente. Neuf mois plus tard, elle commence à toucher 400€ par mois d’allocations d’insertion.

Pendant plusieurs années, elle poursuit sa recherche tout en s'occupant de son petit garçon. Après trois ans de disette, on lui propose enfin un CDI. Mais le bonheur d’être dans la vie active est de courte durée. "J’avais décroché un CDI à deux rues de chez moi. C’était dans une solderie. Mais cinq mois et demi plus tard, j’ai été mise dehors avec les huissiers et un C4 qui dit que vous n’avez plus de travail du jour au lendemain. C’était suite à une faillite frauduleuse, raconte-t-elle. Le patron était au courant depuis le début et il ne nous a jamais rien dit, il nous a gentiment demandé de vider le magasin avec lui, donc de l’aider en plus dans sa folie, mais on ne l’a pas suivi. Par la suite, le curateur est arrivé, il nous a repris nos clés et depuis c’est la galère totale pour retrouver un emploi."


Pas d'allocation de chômage ni de CPAS

Comme elle a travaillé moins d’un an, Pauline n’a pas droit au chômage. Elle n’a pas droit non plus à une aide du CPAS car elle est propriétaire. "Quand j’ai trouvé ce CDI dans la solderie, avec mon compagnon, nous en avons profité pour acheter notre maison. Je me suis donc retrouvée cohabitante et comme mon compagnon est fonctionnaire, je n’ai droit à rien. Ni au CPAS, ni à aucune aide", soupire la jeune femme.

Elle fait appel au syndicat pour pouvoir obtenir quelque chose après la faillite. Pendant la procédure, l’Onem lui verse 250€/mois. "Avant la faillite, je touchais plus ou moins 1.500€ et de 1.500€ je me suis retrouvée avec rien du tout et ce n’était pas possible. Quand la faillite a été clôturée, j’ai touché environ 4.000 euros, mais l’Onem a repris tout ce qu’elle m’avait prêté, je n’ai donc touché que 1.900 euros", détaille Pauline.


Des missions intérim et un CDD

Après plusieurs mois sans emploi et passé le choc de la faillite, la jeune maman reprend du poil de la bête et remplit des missions d’intérim de toutes sortes. "D’abord c’était une mission courte durée, puis c’était plus long. C’était dans l’alimentaire, le non-alimentaire, dans des grandes surfaces, dans des usines", explique-t-elle. Et son acharnement finit par payer, un supermarché lui propose un CDD. "Mais le secteur où on m’a mise ne me convenait pas, ça n’allait pas du tout, donc j’ai été en parler avec le patron pour lui demander d’être en réassortiment ou à la caisse vu que j’ai beaucoup d’expérience là-dedans. Mais à ce moment-là ce n’était pas possible, donc il m’a proposé de signer mon C4, ce que j’ai refusé. J’ai rendu un certificat médical pour rester dans mes droits et pour ne pas perdre le peu que j’avais à ce moment-là", confie-t-elle.


Une journée articulée autour de sa recherche d'emploi

Depuis ce CDD dans le supermarché, il y a deux ans, "C’est le néant total". Pourtant, Pauline envoie des CV tous les jours et articule sa journée autour de sa recherche de travail. "

Quand je me lève, je déjeune, je m’occupe de mon petit garçon, ensuite je vais le conduire à l’école. Quand je rentre à la maison, je passe des coups de téléphone aux agences d’intérim. Puis, je vais sur les sites (celui du Forem, Jobemploi, le Vlan...), je regarde toutes les offres d’emploi qui pourraient m’intéresser. D’abord, je prends celles pour lesquelles j’ai l’expérience requise et pour lesquelles il n’y a pas la demande principale de plan d’embauche. Pour ces offres-là, j’envoie mon CV, ma lettre de motivation. Ensuite, je regarde à nouveau sur les sites et je prends toutes les offres d’emploi que ce soit sur Bruxelles, Namur, Nivelles, je prends tout et je postule. Comme on dit ‘Qui ne tente rien n’a rien’", fait-elle remarquer.

Elle se rend aussi dans les magasins de vêtements, d’accessoires et les grandes surfaces pour y déposer son CV en main propre. Mais comme elle ne touche pas d’allocations de chômage, elle n’entre pas dans les plans d’embauche qui sont avantageux pour les employeurs et ils ne la choisissent pas. Tous ces refus commencent à miner Pauline. "Il y a des jours où je me sens complètement nulle, où je me demande même ce qu’il faut faire ou ce que je ne fais pas bien pour trouver un emploi. Pourtant, depuis janvier, j'ai déposé et envoyé bien plus de 100 CV", soupire-t-elle.


"Je me dis que j’ai la chance d’avoir un toit, d’avoir une maison"

Mais la jeune femme tente, malgré tout, de rester positive. "Il y a des jours où je me dis que je ne suis pas la seule dans le cas. Je me dis qu’il y a toujours pire. Je me dis que j’ai la chance d’avoir un toit, d’avoir une maison à moi malgré que je n’ai pas d’emploi, j’ai la chance d’avoir le permis maintenant. Je me dis que tôt au tard ça arrivera", raisonne-t-elle. Pauline sait aussi qu’elle a la chance d’avoir un compagnon qui la soutient. "Il doit gérer le boulot, le fait qu’il assume en grande partie tout, tout seul, boulot, maison, factures qui tombent et qui n’arrêtent pas de tomber. Et parfois il ne trouve pas les mots pour me réconforter, donc je m’énerve, mais je sais qu’il me soutient".


Entamer de nouvelles études

Dans les prochains mois, si elle ne trouve toujours rien, elle participera à une MISIP, une mise en situation professionnelle, une forme de stage proposé par le Forem "C’est une formation où on observe les gens travailler dans leur domaine avant de se lancer dans le métier. Ce serait en tant qu’aide familiale dans un premier temps, et la deuxième ce serait comme aide-soignante, avant de reprendre des études dans l’un ou dans l’autre", conclut la jeune femme qui est loin de baisser les bras.

Le rêve de Pauline serait de se lancer en tant qu’indépendante en pédicure médicale, mais n’ayant aucun revenu et donc pas les moyens de mettre de l'argent de côté, elle n’ose pas tenter l’expérience.

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