Accueil Actu

Oprah Winfrey, victime d'agressions sexuelles dans son enfance, se sert de son expérience pour un rôle magnifique

Elle sait vendre un film comme personne. Surtout quand elle y joue une femme noire qui lutte avec ses émotions pour découvrir, puis se réconcilier avec un passé douloureux chargé de violences familiales. Elle, c'est Oprah Winfrey, 63 ans, la super-star de la télévision américaine, devenue célèbre en révélant les histoires les plus intimes de ses invités dans son Oprah Winfrey Show, 25 années durant.

Son dernier film, diffusé samedi aux Etats-Unis sur HBO puis sur OCS le 16 juillet, raconte l'histoire vraie et longtemps méconnue d'Henrietta Lacks, une jeune Noire atteinte d'un cancer dont les cellules inhabituelles, prélevées à son insu, ont révolutionné la médecine moderne. Après "La Couleur Pourpre" (1985) ou plus récemment "Le Majordome" (2013) et "Selma" (2014), Oprah Winfrey, incarnation de la réussite médiatique, a vécu une nouvelle expérience en tant qu'actrice dans un film pour la télévision.

Ce rôle lui va comme un gant: elle incarne Deborah Lacks, fille cadette d'Henrietta qui part sur les traces de sa défunte mère, levant le voile sur un volet pas toujours glorieux de l'histoire de la médecine mais aussi sur une histoire de maltraitances, le tout sur fond de discriminations raciales dans l'Amérique des années 1950.


"J'avais vraiment peur de jouer ce rôle"

Si Oprah Winfrey --qui a depuis 2011 sa propre chaine câblée, OWN-- était bien décidée à co-produire le film après avoir lu en 2010 le bestseller de Rebecca Skloot, "The Immortal Life of Henrietta Lacks", elle a longtemps résisté à l'idée de jouer dedans. "J'avais vraiment peur de jouer ce rôle", a-t-elle indiqué cette semaine lors d'une tournée de promotion avec le réalisateur du film, George Wolfe, plus connu comme metteur en scène de théâtre. "Je lui ai dit, 'George, je ne veux pas me rendre ridicule'".

"Normalement, je n'aime pas me mettre dans des situations où je perds le contrôle et je ne sais pas ce que je fais", a-t-elle reconnu. "Je n'ai pas fait assez" de films, confie-t-elle, "ma peur c'est de ne pas être à la hauteur".


Des montagnes russes d'émotions

Deborah Lacks, alias Oprah, passe en effet par des montagnes russes d'émotions, au fur et à mesure de ses découvertes: découverte des abus des médecins de Baltimore, qui ont caché pendant des décennies à la famille la particularité des cellules d'Henrietta, dont la tumeur cancéreuse produisait les premières cellules à pouvoir être cultivées in vitro, c'est-à-dire hors du corps humain.

Cette qualité extraordinaire a permis à des laboratoires du monde entier de mettre au point des vaccins --notamment contre la polio--, des traitements contre le cancer et certaines techniques de clonage, une industrie qui se chiffre en milliards de dollars. Des progrès dont Henrietta Lacks, morte du cancer en 1951, à 31 ans, n'a jamais rien su et dont sa famille n'a vraiment appris l'existence que grâce au travail de Rebecca Skloot.


"Guérie de tout ce passé"

Le genre d'histoire qui avait tout pour plaire à Oprah Winfrey, milliardaire devenue championne de la cause des femmes noires et de la lutte contre les agressions sexuelles, dont elle a été victime dans son enfance. Une expérience qui l'a aidée à incarner le personnage, même si elle se sent aujourd'hui "guérie de tout ce passé" et ne ressent pas "la rage et la colère" qu'ont beaucoup de victimes, et que manifeste Deborah dans une scène emblématique du film. Avant de jouer cette scène, Oprah a appelé une élève de l'école qu'elle a fondée en Afrique du Sud, qui a été maltraitée par sa tante et dont elle savait qu'elle suivait une thérapie. L'animatrice-actrice américaine a fait ce qu'elle sait faire mieux que personne: "Je lui ai dit, 'Parle-moi de ta tante...'"

À la une

Sélectionné pour vous