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Un citoyen critique le "business" d'un élu de Genappe: peut-on être échevin et hommes d'affaires?

Christophe Hayet, échevin à Genappe, est visé par de nouvelles critiques anonymes. En 2011, sa Lamborghini avait suscité l'indignation de certains alors qu'il était président du CPAS. Aujourd'hui, ce sont les activités commerciales de l'élu qui sont "dénoncées" par un témoin.

Christophe Hayet, échevin des Travaux publics de Genappe, dans le Brabant wallon, est la cible d'un témoignage anonyme reçu via notre page Alertez-nous. Dans ce message, une personne s'étonne du cumul des activités parallèles de cet élu MR avec son mandat politique. "Sa société dispose d’une branche "Business", proposant une forme d’aide pour "payer moins d’impôts", s'insurge le témoin. On le sait, le MR aime faire payer l'impôt par les pauvres... Et même si rien n'indique que l'activité de la société ne vise pas à faire frauder ses clients, l'approche commerciale est assez étrange!". Peut-on être échevin et hommes d'affaires? Cette personne anonyme en doute. Nous avons décidé de joindre sa cible.

En consultant le site de l'entreprise de Christophe Hayet, nous constatons effectivement la présence de cette mention.



Un échevin peut-il encourager à faire baisser les impôts de ses collaborateurs?

Qu'en dit le principal intéressé? Qu'en est-il de la "promesse" figurant sur son site de faire baisser les impôts des indépendants? "Mon entreprise Crea Group est une corporation d'indépendants dans la construction, justifie l'élu, joint par téléphone. C'est-à-dire que nous invitons les indépendants du secteur à se regrouper afin d'effectuer des économies d'échelle". Ainsi, l'entreprise permet aux indépendants de bénéficier des services d'une seule secrétaire, d'un seul comptable, etc. "Tout cela coûte moins cher. Nous suivons, en quelque sorte, le modèle des avocats, qui se regroupent dans un seul bureau", poursuit l'échevin.

"En se regroupant en coopération, les indépendants ont la possibilité de profiter de la structure d'une société, ce qui joue sur le montant de leurs impôts (une société étant plus avantageuse à certains égards, à ce niveau-là, ndlr. Ainsi, l'impôt peut baisser jusqu'à 24,25% et atteindre maximum 35,53% pour une société, contre 50% maximum pour une personne physique)".

En résumé, l'échevin propose des économies d'échelles et une baisse d'impôts via la structure d'une société. Mais l'explication ne convainc pas le témoin anonyme. Il n'est pas d'accord sur le principe. "Est-ce réellement l’exemple que doit donner un élu ?", questionne-t-il dans son message.

L'échevin affirme ne pas vouloir "éviter l'impôt"

Avec la récente actualité faisant état d'optimisation fiscale frauduleuse (l'affaire des Panama Papers, ndlr), le mandataire comprend-il les inquiétudes que peuvent avoir certains citoyens? "A partir du moment où on ne comprend pas ce que je fais, je comprends qu'on peut se poser des questions, surtout après le bruit qu'a fait le scandale de Panama Papers", admet Christophe Hayet, qui précise cependant qu'il ne faut pas "généraliser". "L'objet de mon activité commerciale n'est pas du tout d'éviter l'impôt, mais de rassembler les compétences d'indépendants, de se mettre en société ensemble, pour fonctionner. Il ne s'agit pas de faire des montages financiers à l'étranger, loin de là".

Pour le mandataire, l'Etat en sort également gagnant. "C'est du win-win, assure-t-il. Il est plus simple pour l'Etat de gérer une meilleure structure, plutôt que plusieurs indépendants séparés et brouillons".

Pas de conflit d'intérêt, affirme Christophe Hayet

A ceux qui craignent un potentiel conflit d'intérêt entre ses activités dans le domaine de la construction et sa responsabilité d'échevin des Travaux publics, Christophe Hayet répond qu'il y est "très attentif" : "On ne peut pas être juge et partie, on ne peut pas faire travailler une société que j'ai dans ma zone de compétences, c'est une évidence, affirme le businessman. Jamais je ne ferai cela et c'est une fierté. Je marque bien la différence, car je sais que la population est très critique par rapport à ça et je peux la comprendre".

Sa Lamborghini avait déjà fait polémique en 2011

Christophe Hayet est un habitué des critiques. En 2011, alors qu'il était président du CPAS de Genappe, il s'était attiré les foudres de certains parce qu'il circulait en Lamborghini. "En Europe, on n'a pas cette notion qui peut exister dans le monde anglo-saxon, estime-t-il. Dès qu'on fait quelque chose qui sort de l'ordinaire, tout de suite on a tendance à être montré du doigt avec des commentaires du genre "Ce n'est pas normal, donc c'est mafieux, donc il fraude". D'où viennent les critiques? D'observateurs jaloux? "La réussite n'est pas toujours bien vue", répond Christophe Hayet.

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