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Wissam, un jeune Bruxellois, découvre que son compte est en négatif: "La banque s’est servie sans m’avertir, c’est scandaleux"

Se retrouver en début d’année avec son compte bancaire dans le rouge, ce n’est évidemment pas agréable. Et lorsque l’on ne s’y attendait pas, c’est encore pire. Cette situation a été provoquée par la banque elle-même qui a effectué un prélèvement pour les frais de gestion du compte. Selon Wissam, sa banque ne l’aurait même pas averti. Une situation qu’il trouve scandaleuse. Alors, qu’en est-il exactement ?

"C’était une grosse surprise pour moi. Début janvier, j’ai vérifié mon compte à vue et je me suis retrouvé avec un solde négatif de 39,21 euros alors que je ne suis pas autorisé à être à découvert", lâche Wissam qui nous a contactés via notre page Alertez-nous. Interloqué, ce Bruxellois de 27 ans a alors vérifié ses opérations bancaires. ING, sa banque, avait en réalité  prélevé les frais de gestion de son compte à vue et d’utilisation de sa carte bancaire. "J’ai pu voir que ma banque m’avait ponctionné de 41,28 euros. Ils se sont servis dans mon compte sans aucune gêne et sans me prévenir. Je trouve personnellement cela scandaleux", confie le jeune homme.

Test-Achats: oui, la banque peut prélever des frais, même si cela fait passer votre compte au rouge

Une institution bancaire peut-elle effectuer un prélèvement dans ces conditions ?

"Oui, elle peut prélever des frais même si le client n’est pas autorisé à être dans le rouge. C’est fatal. Des pénalités éventuelles peuvent être appliquées. En général, les banques pratiquent les mêmes intérêts débiteurs pour un découvert en compte autorisé ou pas. Mais les règles en la matière sont assez complexes", explique Danièle Bovy, spécialiste service bancaire chez Test-Achats.

Le taux débiteur varie d’une banque à l’autre. Chez ING, si un client peut être en négatif, il s’élève à 9,5% par an sur le montant du dépassement. Par contre, si un découvert n’est pas autorisé, il grimpe à 10,98%. "C’est un taux classique. A titre de comparaison, c’est 11,5% chez Bpost bank et 9% chez la Deutsche Bank", indique Danièle Bovy.

"Après m'avoir mis en négatif, je dois en plus payer des intérêts de retard et 7,50€ de frais de rappel en plus des frais postaux"", déplore Wissam.

La banque ING: "Responsabilité des clients de vérifier si leur solde est suffisant"

De son côté, ING souligne la responsabilité du client quant à la gestion de leur compte. "Cela ne paraît pas sympathique de le dire. Mais on tient à la responsabilité des clients pour vérifier si leur solde est suffisant", indique Bob De Leersnyder du service presse chez ING.

Des pénalités si des domiciliations sont refusées

Wissam assure que son compte est généralement approvisionné. Il ne s’attendait donc pas à être subitement en-dessous de la barre fatidique de 0 euro. "Cela m’est arrivé deux fois en dix ans. Un payement n’est pas passé parce que je n’avais pas assez d’argent sur mon compte. Le virement a donc été retardé pendant plusieurs jours mais j’ai été sanctionné pour cela", révèle le Bruxellois. "Par exemple, si une domiciliation de 200 euros doit être effectuée et qu’il n’y a que 100 euros sur un compte, nous ne pouvons pas respecter notre mandat. On va alors essayer de retirer la somme à plusieurs reprises la même journée. Si le client n’a pas versé d’argent, le virement ne fait pas passer. Mais on ne peut pas le mettre en négatif", explique Bob De Leersnyder. Le client devra répéter l’opération plus tard, lorsque son compte sera approvisionné en suffisance.

Ce défaut de provision en compte, comme on l’appelle, n’est toutefois pas sans conséquence pour votre portefeuille. Des pénalités sont généralement prévues si une domiciliation ou un ordre permanent est refusé. "La pénalité correspond au coût de la banque, c’est-à-dire 7,26 euros. Ce n’est donc pas une marge bénéficiaire pour nous", assure le représentant d’ING.

"Tous les comptes à vue ne sont pas concernés par cette mesure. Et le forfait appliqué n’est pas le même dans toutes les banques. Il s’élève par exemple à 5 euros chez Belfius à partir du quatrième refus. Chez Beobank et BKCP, vous devrez payer 8 euros", indique Danièle Bovy, spécialiste service bancaire chez Test-Achats. Mieux vaut donc être vigilant si vous avez par exemple une domiciliation pour payer vos factures d’énergie."C’est malheureusement aux gens qui ont le moins de sous à qui cela arrive le plus souvent", souligne Danièle Bovy, tout en rappelant qu’une société comme Electrabel ou Belgacom exigera aussi un supplément si une facture n’est pas réglée à temps.

"Le pire, c’est que la banque ne m’a pas prévenu"

"Le pire dans tout ça, c’est que la banque n'ait pas pris la peine de prévenir que ses tarifs avaient changé", regrette Wissam. Une affirmation que conteste ING. "La règle générale est de toujours prévenir les clients en cas de changements tarifaires. C’est une obligation légale. Nous avertissons donc nos clients deux mois avant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs éventuels. Cela vaut d’ailleurs pour toutes les banques", soutient Bob De Leersnyder.

Le délai de deux mois permet à un client de changer de produit, de type de compte ou carrément de banque. "Notre clientèle est prévenue via leurs extraits de compte et via le homebank. Au même moment, ces nouveaux tarifs sont disponibles dans toutes nos agences bancaires et sur notre site internet", indique le représentant d’ING.

Test-Achats déplore un "manque de transparence": "Pas facile de s'y retrouver"

"Les tarifs font partie des conditions générales et tout changement est une forme de modification unilatérale. Les banques préviennent de ces changements tarifaires éventuels, comme l’augmentation du prix d’envoi des extraits par la poste. Elles doivent avertir leurs clients deux mois avant, et le plus souvent via les extraits de compte. Sans réaction de la part du client, ces changements sont considérés comme acceptés", confirme la spécialiste chez Test-Achats.

"Mais c’est évidemment très fréquent que des consommateurs ne lisent pas leurs extraits et soient surpris, même si les banques respectent bien la loi financière. Le reproche que je peux faire dans tout cela, c’est le manque de transparence. Ce n’est pas facile de s’y retrouver. Parfois c’est déprimant. Il y a des astérisques partout renvoyant à des textes en petits caractères", déplore Danièle Bovy.

Test-Achats a justement publié récemment un article intitulé "Combien coûte votre compte à vue en 2016 ?". La société a comparé les tarifs des comptes à vue à ceux de l’année dernière. Pas de changements majeurs ni d’augmentation tarifaire générale à signaler. Mais Test-Achats épingle tout de même plusieurs changements qui sont détaillés.

Un comparateur pour vous aider à trouver le meilleur compte à vue

En tout cas, Wissam se dit scandalisé par les frais conséquents de la gestion de son compte à vue actuel (compte Vert). "J’ai ouvert mon compte bancaire à 17 ans. J’avais choisi ING car à l’époque c’était la banque qui me paraissait être la plus avantageuse pour les jeunes. Mais ce n’est plus le cas. Autant avant, je pouvais comprendre que des frais soient demandés pour certaines options, autant cette année, je trouve ça choquant. Et je veux mettre en garde les gens pour qu’ils fassent attention", prévient-il.

Le Bruxellois pense d’ailleurs à changer de banque. Pour l’aider dans son choix et trouver le compte qui lui convient le mieux, Test-Achats lui conseille d’utiliser son comparateur. "Vous pouvez en effet changer de banque gratuitement à tout moment", rappelle la spécialiste de Test-Achats. Enfin, n’oubliez pas que vous pouvez aussi vous plaindre auprès de votre organisme financier si vous n’êtes pas satisfait. 

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