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Portrait: Joachim bientôt exclu du chômage… alors qu’il dispose d’un diplôme pour des métiers en pénurie

Portrait d'un jeune homme qui n'avait pas imaginé se retrouver un jour dans sa situation. Quatre années après avoir terminé ses études dans une branche où il y a(urait) pénurie de main d'oeuvre en Belgique francophone, ce 1er janvier, il n'aura tout simplement plus droit à rien...

Peu importe le niveau d’étude, du secondaire professionnel aux masters, l’informatique est reprise sur la liste francophone des métiers en pénurie. Il y a 4 ans, Joachim a été diplômé de la Haute Ecole Condorcet de Tournai. Il pensait avoir bien choisi la filière, puisqu’il est bachelier en informatique de gestion. Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Ses nombreuses candidatures sont restées sans réponse et de journée d’intérim en journée d’intérim, toujours dans des secteurs très éloignés de ses qualifications, il n’a jamais pu obtenir de travail sur le long terme. Résultat: en janvier, il perdra son droit au chômage. Et comme il habite toujours chez ses parents, il n'a pas droit au CPAS.


"Ras-le-bol monumental"

"Je vous envoie ce message en tant que ras-le-bol monumental, car dans certaines entreprises on nous dit qu'on n’a pas du tout assez d'expérience, et dans d'autres le contraire. Je pense que mon histoire est sûrement l'histoire de toute personne au chômage", nous a écrit Joachim via notre page Alertez-nous.

Au moment d’écrire ces lignes, le jeune homme de 25 ans venait de raccrocher avec un employeur potentiel. "Après des centaines de CV et lettres de motivation envoyés, j’avais enfin trouvé une entreprise qui m’a fait passer un essai. Après deux semaines sans réponse, je leur ai téléphoné pour prendre des nouvelles. C’est là que l’entreprise m’a expliqué que si j’avais bien réussi mon essai et que j’étais le postulant le plus qualifié qu’ils avaient vu, ils avaient préféré prendre une personne sans expérience, mais plus "proche" de l’entreprise."

D’où son coup de gueule. Car depuis 4 ans, c’est l’inverse qu’il entend. "Juste après l’école, j’avais directement trouvé du travail mais pas dans le métier que j’ai appris. Je travaillais comme manutentionnaire via une agence d’intérim. De petits intérims en petits intérims, j’ai continué à rechercher dans l’informatique. J’ai envoyé plus d’une trentaine de candidatures pour des postes à pourvoir. Sur les 10 réponses que j’ai reçues, toujours négatives, ils me disaient à chaque fois que je n’étais pas assez expérimenté." Donc pour une fois qu’il était le plus qualifié, voir le poste lui passer sous le nez pour un "proche", ça lui a fait mal.


La police ou l'étranger

Et cette situation, il n’est pas le seul à la vivre. Parmi ceux qui sont sortis de l’école avec lui, "certains ont décidé de reprendre des études pour changer de qualification et d’autres ont trouvé un emploi, mais jamais dans l’informatique", déplore-t-il. Alors pour lui, la soi-disant pénurie dans ce secteur, il ne la ressent pas. "D’après ce que j’ai vu, on ne dirait pas qu’ils ont du mal à trouver" des diplômés en informatique.

Aujourd’hui, alors que le moment fatidique est dans quelques jours, Joachim fait le point. Il n’a pas attendu le dernier moment pour réagir. Comme ses anciens condisciples, il a décidé de changer de secteur. Il y a 6 mois, il a postulé à la police. "J’ai passé les premiers tests physiques et écrits en juin, et là j’attends la suite. Ils devraient me rappeler en janvier." S’il a choisi cette voie, c’est parce que la police, elle, recrute activement. "Et leur offre est assez généreuse. Il y a une promesse de recrutement après avoir réussi les tests et l’académie de police." A côté, si la police belge se montre négative, il a décidé de tenter sa chance à l’étranger, en France et au Canada, où il postule aussi depuis quelques mois.


Certains restent sur le carreau

Au travers de ce portrait, on découvre que derrière les bons chiffres du chômage, qui baisse depuis 17 mois consécutifs en Wallonie, il y a des situations humaines difficiles. On peut être jeune, motivé, diplômé, dans un secteur évalué comme en pénurie, bénéficier du plan Activa, et tout de même rester sur le carreau au point de se retrouver sans le sou quelques années plus tard. Car comme il habite toujours chez ses parents, Joachim ne pourra pas demander l’aide du CPAS.

S’il garde le moral, n’étant pas à la rue grâce à sa famille et espérant des nouvelles positives de la police ou de ses recherches à l’étranger, il a appris quelque chose dont il ne se doutait pas au moment de choisir ses études. Un conseil qu’il donne aujourd’hui aux plus jeunes. "Il ne faut pas désespérer ni se focaliser sur un seul métier vu le contexte actuel."

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