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Vous n’en pouvez plus d’être appelés par des sociétés de télémarketing? Méfiez-vous de cette NOUVELLE ARNAQUE

Les arnaques par téléphone sont légion. La dernière en date, particulièrement vicieuse, a failli fonctionner auprès d'Yvette. Cette Liégeoise s'était déjà plainte d'appels intempestifs de sociétés de télémarketing et avait fait mettre son numéro sur la liste "Ne m'appelez plus". Or, l'arnaqueuse lui a annoncé qu'elle faisait partie des gagnants d'un procès contre... le harcèlement téléphonique. Elle donc mordu à l'hameçon dans un premier temps.

Yvette réside en région liégeoise. Mercredi dernier, elle nous révélait via notre page Alertez-nous qu’elle venait d’échapper à une arnaque par téléphone. "Ce matin, j’ai reçu un coup de fil. Une dame m’a dit que de nombreuses personnes avaient porté plainte contre le harcèlement téléphonique et qu’un jugement venait d’être rendu. Elle m’a annoncé que j’avais droit à une indemnité de 5.900€."


"Je devais lui donner mon numéro de compte"

Yvette était intriguée. Même si elle n’avait jamais porté plainte, comme affirmait l'arnaqueuse, elle s’était cependant inscrite il y a plusieurs mois sur la liste Ne m’appelez plus. "Je recevais des appels commerciaux pratiquement tous les jours", se souvient-elle, "mais depuis que je me suis inscrite, je n’ai plus jamais été appelée".

Le discours de son interlocutrice semblait donc plausible.

"Elle m’a alors demandé par quel moyen de paiement je souhaitais recevoir l’argent... et que si c’était par virement bancaire, je devais lui donner mon numéro de compte." Ces mots ont mis la puce à l'oreille d'Yvette. "Avec toutes les mises en garde qu’on entend aujourd’hui, quand j’ai entendu parler de numéro bancaire, j’ai commencé à me douter d’une possible arnaque. J’ai donc refusé catégoriquement de lui donner mon numéro de compte."


D'abord payer l'avocat pour toucher les 5900€

Mais le discours était "bien rôdé". "Elle a alors expliqué que je pouvais aussi recevoir l’argent par chèque bancaire, et qu’un certain M. Christian Debecq passerait à la maison pour me le donner."

Jusque-là, Yvette suivait la conversation avec intérêt, mais l’arnaque s’est finalement révélée flagrante: "Pour recevoir l’argent, je devais d’abord indemniser l’avocat qui s’est occupé du dossier à hauteur de 10% de la somme, en versant 590€ sur un compte !"


"J'aurais dû la laisser me donner le numéro de compte pour le communiquer à la police"

Yvette a alors coupé court à la conversation et... le regrette. "Je n’ai pas eu la présence d’esprit de la laisser me donner le numéro de compte sur lequel verser les 590€. Ça aurait peut-être permis d’identifier les arnaqueurs", râle-t-elle. D’autant plus qu’avec le recul, plusieurs signes auraient dû la mettre en garde. "La dame avait un fort accent africain et le numéro était masqué. De plus, elle m’a demandé pendant la conversation si c’était moi qui gérais mon compte ou si c’était quelqu’un d’autre."


Les arnaqueurs ciblent-ils les Belges inscrits sur Ne m'appelez plus ?

On le constate souvent, et RTLinfo.be le relaie régulièrement, les arnaques par téléphone sont nombreuses. Mais d’habitude, les escrocs se font passer pour une société internationale reconnue ou un organisme public, ce qui met les victimes en confiance. On vous a déjà ainsi révélé que certains se font passer pour la police, les pompiers, le ministère des Finances, la Wallonie, Microsoft, ... voire même votre employeur ! Sans oublier les fameux Wangiri, via appels téléphoniques ou même par SMS.

Mais ici, aucune identité n’est usurpée pour mener l’arnaque à bien. La personne au téléphone ne précise simplement pas pour quel organisme elle "travaille".

Par contre, les victimes semblent parfaitement ciblées. Serait-il possible que les auteurs de cette nouvelle arnaque appellent spécifiquement les inscrits à la liste Ne m’appelez plus ?


L'ASBL qui gère la liste n'a jamais entendu parler d'une telle arnaque

C’est la question que nous avons posée à Philippe Verschueren, le directeur de l’ASBL DNCM (Do Not Call Me) qui gère cette liste. "C’est la première fois que j’entends ça", nous répond-il. Pour lui, il y a de très grandes chances qu’il s’agisse d’une coïncidence.

En effet, "il n’y a pas moyen d’obtenir la liste gratuitement et un particulier ne peut l’acheter. Ce sont des sociétés qui achètent une licence pour pouvoir y accéder. (Et elles ne peuvent faire de télémarketing en Belgique sans la consulter, ndlr) Sur cette liste, il n’y a rien d’autre que les 800.000 numéros de téléphone inscrits. Il n’y a pas de nom, d’adresse ou d’adresse mail associée", explique M. Verschueren, qui y voit donc un intérêt réduit pour d’éventuels arnaqueurs. De plus, "nous n’avons pas connaissance que notre site ait jamais été hacké. Il est sécurisé selon des normes plus élevées qu’une simple page internet."


Certainement des coups de téléphone au hasard

Alors oui, "une fois qu’elle a été achetée, elle peut alors circuler. Mais peu de personnes y ont finalement accès, car seuls les responsables des banques de données de ces entreprises (annonceurs belges et call center, basés en Belgique et quelques-uns à l’étranger) l’ont." Pour le directeur, "les arnaqueurs ont plus intérêt à utiliser les pages blanches, où plus d’informations sont disponibles." Et en effet, "la dame au téléphone connaissait mon nom et mon adresse", se remémore Yvette. Il semble donc que l’arnaqueuse qui l’a contacté ne savait pas à l’avance qu’elle s’était déjà plainte d’appels intempestifs.


Que faire si vous êtes victimes d'une tentative d'arnaque par téléphone?

Quoi qu’il en soit, il est toujours bon de rappeler les choses à faire lorsque vous êtes approchés par un arnaqueur ou en êtes victimes.

Premièrement, si l’arnaqueur s’est fait passer pour quelqu’un d’autre, contactez la société ou le service public concerné pour savoir s’il s’agit bien d’une arnaque et pas d’un appel réel. Si quelqu’un a usurpé leur identité, ces sociétés ou services publics porteront plainte.

Vous pouvez aussi contacter le SPF Economie qui reçoit les plaintes concernant les arnaques à la consommation.


Allez signaler l'appel suspect à la police

La police fédérale vous conseille aussi d’aller porter plainte vous-mêmes, ou du moins de faire faire un procès-verbal de renseignement. Notez l’heure exacte de l’appel et le numéro de téléphone s’il n’est pas masqué, et rendez-vous à votre police de quartier. Si vous ne vous êtes pas laissé arnaquer, l’intérêt d’en parler à la police est qu’elle pourra compiler les témoignages et contacter votre opérateur pour connaitre le numéro qui se cache derrière le numéro masqué. En cas d’un nombre suffisant, le procureur du Roi de votre arrondissement judiciaire peut alors décider d'ouvrir une enquête.

Malheureusement, la plupart des escrocs sont basés en dehors de l’Europe, ce qui limite le champ d’action de la justice.


Comment reconnaitre une arnaque?

Enfin, au rayon prévention, restez vigilants. Que ce soit par téléphone ou par e-mail, restez suspicieux à partir du moment où on vous annonce que vous avez "gagné" quelque chose, et soyez sûr qu’il s’agit d’une tentative d’escroquerie quand on vous demande d’avancer une somme d’argent pour l’obtenir. Ne donnez jamais non plus votre numéro de compte ou des informations sur vous comme votre adresse ou qui vit avec vous. Et pour vous tenir au courant des dernières arnaques dénoncées, il existe aussi une page Facebook tenue par le SPF Economie.

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