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Canular "homophobe" d'Hanouna: un record absolu de plaintes déposées au CSA

Avec une séquence jugée homophobe jeudi par des associations et plusieurs personnalités, Cyril Hanouna et son émission "Touche pas à mon poste", habitués des polémiques, ont fait exploser les compteurs de plaintes de téléspectateurs auprès du CSA.

Lundi à 16H30, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait reçu 20.486 plaintes de téléspectateurs, un record absolu à comparer aux 36.000 plaintes reçues par le régulateur dans toute l'année 2016 tous programmes confondus, et les signalements continuaient à affluer.

Si l'émission de Cyril Hanouna "Touche pas à mon poste" (C8) est l'une de celles qui génèrent le plus de plaintes auprès du CSA, l'ampleur des réactions suscitées par l'émission de jeudi est inédite.

En cause, un passage où l'animateur vedette de C8 se fait passer pour un bisexuel dans une petite annonce - "Jean-José, très sportif et super bien monté (...) J'aime quand on m'insulte!" -, puis a répondu en direct aux hommes qui le contactaient, suscitant l'hilarité du public.

La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), les associations SOS Homophobie et Le Refuge, ainsi que l'association des journalistes LGBT (AJL) ont condamné ce passage.

"On peut dire que ce n'est pas drôle ou pas approprié, ou caricatural, mais je ne veux pas entendre que je suis homophobe. La pire chose pour moi, ce serait de dire que +TPMP+ incite à l'homophobie", s'est défendu vendredi soir l'animateur, estimant que le CSA avait "incité à dénoncer" son émission.

Contactée par l'AFP, la chaîne C8 n'a pas souhaité faire de commentaires.

Le Refuge a annoncé sur les réseaux sociaux son intention de porter plainte. "Notre avocat étudie les contours de cette plainte pour être sûr qu'elle soit recevable et qu'elle aboutisse", a précisé au site franceinfo Nicolas Noguier, son président.


Une suspension possible 

"La violence d'une telle séquence à une heure de grande écoute est dévastatrice", estime l'AJL dans une tribune publiée dimanche sur le site de L'Express.

Lundi matin, une quinzaine de militants LGBT se sont rendus au siège du CSA pour taguer le trottoir avec le slogan "Hanouna producteur d'homophobie, CSA complice".

Sur Twitter, le réalisateur Xavier Dolan a qualifié l'animateur d'"imbécile".

"On peut certes rire de tout. Piétiner la dignité, c'est autre chose. Tolérer une discrimination justifie toutes les autres", a réagi de son côté l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira.

La chroniqueuse de France Inter Sophia Aram a jugé lundi l'épisode "à vomir": "Tu es responsable d'une banalisation des humiliations que subissent de nombreux homosexuels", a-t-elle dit à l'animateur.

"Le CSA compte-t-il enfin bouger?" a tweeté le vice-président du Front national, Florian Philippot.

Le régulateur, qui a déjà épinglé l'émission pour d'autres motifs, va étudier cette nouvelle séquence et rendra sa décision dans les prochaines semaines. S'il décide d'engager des poursuites, le dossier sera transmis à un magistrat indépendant qui peut décider de classer l'affaire ou de sanctionner.

Si le magistrat propose une sanction, c'est le CSA qui a le dernier mot et peut proposer amendes, suspension du programme ou des publicités ou bien sanction ultime, le retrait d'autorisation de diffusion de la chaîne concernée.

Cyril Hanouna est par ailleurs visé par une enquête portant sur des canulars téléphoniques touchant des commissariats du Val-de-Marne, diffusés dans la même émission que la séquence dénoncée comme homophobe, a-t-on appris lundi de source judiciaire, confirmant une information du Parisien.

Il a appelé les commissariats de Villeneuve-Saint-Georges et de Champigny-sur-Marne pendant l'émission de jeudi en se faisant passer pour une Anglaise, puis un policier.

"Les auditions des fonctionnaires de police sont en cours pour circonstancier les faits. Cela ne présage rien de la suite et il n'est pas du tout sûr qu'une infraction - dont la nature reste à être précisée - soit constatée", a indiqué une source judiciaire.

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