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Victoria, 15 ans, rêve d'une carrière de mannequin mais pas à n'importe quel prix: "Sinon dans ce milieu on se fait bouffer"

Victoria participe à divers défilés et concours de mode depuis plusieurs années. Agée d'à peine 15 ans, elle refuse de céder à tous les diktats de la profession, notamment en ce qui concerne les mensurations idéales. Sa mère, qui l'assiste en permanence, a d'ailleurs refusé plusieurs contrats avec des agences de mannequins afin que sa fille puisse évoluer en "filière libre".

Victoria n'a que 15 ans. Pourtant, dans le monde de la mode, elle jouit déjà d'un fameux CV. Originaire de Bois-d'Haine, dans la province du Hainaut, elle a été repérée par des professionnels du secteur dès son plus jeune âge, à trois ans et demi. La sauce a pris, et la jeune fille a rapidement décidé de persévérer. "J'ai tout de suite aimé la mode et le rôle de mannequin", nous a-t-elle confié.

Assistée par sa maman, elle participe et remporte plusieurs concours, comme "Fashion Kids" ou "Top Model Belgium". Une maman qui protège la plus jeune de ses deux filles dans un monde qui n'est pas sans risque. "Je m'occupe de Victoria, dans le sens où elle est encore mineure. Je la suis partout où elle va et on choisit aussi ensemble ce qu'elle veut faire ou ne pas faire", explique Angelina, sa maman, qui ajoute: "C'est malgré tout un domaine où il faut faire attention, notamment aux contacts. Tant que je suis présente, on n'a pas vraiment de crainte".


Filles minces, mais "pas malades"

Parmi les inquiétudes des parents de Victoria, il y a la maigreur requise par certaines agences. Une tendance dénoncée à de multiples reprises, mais qui reste pourtant d'actualité. "Les agences font ça principalement pour gagner du temps, parce que quand le modèle est mince, le corps et gommé et on ne voit que le vêtement. C'est vraiment ça en fait l'objectif, gagner du temps. Ce n'est pas de rendre les filles malades", explique Elisabeth Claus, journaliste "mode" pour ELLE Belgique. Et concernant la "lutte" pour mettre fin à ce genre de mouvements, elle confirme qu'on est très loin du compte. "Il y a beaucoup de déclarations d'intention, mais les filles restent très fines".

Nous avons confronté une agence de mannequins bruxelloise à ces propos. Se sentant quelque peu "attaqué" par notre demande, l'homme qui nous a répondu a tout de suite tenu à clarifier certains points. "Nous on motive nos mannequins à vivre sainement, à faire du sport. Alors oui, il y a sans doute des gens qui font leur boulot bêtement et qui coachent mal des jeunes filles qui, du coup, finissent mal. C'est regrettable, mais des gens bêtes on en retrouve dans toutes les professions", nous a-t-il indiqué.


"Il ne faut pas se montrer trop faible"

Victoria et sa maman, elles, vont plus loin. Après avoir côtoyé des agences et vu leurs pratiques "de l'intérieur", elles regrettent que, trop souvent, il y a beaucoup de pression mise sur les jeunes filles pour qu'elles perdent du poids, encore et encore. "Au début, on dit à la jeune fille qu'elle est très bien comme ça. Puis on lui demande de faire attention. Puis de perdre du poids, puis de perdre encore. Et on finit par avoir des filles anorexiques", dénonce la maman de Victoria qui refuse désormais de lier sa fille à une agence.

Et Victoria de préciser qu'elle a connu un cas, une amie à elle ayant été hospitalisée dans un état inquiétant. "J'ai eu peur pour elle. Heureusement maintenant elle va mieux et recommence à prendre du poids", nous dit-elle avant d'insister sur le fait que cela lui a "bâti" un caractère. "Des fois on me demande de maigrir, mais je dis non. Il ne faut pas se montrer trop faible parce que sinon on se fait bouffer".


Assimiler mannequinat à l'anorexie, "c'est fatiguant"

Dans le milieu, ce genre de propos commence à lasser, et rares sont ceux qui souhaitent prendre la peine de clarifier les choses. "C'est vraiment fatigant de toujours confronter le mannequinant à l'anorexie", nous a-t-on indiqué en réaction aux propos de Victoria et sa maman dans l'agence de mannequins bruxelloise. "L'anorexie c'est une maladie, cela n'a rien à voir avec le métier de mannequin. Des anorexiques, vous en trouverez dans toutes sortes d'autres métiers. Alors nous on ne souhaite pas participer à ce genre d'articles qui traitent toujours de la même problématique, alors qu'il y a bien d'autres choses dont on pourrait parler".

Elisabeth Claus, de ELLE Belgique, tempère les propos des uns et des autres, remettant quelque peu l'église au milieu du village. "Il ne faut pas non plus croire que les filles qui défilent sont tout le temps au régime. Elles sont aussi parfois naturellement minces. C'est d'ailleurs pour ça qu'elles sont souvent jeunes, parce qu'elles sont encore filiformes, mais sans faire d'effort particulier. Et cela vaut aussi pour les hommes, minces, bras fins, épaules fines. Mais je peux vous garantir qu'ils ne sont pas pour autant au régime, du moins là où les gens travaillent bien et sérieusement".

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