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Venu en Belgique pour la naissance de sa petite-fille, un couple de retraités marocains finit… en centre fermé

Ce devaient être des vacances agréables passées en famille à Bruxelles. Malheureusement pour les beaux-parents de Karim (prénom d'emprunt), le séjour s'est terminé en centre fermé, sans qu'ils puissent profiter de la présence de leurs proches une seule seconde. La raison? Venus du Maroc, ils n'avaient pas de moyens de subsistance suffisants à montrer à la police à leur arrivée à l'aéroport de Charleroi. L'accès au territoire belge leur a donc été refusé.

Les fans belges de Marrakech, Agadir, ou Casablanca le savent: se rendre au Maroc pour des raisons touristiques, privées ou familiales est très simple. En effet, comme l'indique le site des Affaires étrangères, il vous suffit d'un passeport en règle. L'inverse, en revanche, est plus complexe: pour qu'un citoyen marocain se rende en Belgique pour un voyage de moins de 90 jours, les procédures sont plus nombreuses. La loi exige que le voyageur marocain se munisse d'une série de documents, faute de quoi, l'accès au territoire belge pourra lui être refusé. La mésaventure est arrivée aux beaux-parents de Karim (prénom d'emprunt) dont le séjour s'est soldé en centre fermé. "C’est une véritable honte !", réagit le jeune homme via notre page Alertez-nous. En effet, Karim se faisait une joie d'accueillir ses beaux-parents pour la naissance future de leur petite-fille.

Les grands-parents arrivent en Belgique, mais il leur manque de l'argent

Ce lundi 25 janvier, deux retraités quittent le Maroc en avion vers Charleroi pour venir passer quelques jours de vacances en Belgique, dans la famille de leur fille. La jeune femme est enceinte: elle attend une petite fille pour le début du mois de février. L'idée est donc de rassembler la famille autour de l'heureux événement à venir. Problème? A leur arrivée à l'aéroport de Charleroi, les deux pensionnés marocains sont arrêtés par la police: il leur manque les documents prouvant qu'ils ont des moyens de subsistance suffisants. 

"La loi exige que les ressortissants étrangers hors union européenne aient des moyens de subsistance suffisants pour pouvoir entrer sur le territoire, éclaire Dominique Ernould, porte-parole de l'Office des Etrangers. C'est-à-dire 45€ par jour et par personne si le voyageur loge chez un proche et 95€ s'il va à l'hôtel. Or, malheureusement, ces deux personnes n'avaient pas assez de moyens: 270€ sur eux et 770 Dirhams, ce qui équivaut à 71€".

Ses beaux-parents ont voyagé partout, mais jamais ils n'avaient eu à montrer ce genre de documents

341€ pour deux personnes: ce n'est pas assez aux yeux de la loi. De plus, le couple était dépourvu de carte de crédit ou de déclaration de prise en charge par une personne belge, qui aurait pu, dans ce cas-ci, leur donner accès au territoire. Pour la porte-parole, les autorités belges n'ont fait que leur travail: "Les autorités vérifient que les conditions, qui sont en principe bien expliquées au départ à l'ambassade, sont bien réunies au moment d'arriver en Belgique et c'est souvent là qu'il y a un problème. On est alors obligés de ne pas les accepter, cela s'appelle un refoulement", explique la porte-parole, qui précise que ce genre de cas de figure arrive "régulièrement".

Karim ignorait l'existence de cette loi. "Vraiment, ça nous a étonnés, confie-t-il. Mes beaux-parents ont l'habitude de voyager, ils sont allés en Belgique, en Allemagne, en France, à Dubaï, en Angleterre, mais c'est bien la première fois qu'ils rencontrent un problème comme celui-là".

 

Le papy et la mamy sont alors ensuite envoyés en centre fermé, où ils sont maintenus en détention

Mais ce qui choque Karim par-dessus tout, c'est que ses beaux-parents aient été envoyés en centre fermé. "Ils se sont retrouvés privés de liberté et traités comme de vulgaires criminels, parqués dans le centre de transit fermé "Caricole" à Steenokkerzeel accueillant toute la misère du monde", considère le beau-fils.

Envoyer ces voyageurs en centre fermé était-ce excessif? "C'est la procédure, justifie Dominique Ernould. Lorsque les voyageurs ne peuvent pas être renvoyés chez eux tout de suite, il faut mettre à leur disposition des sanitaires pour leur hygiène personnelle, ainsi qu'un lit et de la nourriture. Les centres fermés se chargent de cela. On ne peut pas les laisser plusieurs jours en zone de transit international".

 

Les retrouvailles familiales ont viré au fiasco, mais les grands-parents reviendront

Karim, lui, ne décolère pas. D'autant plus que son épouse a finalement accouché avec plusieurs jours d'avance: les grands-parents, eux, étaient encore enfermés à ce moment-là. Une situation rocambolesque loin de celle imaginée à l'origine. "Nous sommes extrêmement déçus de ce qui se passe et nous ressentons un profond sentiment d’injustice", dit le jeune papa.

Néanmoins, les beaux-parents de Karim ont-ils été bien reçus en centre fermé? "Oui, nous confie Karim, apaisé. Je suis allé leur rendre visite et ils m'ont assurés avoir été bien traités. Le nécessaire a été fait pour qu'ils puissent dormir et se nourrir. Mais je continue de trouver cela exagéré comme mesure pour des retraités. C'est excessif".

La famille de Karim aura perdu de l'argent dans la mésaventure, mais qu'à cela ne tienne, les retrouvailles seront réorganisées. "On a repris des billets et mes beaux-parents seront là lundi prochain", raconte Karim. Avec tous les documents nécessaires en leur possession, cette fois.

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