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Simone, 90 ans, doit quitter sa maison, ses proches s'inquiètent: "J'ai peur qu'elle termine au cimetière"

A 90 ans, Simone va devoir quitter la petite bourgade de Saint-Marc. Son propriétaire a décidé de vendre la maison. Un véritable drame pour elle, qui y a passé les vingt dernières années de sa vie et qui ne sait pas où aller.

"La prochaine étape, ça sera vraisemblablement le cimetière", estime Vincent. Autant dire que l’inquiétude est vive du côté de la famille. "Vu l’état dans lequel cette annonce la met, je ne pense pas qu’elle puisse surmonter cette épreuve", nous a-t-il confié via le bouton orange Alertez-nous.

"C’est la maman de mon beau-frère, aujourd’hui décédé. On la connait bien. Cela fait 20 ans qu’elle loue cette maison." Avec à la clé, énormément de souvenirs "Elle y a vécu avec son mari, décédé il y a deux ans. Elle est attachée à tout ce qui se trouve dans cette maison." Saint-Marc, dans les faubourgs de Namur, elle y a toujours vécu." Depuis qu'elle est petite, en fait! Elle a toujours habité le quartier. A la retraite elle a fait du bénévolat durant des années à la clinique Sainte-Elisabeth, juste à côté. Tous ses repères sont ici".

L'annonce de fin de bail est donc un véritable déchirement pour elle. "Elle est clairement désemparée. Elle nous avait d'ailleurs dit il y a quelques années: 'si un jour il arrive quelque chose à Robert, ne me mettez pas en maison de repos, je ne le supporterais pas'. Quand je vous dis que si elle doit bouger, ça sera pour aller au cimetière, je pense vraiment qu'on en est là", explique Vincent.

Compréhensible pour Isabelle Capiaux, de l'ABSL Espace Sénior. "A cet âge-là, ils sont vraiment attachés aux souvenirs, à tout ce qu'ils ont vécu avant", explique-t-elle. "Sans compter que trouver un appartement à nonante ans, c'est compliqué et que donc souvent les séniors dans ce cas rentrent directement en maison de repos, sans y être préparé et sans réellement choisir le lieu. C'est très difficile pour eux et lourd financièrement."



Obligation d'une proposition de relogement pour les 70 ans et plus: la loi française protège les séniors

Il reste cinq mois à Simone pour trouver un logement, avant de devoir plier bagage. Le propriétaire met fin au bail car il désire revendre son bien. "Tout est fait dans les règles, il a prévenu six mois avant. Il a besoin des fonds pour acheter une maison en Espagne. C'est légitime. Mais n'y-a-t-il pas une loi qui protège les personnes âgées contre ce genre de déracinement ?", s'interroge Vincent.

Des protections spécifiques pour les séniors, cela existe. En France, notamment: "Si le locataire est âgé de 70 ans ou plus et que ses ressources sont inférieurs à 1,5 fois le SMIC, le bailleur doit lui proposer un autre logement correspondant à ses besoins et ses possibilités, dans une limité géographique de 5 kilomètres autour du logement occupé". (Article 15 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989).

En Belgique, aucune protection de ce type n'existe. "Heureusement", lâche spontanément Bénédicte Delcourt du syndicat des propriétaires. "Ma réaction peut sembler abrupte, mais les maisons restent des biens privés, à partir du moment où l'on respecte les règles du contrat de bail classique il est normal de pouvoir les gérer comme bon nous semble, sans obligation de relogement. Même les Bourgmestres n'ont pas ce genre d'obligation quand ils prennent un arrêté d'inhabitabilité. "

D'autant plus que, selon elle, les deux marchés ne sont pas comparables. "En Belgique il y a énormément de propriétaire dit "petits propriétaires" qui possèdent un ou deux biens. En France, il s'agit surtout de grosses sociétés, qui ont des centaines de logements."

En l'absence de règles spécifiques, Simone et sa famille vont donc se mettre à la recherche de la moins mauvaise des solutions.

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