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Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d'attouchements lorsqu'elle avait 12 ans: "Il m'a détruite"

La Société des réalisateurs de films (SRF) a annoncé lundi avoir décidé de radier de ses membres le réalisateur Christophe Ruggia, après des accusations d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" de l'actrice Adèle Haenel alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.

"Suite à l'enquête parue dans Médiapart, la SRF exprime son soutien total, son admiration et sa reconnaissance à la comédienne Adèle Haenel, qui a eu le courage de s'exprimer après tant d'années de silence. Nous tenons à lui dire que nous la croyons et que nous en prenons acte immédiatement, sans nous dérober à notre propre responsabilité", a indiqué la SRF dans un communiqué. "Nous avons lancé ce jour la procédure de radiation de Christophe Ruggia de la SRF", ajoute cette association professionnelle de cinéastes, qui compte quelque 300 adhérents.


Co-présidée par les réalisateurs Bertrand Bonello, Catherine Corsini et Aude Léa Rapin, la SRF compte aussi à son conseil d'administration Jacques Audiard, Pierre Salvadori ou Céline Sciamma. Christophe Ruggia, 54 ans, réalisateur des films "Le Gone du Chaâba" ou "Les Diables", en a été plusieurs fois le co-président ou vice-président entre 2003 et 2019.

Dans une longue enquête publiée dimanche par Médiapart, l'actrice française de 30 ans, récompensée par deux César dont celui de la meilleure actrice en 2015 pour "Les Combattants", accuse Christophe Ruggia, avec qui elle a tourné son premier film "Les Diables", d'"attouchements et de "harcèlement sexuel" alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.


Un témoignage glaçant

Paris Match a rapporté le témoignage de l'actrice. Il "m’embrassait dans le cou, sentait mes cheveux, me caressait la cuisse en descendant vers mon sexe, commençait à passer sa main sous mon T-shirt vers la poitrine", raconte-t-elle. "Je ne bougeais pas, il m’en voulait de ne pas consentir. Je suis vraiment en colère. Je veux raconter un abus malheureusement banal et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible", ajoute-t-elle.


La réponse du réalisateur

Le réalisateur a répondu par le biais de ses avocats qu'il "réfutait catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d'attouchement sur cette jeune fille alors mineure".

"Qu'il y ait une emprise involontaire de l'adulte, metteur en scène, c'est probable", mais "il nie catégoriquement les attouchements et le harcèlement sexuel", a réaffirmé à l'AFP lundi son avocat Jean-Pierre Versini.


Le monde a changé

"Je suis choquée qu'il démente", a déclaré Adèle Haenel lundi soir dans une émission en direct diffusée par le site de Médiapart. "Je suis encore plus choquée par le fait qu'il dise qu'il m'a 'découverte' (comme actrice NDLR), parce qu'en fait, il m'a surtout détruite", a-t-elle ajouté.

"Ça fait 17 ans, c'est un cheminement ultra long", a-t-elle encore dit. "Le monde a changé. Et c'est pour ça aussi en fait que je parle, parce que je dois le fait de pouvoir parler à toutes celles qui ont parlé dans le cadre des affaires #MeToo et qui m'ont fait changer de perspective sur ce que j'avais vécu. Et du coup je voudrais contribuer à ça".

"Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n'est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer", a précisé l'actrice.

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