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Histoire belge à Wavre: ils croyaient avoir un bâtiment pour créer leur école spécialisée, eh bien... non

Une ASBL du Brabant wallon a le projet de créer un établissement d’enseignement spécialisé. Tout était prêt, l’école avait même reçu l’assentiment de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’ASBL croyait pouvoir bénéficier de bâtiments appartenant à la commune de Wavre. Mais celle-ci n’a jamais donné son accord…

Il existe, en Fédération Wallonie-Bruxelles, 150 établissements d’enseignement secondaire spécialisé. En ce qui concerne les établissements de type 2, ceux qui s’adressent à des élèves présentant un retard mental "modéré à sévère", il y en a 89. Et si on limite la recherche à la province du Brabant Wallon, le chiffre tombe à... deux établissements situés à Nivelles et à Genval.


Projet lancé sur de mauvaises bases

Une école aurait dû être créée dans le centre de Wavre. Mais le projet a du plomb dans l’aile, comme nous l’a indiqué Alain via la page Alertez-nous : "Une amie devait, à la rentrée scolaire prochaine, travailler dans une nouvelle école située à Wavre. Cette école devait s'occuper d'élèves en grande difficulté mais le projet ne se réalisera peut-être pas". La faute à une erreur pourtant basique: l’ASBL a cru avoir accès à des bâtiments, mais n’a en fait jamais traité avec le propriétaire.


Le manque de places dans les écoles spécialisées, une réalité

Sur le fond pourtant, il n’y a pas de doute, le projet a sa place à Wavre. "Il y a une vraie demande. Le manque de places est déjà une réalité dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais dans le Brabant Wallon, il n’y a vraiment rien" explique Danielle Delahaut, membre fondateur de l’ASBL. C’est pour combler (une petite partie de) ce manque que plusieurs professionnels de l’éducation spécialisée ont mis sur pied l’ASBL "Entre eux et nous"; avec comme objectif final la création de l’école. "On a été très vite rejoints par des parents qui étaient intéressés par l’initiative" poursuit Danielle. Sylvie Denis, l'instigatrice du projet, va plus loin. "Les parents de la région sont redirigés vers Nivelles et Bruxelles. Mais même là, il n'y a pas assez de places. Une école de Boitsfort a 31 élèves sur liste d'attente pour la rentrée 2015"


De nombreuses démarches...

L’ASBL ne souhaitait pas créer une structure privée, "par respect pour les parents, à qui nous ne voulions pas réclamer des frais exorbitants" explique Sylvie Denis. "Pour que les enseignants soient rétribués par la Fédération Wallonie-Bruxelles, il faut que l’établissement soit reconnu. Nous avons donc entamé les démarches nécessaires pour recevoir l’accord du gouvernement de la fédération" avance Danielle, qui est aussi la secrétaire de l’ASBL.

Un des principaux problèmes était celui de la localisation. Il fallait trouver un bâtiment pour abriter l’école. "Nous avons d’abord sollicité la province du Brabant Wallon et la commune de Wavre. Ni l’une ni l’autre n’avait quoi que ce soit à nous proposer". Mais un espoir inattendu va rassurer les dirigeants de l’ASBL. Via un parlementaire, ils sont mis en contact avec les responsables de l’Athénée Royal Maurice Carême, située aussi à Wavre. A l'Athénée, on parle de bâtiments qui seront bientôt libres et dont l’ASBL pourrait disposer pour installer son école.

Avec la promesse de ces bâtiments, l’ASBL passe à la vitesse supérieure. Elle complète les dossiers et introduit des demandes. Le 28 avril dernier, une soirée de présentation est organisée, dans les locaux de l’Athénée.  Le 17 juin, le projet semble bel et bien entériné. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a donné son accord. Comme on peut (encore) le lire sur le site...


(Capture d'écran du site de la Fédération Wallonie-Bruxelles)


...puis une sacrée déception

Mais il y a un hic. "J'ai reçu un coup de téléphone de la Fédération me demandant si tout était ok avec notre adresse. Cela m'a mis la puce à l'oreille, détaille Sylvie Denis. J'ai posé la question à l'Athénée, qui m'a dit qu'ils n'étaient pas propriétaires mais qu'ils pouvaient profiter du bâtiment. Et que leur offre de sous-location tenait toujours".

Pas convaincue, Sylvie pose tout de même la question à la commune. "Et là, la nouvelle tombe. La commune me confirme que ce sont eux les propriétaires. Et qu'il est déjà prévu d'installer le cercle historique dans ces bâtiments". Comment expliquer que l’ASBL a mis autant de temps à repérer l’erreur ? Comment se fait-il que personne n’ait vérifié qui était le propriétaire du bâtiment avant de lancer toutes les démarches ? "Nous avons signé un accord de principe avec l'Athénée. Nous étions dans une relation de confiance. Nous n'avons pas jugé nécessaire d'aller vérifier auprès du cadastre" se justifie Sylvie Denis.


Une affaire d’image de marque ?

Mais l’ASBL, sans doute animée par une certaine colère, va plus loin. Dans le descriptif d’une pétition lancée pour sauver le projet, elle accuse la commune de préférer son image de marque à l’implantation d’une école : " des mots ont été lâchés : une école secondaire spécialisée pourrait poser problème à côté d’une école maternelle de renommée hors frontière ". Des mots qui auraient été prononcés par une responsable communale. Et qui traduirait une certaine peur face à l'inconnu. La bourgmestre faisant fonction, Françoise Pigeolet, a démenti ces propos. Et de toute manière, "nous on ne cherche pas un responsable, on veut juste une solution pour pouvoir ouvrir l'école. On ne souhaite pas polémiquer sur des petites phrases" conclut Sylvie Denis.


L’horloge tourne et le temps presse

La nouvelle est tombée comme un coup de massue sur la tête des responsables de l’ASBL. Mais ils gardent un petit espoir. "On est toujours déterminés, assure Danielle Delahaut. Un peu découragés, c’est sûr. Mais on ne va pas abandonner maintenant. Cela fait plus de deux ans que ce projet est en route". D’autant plus que des élèves potentiels s’étaient déjà montrés intéressés. "On a déjà sept élèves inscrits alors qu’on n’a pas fait la moindre publicité" explique de son côté Sylvie Denis. Mais pour accueillir ces élèves et d’autres, il va falloir faire vite. "Notre date limite, c’est le 15 juillet. Si on ne trouve pas de nouveaux locaux d’ici là, l’arrêté de la Fédération Wallonie-Bruxelles sera annulé et on ne pourra pas ouvrir l’école" termine Sylvie Denis.

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