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Un enseignant liégeois profondément dépité crie son désespoir: voici ce que la ministre de l'Education lui répond

Un enseignant, initialement passionné par sa profession, écrit dans un message sa dure réalité du métier de professeur. Se sentant abandonné, il détaille les difficultés qu'il vit au quotidien. La ministre de l'Education lui répond, point par point: "L'occasion d'expliquer tout le soutien que nous mettons en place pour nos enseignants", insiste Marie-Martine Schyns.

Dépit, frustration, désespoir. Voilà les mots qui viennent à l'esprit à la lecture du témoignage d'un enseignant liégeois nous ayant contactés. Dans son message, transmis via notre bouton orange Alertez-nous, ce professeur de bureautique dans le secondaire exprime avec émotion la passion qui l'a mené à devenir professeur et la profonde déception qu'il ressent après quinze ans de métier. "J'ai toujours voulu enseigner, explique ce père de famille ayant demandé l'anonymat. C'est un métier de vocation et moi, je l'ai eue dès les secondaires. Enseigner à une classe, c'est se donner en spectacle, faire vivre de cours semaine après semaine, se battre pour qu'ils comprennent quelque chose avec le peu de motivation qu'ils ont encore".

Démotivés, les élèves? D'après l'enseignant, cela ne fait pas de doute. Chaque année, "c’est de pire en pire", dit-il. "Laissez-moi vous parler de ce qu'est devenu le métier d'enseignant aujourd'hui: il faut composer avec des enfants qui se demandent souvent ce qu'il font sur banc, pour lesquels on se bat pour que tout ce qui est appris aujourd'hui ne soit pas à refaire le lendemain", révèle-t-il.

Les élèves "s'en fichent", les parents aussi: "Nous sommes perdus"

L’enseignant parle d’élèves "mal éduqués, qui ne respectent plus l’autorité" et de parents "démissionnaires" qui ne soutiennent plus les professeurs. Plus les mois passent, plus le professeur désespère. Sans parler du manque de moyens alloués aux établissements scolaires: "Je dois attendre des semaines pour avoir une cartouche d’encre pour pouvoir imprimer des feuilles à mes élèves. Alors, je les imprime chez moi".

La ministre de l'Education répond: "Vous faites le plus beau métier du monde, mais il est très exigeant"

Interpellés par le désespoir de ce professeur, la rédaction de RTL info a choisi de soumettre ce témoignage à la ministre de l'Education, Marie-Martine Schyns.

Quel regard porte-t-elle sur la tristesse de cet enseignant? La ministre l'encourage d'abord à "sortir de son isolement". "Enseigner est sans doute le plus beau métier du monde, mais c’est aussi un métier très exigeant, répond Marie-Martine Schyns. C’est pourquoi nous encourageons le travail collaboratif, pour sortir les profs d’un certain isolement. On constate que les écoles qui ont développé des projets entre collègues sont les écoles qui peuvent le mieux remobiliser des profs en difficulté. (…) Peut-être devrait-il en parler avec sa direction, dont le but est de soutenir les équipes pédagogiques?".

La ministre reconnait que les élèves sont "moins concentrés: "Il existe des solutions"

La ministre apporte aussi sa vision des choses quant au manque de discipline, d'éducation et de motivation déploré par le professeur. "Depuis Platon et Socrate, les anciens se plaignent toujours des plus jeunes, c’est une constante qui traverse l’Histoire, entame la ministre. (…) Cela a toujours existé, mais sans doute que certaines habitudes de la jeunesse d’aujourd’hui posent de nouveaux problèmes pédagogiques qui sont bien réels. Par exemple, on se plaint davantage des troubles de concentration en classe. (…) Tout concourt à une moindre concentration des élèves, de nombreuses études le prouvent".

Alors quelle solution pour les professeurs confrontés à ces nouveaux défis? "Organiser des périodes de remédiation au cœur de la grille horaire de l’élève et regrouper les cours en périodes de 90 minutes, pour avoir des plages homogènes, avec 4 cours par jour en moyenne pour améliorer la concentration des élèves. Ces pistes doivent être encore concertées, mais elles sont sur la table du Pacte pour un enseignement d’excellence".

Marie-Martine Schyns: "Vous êtes en détresse? Appelez le 0800/20.410"

Dans sa réponse, la ministre dit vouloir faire preuve d'humanité et d'humilité vis-à-vis de cet enseignant: "Ce ne sont pas des décrets qui vont tout résoudre, admet Marie-Martine Schyns. Il existe des situations particulières, des détresses humaines à prendre en compte. Les professeurs l’ignorent encore trop, mais un numéro vert existe depuis 2010 et s’avère très efficace pour venir en aide aux profs en difficulté: le 0800 20 410. Il est là pour les cas problématiques comme gérer des classes difficiles, des conflits avec des collègues, aider les profs qui sont victimes d’agression".

L'enseignant peut bénéficier de trois jours de formation par an

Le professeur se plaint du manque de moyen et de soutien auquel il fait face. Comment l'aider? "Il existe beaucoup de formations intéressantes à ce sujet, comme la "gestion des émotions", la "gestion de la discipline en classe, avec les approches neurocognitives", cite la ministre. Rappelons-le, 3 jours de formation sont prévues pour les profs chaque année, et ce nombre sera porté à 4, voire 6 prochainement".

Les réponses de la ministre aideront-elle le professeur? "J'adore être devant mes élèves, assure l'enseignant, qui semble pourtant ne plus y croire. Les problèmes ne font que s'aggraver d'année en année et ce n'est pas être pessimiste de dire cela, c'est la triste vérité".

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