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Un radar-tronçon flashe près de 60.000 automobilistes en deux semaines sur la E40: "C'est un beau piège à cons"

Les navetteurs n'apprendront rien: d'importants travaux ont été réalisés sur la E40 entre Erpe-Mere et Wetteren, en direction de Gand. Un radar-tronçon, placé dans ce secteur, a livré d'excellents résultats. Près de 60.000 amendes ont été dressées en deux semaines, soit près de 4.000 automobilistes par jour.

Les travaux entrepris sur la E40 entre Erpe-Mere et Wetteren ont fait des dégâts... dans le portefeuille des automobilistes. En à peine deux semaines, 58.264 conducteurs ont été verbalisés dans cette zone couverte par un radar-tronçon. Selon une estimation, cela devrait rapporter près de 4,5 millions d'euros à l'Etat, alors que le coût des travaux est évalué à quelques 5,5 millions d'euros.

Mais selon Alain, qui nous a contactés via notre page Alertez-nous, il y a une forme "d'arnaque" organisée par l'Etat. "Je me suis fait flasher sur un tronçon de la E40 (km 25 au km 33) alors que je respectais les vitesses autorisées", nous a-t-il indiqué.

Pour justifier ses propos, Alain a expliqué qu'à l'entrée de la zone où la vitesse était contrôlée, la limite maximale était de 120 km/h, et que les travaux ne commençaient qu'un peu plus loin. Il fustige donc le fait d'avoir été sanctionné car il roulait à plus de 70 km/h (82 km/h sur l'ensemble du tronçon). "Les 70km/h ne sont obligatoires que pendant les travaux et pas avant, où c'est 120 km/h. Donc la moyenne sur l'ensemble du tronçon doit être adaptée. Or, je me suis fait flasher parce que je circulais à plus de 70 km/h. Et je ne suis pas le seul, c'est ainsi que l'Etat a piégé plus de 58.000 conducteurs", a-t-il insisté.


"Le système peut calculer ça"

Intrigués par son cas et avec une copie de son PV sous les yeux, nous avons cherché à en savoir plus. Comment fonctionne un radar-tronçon si une partie de la zone couverte est en travaux ? "Le système peut gérer ça. Les radars-tronçons sont dotés d'outils informatiques qui permettent de calculer la vitesse moyenne à respecter si une partie du tronçon est limitée", nous a expliqué Tine Hollevoet, porte-parole de la police fédérale.

Mais la porte-parole de la police fédérale nous a aussi précisé que ces cas où deux limites différentes sont imposées au sein même d'un tronçon se présentent de façon exceptionnelle. Des travaux peuvent générer de telles situations, mais sinon, une section routière où l'allure des automobilistes est contrôlée délimite généralement un tronçon "à vitesse unique". "Les zones où l'on place un radar-tronçon sont minutieusement étudiées. Ces zones sont généralement situées après une entrée d'autoroute et avant la sortie suivante. Et sur l'ensemble de la portion d'autoroute, la limitation de vitesse est identique. Cela simplifie les choses pour tout le monde. La situation est plus claire", a ajouté Tine Hollevoet.


"Toute la zone était limitée à 70 km/h"

Mais alors pourquoi Alain a-t-il été sanctionné alors qu'il dit avoir respecté la limite imposée en zone de travaux ? Tout simplement parce qu'il semble que la section dans laquelle il a été contrôlé n'entrait pas dans ce cas de figure où il y a deux limites de vitesse différentes sur un même tronçon. "J'ai contacté la zone de police concernée, et elle m'a assuré que toute la zone couverte par le radar-tronçon était limitée à 70 km/h. Les automobilistes devaient déjà rouler à 70 km/h plus d'un kilomètre avant le chantier. C'est souvent le cas d'ailleurs. A l'approche de travaux, les véhicules doivent ralentir progressivement. D'abord rouler à 90 km/h, puis à 70 km/h. Dans le cas de votre témoin, le plus vraisemblable est qu'il n'ait pas vu ces panneaux", a ajouté Tine Hollevoet.

"Cela me paraît très bizarre", a réagi Alain. "Cela voudrait dire qu'on devait rouler 70 km/h sur une distance de plus d'un kilomètre, alors qu'il y avait les trois bandes de circulation libres ? Déjà que quand je roule à 70 à hauteur des travaux tout le monde me dépasse. Mais alors vous imaginez: plus d'un kilomètre à 70, sur trois bandes ? Evidemment maintenant on ne peut plus rien prouver parce que les travaux sont terminés, mais si c'est bien ça qu'il s'est passé, c'est un beau piège à cons", a-t-il déclaré.


Les automobilistes ont du mal à respecter les limitations aux abords des chantiers

Le radar-tronçon en question a donc flashé un nombre important d'automobilistes durant la période des travaux. Près de 60.000 en deux semaines, soit près de 4.000 automobilistes par jour au lieu de 500 en temps normal. "Ce n'est pas étonnant. Les gens ne respectent que très rarement les limites de vitesse en zone de travaux. Pourtant, ce sont des situations dangereuses. Mais apparemment, ils ont besoin d'un temps d'adaptation, car plus des travaux durent longtemps, moins on y remarque des excès de vitesse", a conclu Tine Hollevoet.

Mais pour Alain, la situation est tout autre. "Je reste sceptique et doute qu'il y avait des panneaux 90 puis 70 avant qu'on entre dans le tronçon contrôlé. Pour moi, cela devient du n'importe quoi et à ce moment on peut verbaliser tout le monde sans preuve. Pour éviter que cela se reproduise, je vais installer une petite caméra dans ma voiture, et de cette façon je pourrai tout prouver", a conclu Alain, convaincu d'avoir respecté le code de la route.


Quelques recommandations pour éviter les pièges

Quoi qu'il en soit, pour éviter de se retrouver dans la même situation qu'Alain, nous vous conseillons d'adapter une conduite "défensive" et de rester de tout temps particulièrement attentif aux signalisations. Un GPS ou un tout appareil qui "suit" votre parcours peut bien entendu vous alerter en cas de non-respect d'une limitation de vitesse, mais il est important de ne pas se fier qu'à cela car on peut observer certaines approximations dans la délimitation de zones à "vitesse réduite".

Par ailleurs, gardez toujours à l'esprit que la meilleure façon d'éviter les mauvaises surprises, tout en évitant de générer des ralentissements voire des embouteillages, c'est de calquer au maximum sa vitesse sur celle du trafic. Pour imager cela, imaginez les bancs de poissons ou les nuages d'oiseaux qui se déplacent groupés, à la même vitesse sans se percuter. Si les automobilistes appliquaient ce principe, ils économiseraient du carburant et il y aurait beaucoup moins d'embouteillages... et d'accidents sur nos routes. Une solution bien plus efficace que d'essayer d'aller vite seul dans son coin... en provoquant des ralentissements qui se transforment en bouchons.

@ArnaudRTLinfo

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