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La première académie de maniement du sabre laser en Belgique: un jour, Thomas deviendra un Jedi

Thomas est un grand fan de Star Wars. Depuis ses huit ans, il bricole des sabres lasers pour se battre à la manière des plus grands Jedi. Aujourd’hui, son rêve le plus fou se réalise: une école de maniement de sabres laser vient d’ouvrir ses portes à Celles-en-Hainaut. Vous trouvez cela risible ? Détrompez-vous ! Le LudoSport est une pratique codée, sérieuse et très physique. Si vous lui demandez, l'instructeur saura d'ailleurs à peine faire la différence entre Yoda et Jabba.

Il y a quelques mois, la vie de Thomas, fan de la saga Star Wars, a changé. En participant à une convention de science-fiction à Gand, il a appris une grande nouvelle: une école très spéciale venait de voir le jour en Belgique. On allait y enseigner le maniement du sabre... laser. "Quand j’ai appris qu’il existait ce genre de cours, j’ai explosé ! C’est un rêve d’enfant", nous raconte celui qui rêvait de se battre comme un chevalier Jedi. "Pour me rapprocher de ce genre de combat, j’avais voulu faire de l’escrime, mais c’était un peu différent", dit-il. Alors, bien sûr, "J’ai tout de suite voulu m’inscrire, je n’ai pas hésité une seconde", se souvient le jeune homme de 24 ans.

L'Académie de maniement du sabre laser, localisée à Celles-en-Hainaut, enseigne l'art de combattre, pas de danser. "Il existe d’autres clubs où les membres réalisent des chorégraphies. Ca a plus de gueule que chez nous mais ça reste une suite de mouvements appris par cœur", insiste Thomas. "Nous, on a un adversaire, on ne sait pas ce qu’il va décider de faire ni comment il va réagir à nos coups", précise-t-il.


Instructeur "Jedi" formé en Italie

Si Thomas a pu réaliser son rêve, c'est grâce à Luc Delassois, aujourd'hui son instructeur. C'est lui qui a créé l'académie de Celles après être tombé par hasard sur le site internet du LudoSport. "J’étais à la recherche d’une activité à pratiquer durant mon temps libre", raconte-t-il, Je suis tombé sur le Ludosport. Comme ça n’existait pas en Belgique, j’ai voulu importer la discipline."

Luc a alors pris contact avec l’Italie. Après quelques échanges de mails, il est parti sur place avec son fils afin de rencontrer les créateurs de la discipline, les seuls qui pourraient les former. Il a fallu plusieurs allers-retours entre les deux pays pour qu'ils puissent devenir instructeurs. Après plusieurs stages sur place, Luc et son fils ont réussi leur examen et, diplôme en poche, ils ont immédiatement fondé leur académie qui a ouvert ses portes en février dernier, à Celles-en-Hainaut


Thomas, le premier apprenti

Thomas a été le premier inscrit sur la liste des élèves de la seule école de LudoSport du pays. Il suit un cours d'une heure et demi, une fois par semaine, mais ne s’en contente pas. "Je m’entraîne à côté avec des amis ou avec ma copine qui est une grande cinéphile et qui s’est aussi inscrite aux cours. Je profite de mon temps libre pour répéter les mouvements dans mon jardin."


Dix années pour devenir un vrai Jedi


On ne devient pas Jedi du jour au lendemain. Il faudra plus de dix ans à Thomas pour apprendre à connaître et à maitriser les sept formes de combat. "Elles ont été codifiées en Italie, par trois maîtres fondateurs", nous apprend-il. C’est en 2006, à Milan, que le LudoSport a vu le jour. Depuis, la discipline a fait de nombreux nouveaux adeptes partout en Europe. D’autres "light saber academy" ont ouvert leurs portes en Angleterre, en Irlande, en Russie ou encore en Suède.

Thomas définit le LudoSport comme un mélange d’escrime et de kendo. "On s’échauffe les poignets puis on apprend la première forme de combat, le Shii cho qui mise surtout sur la protection et la défense." A chaque cours, Thomas apprend quelques mouvements et parades. Il lui faudra un an et demi pour maîtriser cette seule première forme de combat. 


De Padawan à Chevalier Jedi

Lors de leur entrée dans l’académie, tous les élèves sont considérés comme "novices". Chacun porte un pantalon et un t-shirt noir. "Après cela, on obtient le grade de Padawan, de Jedi, puis de chevalier Jedi. Les tenues changent en fonction de notre avancée dans le sport", explique l’élève. Les codes et les règles du LudoSport sont étonnement développées. "On peut monter dans les grades mais aussi rester au même stade pour s’expérimenter dans une forme. On pourra alors devenir instructeur. Il y a même des examens écrits pour pouvoir enseigner la discipline", explique Thomas.


Il a fallu plusieurs années aux fondateurs du "LudoSport" pour mettre au point les techniques et formes de combat. Elles s’inspirent des duels vus dans les films ou dans l’univers plus étendu de la saga comme les bande-dessinées ou les séries.

Pour l’instant, le LudoSport ne peut pas faire de références directes à la saga Star Wars. "Il y a encore des histoires de droits avec Walt Disney", confie Thomas. Si une personne totalement étrangère à l’univers du film se rend sur le site, rien ne lui permet donc de comprendre qu’en s’inscrivant à l’un des cours, elle risque de croiser plusieurs fans incontestables de Star Wars.


Inutile d'être passionné par la saga

Malgré tout, fan ou pas, tout le monde peut apprécier l’apprentissage du sabre laser. Luc et Thomas Delassois, les instructeurs, ne sont d’ailleurs pas vraiment passionnés par le monde de Star Wars: "J'ai déjà vu les films, comme tout le monde, mais ce qui m'intéresse principalement, c’est l'activité en elle-même", dit Luc.

En ouvrant leur école, les deux instructeurs ont évidemment accueilli de grands fans de la saga. Ronald, par exemple, est âgé de 49 ans et a vécu la sortie du tout premier film au cinéma. "Il a été le voir 10 fois au cinéma en 1977 !", explique Thomas. Un couple d’une petite trentaine d’années est venu les rejoindre au sein des "Primas noctule", le nom de clan qu’ils ont choisi pour leur groupe de travail. "Eux, ils sont aussi très fans, ils ont même fait un mariage sur le thème de Star Wars."

Fille, garçon, jeunes ou moins jeunes, connaisseur ou pas, tout le monde peut y trouver son compte. "Il y a presque autant de filles que de garçons. L’instructeur a 18 ans, mais il y a aussi un élève de 16 ans. Le doyen, lui, a 69 ans", explique le jeune novice.




"Les gens s'inscrivent en pensant que ce n'est pas sérieux"

"C’est très physique", souligne Thomas, en expliquant qu’un des élèves, âgé de 54 ans, a plus de difficulté pour effectuer certains mouvements. "On est vite épuisé. Les duels sont fatigants mais c’est malgré tout ce que je préfère de loin", confie Thomas. "On est non-stop sur la défensive, il y a de l’adrénaline."

Le maniement de sabre laser, c’est du sérieux. "Des gens s’inscrivent en pensant qu’on va faire des mouvements dans tous les sens, sauter partout et faire des gestes amusants" s’amuse-t-il. "Mais quand ils voient nos vidéos et nos différentes techniques, ils ne réagissent pas de la même façon et nous avouent qu’ils ne s’attendaient pas à voir ça."

Récemment, une équipe de télévision locale est même arrivée en costume pour faire un reportage sur leur pratique. "Une fois qu’ils ont compris où ils étaient, ils se sont changés et fait un reportage plus sérieux", raconte Thomas. "Evidemment, quand on parle de cours de sabre laser c’est risible", reconnaît-il.


Fair play et non-violence

Le LudoSport et Star Wars, ce sont deux choses bien séparées", insiste Luc l'instructeur. "C'est un vrai sport, les gens ne s'inscrivent pas pour faire partie d'un groupe où on se déguise. C’est avant tout une activité ludique, c’est ce qui me plaît. On est là pour s’amuser mais l’activité se fait de manière vraiment sérieuse."

Ici, les élèves ne sortent pas du cours avec des bleus ou un bras dans le plâtre. "Cette activité est belle visuellement mais surtout, il n’y a pas de brutalité. Il n’y a pas de contacts et tout est en contrôle et en vitesse. Je ne dois pas faire mal et on ne me fait pas mal. Et même si je rate, on en rigole ensemble!"


Une lame verte et le statut officiel de "chevalier Jedi"

Dans une dizaine d’années, Thomas réalisera son rêve: devenir un vrai Jedi et laisser de côté sa lame bleue pour brandir une arme vert vif. Son ami par contre, semble être du côté obscur de la force. "Il deviendra probablement Sith, car l’instructeur a remarqué en lui un style plus agressif. Moi par contre, je suis sur la défensive, je serai Jedi."

Même si l’instructeur tente de diriger chaque élève vers le chemin qui lui est, selon lui, destiné, chacun est libre de choisir sa voie. L’ami de Thomas, lui, est d’ailleurs très satisfait de ce qu'a perçu en lui l'instructeur. "Il souhaite devenir Sith, il veut une lame rouge et tuer du Jedi ! Moi par contre, j’ai toujours voulu devenir Jedi."


Six mois pour construire son propre sabre laser comme Luke Skywalker

Thomas construit des sabres lasers depuis qu’il a huit ans. Aujourd’hui, même si l’académie fournit les armes, il a construit son propre sabre laser. "Cela m’a pris six mois", explique Thomas. "J’ai le mérite de l’avoir fait moi-même. Dans Star Wars, construire son sabre laser fait partie de la formation du Jedi."

Ce prototype fait d’objets de récupération lui a coûté une petite centaine d’euros. "Ce prix, c’est surtout celui de la carte son. Le reste est fait de pièces de plomberie, de tubes d’aspirateur ou encore de tuyaux de chauffage."

Grâce à quelques connaissances en électronique, Thomas a pu faire en sorte que ses mouvement soient détectés par une carte son afin que son sabre laser fasse exactement le même bruit que dans les films. Lors de l’allumage comme lors des mouvements, son sabre produit donc le son typique entendu dans les films.

"Bientôt, nous aurons des sabres laser certifiés, fournis par l’Italie". Les élèves de l’académie devront débourser 206 euros pour s’en procurer un mais "c’est de l’électronique de pointe", souligne Thomas.


"Dès qu’on est touché par le sabre, on a un membre en moins !"

Un vrai sabre laser comme dans les films, c’est scientifiquement impossible selon lui. Dans le LudoSport, les adversaires se battent donc avec une lame rigide. Mais même si elle est faite de tuyaux d’aspirateurs, les élèves doivent garder en tête qu’elle reste mortelle. Thomas a d'ailleurs arraché plusieurs bras à ses adversaires. "C’est un sabre laser, dès qu’on est touché on a un membre en moins ! L’adversaire gagne donc le point."



Le talent de Thomas est reconnu et il a bien failli remporter un tournoi national en avril dernier. Comme l’école de Celles est la seule du pays, les élèves des trois classes se sont battus pour tenter de gagner la première place du podium. "Je suis arrivé deuxième au tournoi !", se réjouit Thomas, qui pourra représenter la Belgique en Italie, à la compétition internationale de LudoSport. "Le match a duré un bon 15 minutes, on était au bout de notre vie", raconte-t-il. "Ça se jouait à neuf touches mortelles, j’étais à un point du premier", précise-t-il fièrement.


"C’est très convivial, ça se termine toujours dans une super ambiance"

Ce week-end, 160 combattants se réuniront donc dans la ville italienne de Milan. Sept élèves de l’académie de Celles feront le déplacement afin de comparer leurs talents avec des adversaires venus d’Italie, d’Irlande ou encore d’Angleterre.

Tous les niveaux seront mélangés, les élèves ne savent pas contre qui ils vont faire les duels. "C’est un tirage au sort donc certains vont peut-être se battre contre un maître ! Ça fait partie du fun de la compétition", se réjouit déjà Luc. "Chacun va faire au mieux. Je serais honoré de pouvoir me battre en duel contre un adversaire de très haut niveau."

Au-delà du tournoi Luc est impatient de retrouver certains instructeurs avec qui il a suivi sa formation.  "C’est toujours très convivial, chaque fois ça se termine avec des bons moments, dans une super ambiance. Même quand on est éliminé, on prend l’autre dans les bras!"


L'instructeur lance un appel

L’instructeur se rend compte que la discipline attire de plus en plus de personnes. A long terme, il espère que d’autres académies ouvriront en Belgique.

"Des gens m'appellent de Charleroi, Liège et Namur pour me dire qu'ils sont intéressés et souhaitent devenir élève. Mais l’académie de Celles est souvent trop loin pour eux", regrette l'instructeur, même si certains élèves très motivés font tout de même une fois par semaine la navette depuis Luxembourg ou Jambes.

"Je travaille énormément et je me donne à cœur mais je ne sais pas tout faire." Luc lance donc un appel: "les gens sont le bienvenus pour ouvrir dans des académies dans d’autres provinces." Il n’a toutefois pas le niveau pour former les instructeurs. Les personnes intéressées peuvent prendre contact avec lui mais devront, comme lui, se former en Italie.

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