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Qui se cache derrière la success story M&A Macarons? Michaël, un futur médecin d’à peine 22 ans !

Ce tout jeune étudiant en médecine est également chef d’entreprise : ses macarons s’exportent tant ils plaisent. Et il parvient à tout gérer même si le doute est présent en permanence.

Ne parlez pas à Michaël Labro du programme télé d’hier soir, cela fait quatre ans qu’il n’a plus regardé un film. À 22 ans, cet étudiant liégeois en quatrième année de médecine a été forcé de prendre quelques jours de pause dans son emploi du temps de chef d’entreprise, en juin dernier, afin de passer ses examens. Mais le plus clair de son temps, c’est dans les bureaux de sa petite entreprise de macarons qu’il le passe.

En effet, outre des études de médecine déjà très prenantes, il invente, conçoit et exporte à travers toute la Belgique ses macarons sucrés et salés. Tout a commencé il y a cinq ans, lorsqu’il était encore en 6e secondaire : "Je faisais de la pâtisserie chez moi le dimanche. Puis un jour, je me suis acheté un livre sur les macarons. Je ne savais pas du tout ce que ça pouvait gouter et j’ai eu envie de tester. Je ne suis arrivé à rien. C’est grâce à Mercotte que j’ai tout appris. Elle n’était pas encore si connue à l’époque, c’était avant le Meilleur Pâtissier", raconte-t-il.

Un fameux chiffre d’affaire dès la première année

Tout est ensuite allé très vite pour Michaël et son meilleur ami qui ont d’abord vendu leurs macarons en faisant du porte-à-porte : "Les gens ne croyaient pas que c’était nous qui les faisions", se souvient-il. Les deux copains liégeois ont alors décidé d’ajouter une étiquette sur leurs boites de macarons et rapidement, les commandes ont afflué : "Les gens nous en commandaient 200 pour une réception de famille, puis 500 pour une société pour un évènement, puis 900...", explique-t-il, jusqu’à ce que le four de ses parents devienne trop petit : "On a commencé à regarder les prix puis on a lancé notre premier atelier en commençant notre première année de médecine en même temps. On avait quelques clients, on a continué à prospecter au final, la première année, on fait quelque chose comme 15.000 euros de chiffre d’affaires, on était déjà content ! En même temps, on a fini notre première année avec distinction et en première session".

La machine était lancée. La société va dès lors se développer de façon inattendue pour les deux étudiants pâtissiers. Alors qu’ils poursuivent leur cursus en seconde année de médecine, ils parviennent à décrocher un gros client : la chaîne de viennoiserie Point Chaud, présente dans tout le pays avec cinquante enseignes. "On vend de très très bons produits, mais on a aussi une histoire: deux jeunes étudiants en médecine qui font des macarons... Les gens accrochent davantage. C’est donc la première entreprise qui nous a commandé le produit par palettes. Là, on a moins rigolé avec notre petit four 4 plaques !", raconte-t-il. Michaël parvient alors toujours à jongler entre ses macarons et ses études en médecine. Il réussit sa seconde année, même s’il doit passer quelques examens en seconde session.

Un gros pépin et une rencontre qui vont tout changer

La première grosse difficulté, c’est à ce moment-là qu’il la rencontre : son meilleur ami veut se consacrer à ses études et ne peut plus se permettre de consacrer autant de temps à leur petite entreprise qui devient grande. De plus, le local où il est installé devient trop petit pour son activité florissante : "C’était beaucoup trop de stress et de temps. Même si on avait pris un employé, nous, on travaillait ’bénévolement’", explique-t-il encore. Michaël va alors faire une rencontre décisive: "Par chance, Philippe Lhoest, qui avait une entreprise de plats traiteur de 130 employés, venait de revendre sa société. Je lui ai proposé de s’associer avec moi et il a trouvé l’idée intéressante donc on s’est lancé ensemble. On a ouvert une petite usine à Liège en août dernier. Il avait de l’expérience, des sous, un carnet d’adresses, il avait tout !"

Grâce à l’expérience de son associé, l’étudiant entrepreneur progresse : "Il agit vraiment comme un coach pour moi. Il me laisse beaucoup de liberté, mais me recadre de temps en temps, me conseille", raconte-t-il. Les résultats de leur société s’en ressentent également : "Depuis qu’on travaille ensemble, il y a eu une progression énorme, en moins d’un an. On travaille avec des plus en plus de clients de renommée", ajoute-t-il. Aujourd’hui, la société du jeune homme et de son associé emploie six personnes et le chiffre d’affaires flirte avec le million d’euros.

Les macarons concoctés par la petite entreprise de Michaël, sont vendus par l’intermédiaire de distributeurs : "Notre principe, c’est de garder le même produit que si c’était artisanal, c’est du haut de gamme, mais on essaye de faire quand même le produit le moins cher possible pour que ça soit distribué via les distributeurs. On leur vend nos produits et ils les revendent eux-mêmes dans les boulangeries, les supermarchés..."

Avec une telle entreprise et ses études, les journées du Liégeois sont bien remplies, mais il a réussi à organiser son emploi du temps : "Cette année, j’ai décidé de ne plus aller au cours et j’étudie par moi-même", explique le jeune homme. Il a donc des journées de chef d’entreprise : dans sa société de 9 à 18 heures, il contrôle le travail de leurs cinq employés en production, traite avec de futurs nouveaux clients potentiels. "Quand il y a des petits trous, j’étudie un peu, mais ça n’arrive pas souvent", reconnait-il. Finalement, il n’y a qu’en période d’examens qu’il redevient un étudiant en médecine presque comme les autres. "C’est vraiment deux semaines avant les examens que je m’y mets à 75%, et je réussis les examens comme je peux et ce qu’il reste, je le passe en seconde session. C’est comme ça que je fais depuis quatre ans", révèle-t-il.

"Ça devient vraiment compliqué"

Mais Michaël nous confie également douter en permanence, encore plus au fur et à mesure que sa société grandit : "Là, ça devient vraiment compliqué... Forcément, plus j’étudie, plus ça empiète sur ma société. Quand j’étudie j’ai moins de temps pour ma société donc elle grandit moins vite", explique-t-il. La question de mettre entre parenthèses un moment la médecine se pose donc : "Abandonner la médecine, je n’y pense pas, mais éventuellement finir ma cinquième, que toute la théorie soit finie, et reprendre plus tard. Ici, on est dans une période de croissance telle que ce serait bête de s’arrêter ; c’est pour ça que mon objectif c’est de finir ma cinquième année."

N’allez pas croire que Michaël a complètement mis de côté sa vie privée pour se consacrer à ses macarons et à la médecine : il garde du temps pour avoir une vie sociale comme n’importe quel jeune homme de son âge. "Je sors deux fois par semaine, j’ai été en couple toute l’année... l’avantage, c’est de ne plus aller aux cours, ça libère énormément de temps", explique-t-il. Au final, il parvient si bien à jongler avec toutes ses activités qu’on le perçoit parfois comme un modèle, au contraire du début de ses études où personne ne croyait vraiment qu’il allait s’en sortir entre études et macarons. Jongler entre les différents postes lui a permis d’acquérir un nouveau statut : "Je suis 'étudiant entrepreneur' (voir notre encadré) et dans la commission de sélection de ce nouveau statut. Je suis dans le jury avec les professeurs d’HEC donc je découvre les nouveaux projets et moi ça me permet d’avoir du recul par rapport à ce statut", explique-t-il encore.

Entre passion et raison

Si au départ, ce sont les macarons qui ont lancé Michaël, aujourd’hui, l’entreprenariat le passionne tout autant. Mais au moment de lancer un nouveau produit, il apprécie se remettre aux fourneaux : "Chaque fois qu’on lance un nouveau produit, avec mon associé, on se met autour d’une table et on réfléchit, puis on fait les tests nous-mêmes. Ça, c’est un moment qu’on adore vraiment, qui est vraiment chouette. Et dès qu’on a mis quelque chose au point, qu’on est sûr qu’il n’y a pas de souci, on l’introduit dans la production et on apprend aux employés comment arriver à un tel résultat", raconte-t-il encore, animé par sa passion.

Même s’il doute "tout le temps", Michael est convaincu que ses études en médecine l’aident : "En étudiant, mon cerveau travaille et je me pose plein de questions et à ce moment-là je sors des nouvelles idées. Ça m’embête d’étudier par moments, alors mon esprit part vers une folie, vers des idées. Par exemple, j’ai sorti un nouveau packaging à Noël, et puis j’ai réussi à diminuer très fort le taux de sucre dans le macaron salé, pour avoir un équilibre parfait entre la coque sucrée et l’intérieur salé. Ce sont des choses auxquelles on peut penser en étudiant, car quand je suis à l’entreprise, je suis toujours occupé tandis que quand j’étudie, je suis posé."


"On ne peut pas se permettre de se planter"

Les parents de Michaël, même s’ils l’encouragent dans son activité, le poussent à poursuivre ses études : "Avoir son entreprise, c’est risqué, tandis qu’avec un diplôme en poche, je suis quasi sûr d’avoir du travail", reconnait lui-même l’étudiant entrepreneur. Mais le jeune homme est déjà très lucide quant à son statut : "Au-dessus de trente ans, on a une femme, des enfants, une maison à payer donc on ne peut pas se permettre de se planter", estime-t-il.

Quand on lui demande comment il envisage son avenir, c’est donc davantage dans son entreprise plutôt qu’à l’hôpital qu’il se projette : "On va déménager dans quelques mois dans un bâtiment qui aura une capacité de 840.000 macarons par semaine. Moi j’aimerais bien faire grandir un maximum l’entreprise. Maintenant je ne sais pas me positionner davantage parce que chaque jour, tout change", conclut-il.

Impossible donc pour Michaël de dire où il sera dans trois ans : cette année, tant qu’il n’a pas de stage de médecine, il va continuer à développer sa société de macarons. Il se posera donc la question dans un an...

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