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On a incendié l’ascenseur dans l’immeuble de Martine à Montignies-sur-Sambre: "Ma fille asthmatique ne peut pas monter 148 marches!"

Des escaliers et des couloirs sales. Une porte d’entrée défectueuse. Et surtout un ascenseur hors service, suite à un incendie volontaire. Une habitante de Montignies-sur-Sambre déplore l’état dans lequel se trouve son immeuble. La situation actuelle serait tellement invivable qu’elle a décidé de vivre momentanément avec sa fille chez sa mère.

"Jusqu’à présent, je me suis tue. Mais là, je n’en peux plus. C’est la goutte d’eau qui fait déborder la vase. Ma fille de 8 ans est traumatisée", lance Martine (ndlr : nom d’emprunt), qui nous a contactés via notre page Alertez-nous pour témoigner de sa situation difficile. Cette jeune femme de 28 ans vit depuis six ans avec sa fille dans un appartement social situé à Montignies-sur-Sambre, dans le Hainaut. L’immeuble de dix étages est géré par la société de logements de service public la Sambrienne.

Il y a trois semaines, un incendie s’est déclaré en pleine nuit dans l’ascenseur du building. Les pompiers de Charleroi ont été appelés vers 1h30 du matin. L’origine du sinistre est criminelle. "Une personne a bouté le feu à une poubelle dans l’ascenseur au 10ème étage. Il n’y a pas eu d’évacuation, ni de blessés", confirme David Quinaux, porte-parole de la police locale de Charleroi. Une enquête judiciaire est en cours.


"Ma fille m’a clairement dit qu’elle en avait peur"

"Le lendemain, l’ascenseur était accessible mais inutilisable car il a été complètement ravagé par les flammes. Un ouvrier est ensuite venu le réparer. Il était alors en fonction, mais la cabine était toujours pleine de suie. Vous imaginez, des enfants auraient pu jouer à l’intérieur", souligne la locataire. Après quelques jours, la société de logements a été contrainte de sécuriser les lieux et de le mettre à l’arrêt, suite à une panne. Plusieurs pièces se sont alors révélées défectueuses."Jusqu’à présent, j’ai réussi à ce que ma fille, qui est claustrophobe, utilise l’ascenseur. Mais depuis cet incident, elle m’a clairement dit qu’elle en avait peur et refuse de monter dedans", indique Martine. Or, pour accéder par l’escalier au 9ème étage, où elles habitent, il faut enjamber près de 150 marches. "Pour elle, qui est asthmatique, c’est impossible. Et pour moi, c’est aussi difficile, surtout avec des courses." La jeune femme est dès lors dans l’obligation de loger chez sa mère. Une situation qui risque de durer puisque les réparations ne pourront pas être réalisées dans un délai rapide. D’après la Sambrienne, il faut attendre de recevoir les pièces commandées. Ce qui peut prendre jusqu’à deux semaines, en fonction des fournisseurs. "Je suis conscient que c’est embêtant pour les locataires. Mais pour des raisons de sécurité évidentes, nous n’avons pas d’autre choix que la mise à l’arrêt de l’ascenseur", indique Fadel Azzouzi, directeur-gérant de la société de logements.


"J’en ai ras-le-bol, les soucis s’accumulent"

Au-delà de cette contrainte de relogement inattendu, cet incident a fort marqué la fille de Martine."Quand elle entend des sirènes, elle a peur que ce soit pour chez nous", assure sa mère. Pour la jeune femme, c’est tout simplement un événement de trop, qui s’ajoute aux nombreux problèmes liés à son immeuble."J’en ai ras-le-bol. Les soucis s’accumulent. Les sonnettes ne fonctionnent plus depuis deux ans. Malgré la venue d’une femme de ménage, les communs sont très souvent, voire tout le temps, très sales. Et la porte d’entrée principale est complètement foutue. La serrure ne fonctionne plus. Des gens l’ont cassée et depuis, elle n’a pas été remplacée. Elle est donc constamment ouverte", déplore Martine. La jeune maman pointe du doigt le comportement irrespectueux d’autres locataires et les actes de vandalisme à répétition."Pour une raison qui m’échappe, mon voisin du 10ème étage faisait par exemple démarrer son scooter à l’intérieur de son appartement. Comme je suis juste en-dessous, j’entendais le bruit. J’ai déposé plainte, et il est finalement parti. Il y a un an, des gens ont aussi bouté le feu à un divan que des locataires avaient descendu dans l’entrée. Et tout est resté tel quel", s’insurge-t-elle.

Face à ces incivilités, la jeune femme condamne également le manque de réactivité de la part de son propriétaire, à savoir la société de logements."La Sambrienne ne fait rien pour nous aider réellement. Selon eux, tout prend toujours du temps. Ils trouvent des excuses et sont souvent désagréables au téléphone. Pourtant, c’est nous qui vivons là. On se sent dévalorisés et exclus", révèle Martine.


"On ne laisse pas ces problèmes de côté"

Une critique que conteste le directeur de la société, qui gère au total 10.000 logements, dont 400 immeubles."Nous avons mis en place un service de dépannage pour les urgences. Soixante ouvriers travaillent tous les jours pour assurer ce service. On ne laisse donc pas ces problèmes de côté. Nous ne prenons d’ailleurs pas à la légère le problème actuel avec l’ascenseur", soutient Fadel Azzouzi. D’après lui, près de six millions d’euros ont été investis entre 2011 et 2013 sur le site, qui comprend trois immeubles, afin de rénover les bâtiments, en améliorant notamment leur performance énergétique.

"L’extérieur de l’immeuble a en effet été refait car il était assez vétuste. Mais des soucis persistent", assure la jeune maman."Et j’ai dû moi-même rénover mon appartement pour m’y sentir bien. Lorsque j’ai emménagé, c’était horrible. Par exemple, ils ont détapissé les murs et les ont laissés comme ça. Depuis plusieurs années, j’ai des soucis avec mes radiateurs et je n’ai pas d’eau chaude le soir", assure-t-elle."C’est du cas par cas, mais nous remettons toujours le bien en état locatif, en fonction de notre standard défini en interne. Si cela est nécessaire, on peut poser un nouveau vinyle ou placer un nouveau meuble de cuisine. Mais si un simple vitrage n’est pas endommagé, on ne va pas forcément le changer. Et, une fois le locataire en place, s’il y a une demande de réparation quelconque, à charge de la société, on intervient rapidement dans tous les cas si les dégâts sont jugés importants et urgents", rétorque le directeur-gérant.


Des portes blindées pour lutter contre le vandalisme

Propriétaire et locataire semblent par contre se rejoindre sur un constat : les dégradations et les destructions volontaires sont fréquentes. " On ne peut pas dire que nous n’agissons pas. Par contre, dire que nous avons du mal à suivre les actes de vandalisme, c’est vrai. Surtout dans les immeubles hauts, où vivent de nombreux locataires. On condamne ces actes, et on porte plainte à chaque fois ", indique Fadel Azzouzi. Afin de décourager les auteurs de ces incivilités, la société a d’ailleurs décidé de mettre en place un nouveau système d’ouverture par badge pour une centaine d’immeubles situés dans le centre de Charleroi."Nous avons installé des portes blindées. C’est assez cher mais efficace. Même avec un pied de biche, on ne peut pas rentrer. On va donc testé ce système pendant six mois. Si cela s’avère concluant dans le centre-ville, on va l’étendre aux autres logements. C’est un investissement qui peut être rentable. Pour le concrétiser, on a toutefois besoin de temps et d’un soutien financier de la région wallonne."


"J’ai honte d’inviter des amis chez moi"

La solution envisagée par Martine est radicale. Elle aimerait pouvoir déménager car son malaise est réel. " Même si mon intérieur est propre et entretenu, j’ai honte d’inviter des amis chez moi. Et quand je sors de l’immeuble, j’ai l’impression d’être dans un ghetto ", confie-t-elle. Ne trouvant pas d’emploi, la jeune femme de 28 ans a repris des études pour devenir agent immobilier. Ses maigres revenus ne lui permettent donc pas de payer un loyer plus élevé que celui de son appartement (408 euros)."Dès que j’aurai trouvé un emploi, je partirai. Et je peux vous dire que je ne suis pas la seule." En attendant, elle estime que "la Sambrienne devrait faire un effort et surtout être à l’écoute de ses locataires". Histoire d’améliorer ses conditions de vie au quotidien.

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