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La maison de Raymond Devos poète humoriste devient un musée

"Les mots sont comme des clefs, ils ouvrent des portes interdites", pensait Raymond Devos. A partir de lundi, c'est sa maison de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines), devenue musée, qui ouvre grand ses portes pour dévoiler l'univers intime de ce poète humoriste, disparu il y a dix ans.

Composée d'amis ou d'habitants du village l'ayant connu, la Fondation Raymond-Devos a mis sept ans à réaliser le voeu testamentaire de cet amoureux des mots mort sans enfant qui a légué tous ses biens à sa commune: que sa dernière demeure devienne un lieu où "se perpétue son œuvre" et se transmette "l'art de l'humour qu'il considérait comme un art d'excellence", explique Anne-Marie Jancel, trésorière de la Fondation qui perçoit désormais ses droits d'auteur.

Né en 1922 en Belgique de parents français, Raymond Devos a passé, hors tournées, les 40 dernières années de sa vie dans cette maison au grand jardin en pente bordé de marronniers et traversé par un bras de l'Yvette. C'est là qu'il s'est éteint le 15 juin 2006 à l'âge de 83 ans.

Ce musée sera, souligne la Fondation, "le premier consacré en France à un artiste de music-hall". Hommage bien "mérité" pour un "garçon authentiquement simple, très généreux tout en discrétion, très investi dans la vie communale", se rappelle Guy Sautière, ex-maire de la commune qui l'a "côtoyé pendant une quinzaine d'années" et a participé à l'élaboration du musée.


Le musée

Dans la belle bâtisse blanche à deux étages est désormais livrée une partie de l'intimité de l'artiste au physique pantagruélique et à l'œuvre protéiforme. Sa loge y est reconstituée, avec l'ambiance des coulisses; son bureau est accessible, entouré de ses livres, portraits et objets fétiches; une salle vidéo permet aussi de redécouvrir ses meilleurs sketches. Une pièce du premier étage est consacrée à la musique qu'il affectionnait tant, avec les 17 instruments dont il jouait, allant de la concertina (mini-accordéon de clown) au cor de chasse "déroulant", instrument loufoque qu'il avait inventé en réponse à la boutade de son ami Georges Brassens: "Tu as un souffle à dérouler les cors de chasse".

Au second étage, le visiteur parvient dans ce que l'auteur de "La mer démontée" et de "Je hais les haies" appelait son "petit musée". Dans cette grande pièce capharnaüm sous les toits s'étale son cabinet de curiosités: train électrique, livres sur la langue française, masques, guitare coupée en deux dans la longueur qui lui servait à surprendre son public durant ses spectacles, pipes, monocycles... Sa harpe y trône, posée sur la remorque qu'il tirait sur scène juché sur un petit tracteur rouge.

C'est dans ce lieu que l'artiste travaillait ses spectacles avec Hervé Guido, son pianiste et partenaire pendant ses 18 dernières années de scène, griffonnant à son bureau ou sur un petit tableau noir où tremble encore son écriture.


Une légende

Hervé Guido se rappelle d'un travailleur acharné, capable de prendre des heures de "cours de harpe à Paris au milieu de petites filles, juste pour pouvoir en jouer quelques secondes dans un sketch"! Raymond Devos, qui fait désormais partie des références littéraires classiques des manuels de français, avait dû quitter l'école à 14 ans, mais il a continué d'étudier "toute sa vie", "toujours un dictionnaire dans la poche", témoigne Micheline Pelletier-Decaux, photographe qui l'accompagna en tournée pendant de nombreuses années. C'était vraiment un "esprit universel au sens du XVIIIe siècle", note-t-elle. Plusieurs de ces amis du monde du spectacle ou de la télévision sont attendus lundi pour l'inauguration des lieux aux côtés de la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, notamment Line Renaud, Michel Boujenah, François Morel ou Dany Boon, qu'il considérait comme son "fils spirituel".

Le musée ouvrira ses portes aux habitants du village à partir du 11 novembre, au grand public le 16.        

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