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Stéphane Bern va devenir Luxembourgeois: "J'ai eu besoin de retrouver mes racines"

Luxembourgeois de coeur, Stéphane Bern le sera aussi de papier. "Je compte bien avoir mon passeport luxembourgeois le 1er avril", confie à l'AFP l'animateur français de radio et télévision, attablé dans un café de la capitale du Grand-Duché.

Le spécialiste des têtes couronnées précise qu'il restera français, mais fait valoir la possibilité de devenir binational en vertu d'une loi facilitant les naturalisations aux descendants de luxembourgeois. "On a un père et une mère. Je suis attaché à mon pays qui est la France, dans lequel je travaille et où je paie mes impôts, mais le Luxembourg est mon pays de coeur, celui de mon origine", raconte Stéphane Bern.

A 53 ans, il vient d'acquérir une maison dans un quartier "bobo" de Luxembourg, à un jet de pierre de la résidence du Premier ministre Xavier Bettel, qu'il connaît bien depuis plus de 20 ans. C'est d'ailleurs le chef de l'exécutif luxembourgeois qui lui a conseillé l'investissement. "J'ai eu besoin de retrouver mes racines", observe-t-il.


Exilé

Stéphane Bern a passé son enfance à Paris. Il y a été éduqué à "la dure", explique-t-il, mais il se rendait régulièrement à Luxembourg où sa grand-mère résidait, dans le quartier (aujourd'hui huppé) de Belair. "Quand je venais chez mes grands-parents à Luxembourg, la discipline se relâchait et ce n'était que du plaisir".

Et de confesser: "J'aime le Luxembourg et l'apprécie avec les yeux d'un exilé, de quelqu'un qui est parti du pays et qui y revient pour les bons moments". Ce féru d'histoire retrouve en effet un "souvenir à chaque coin de rue" jusqu'au Palais grand-ducal du centre-ville. Très populaire au Luxembourg (577.000 habitants), il a même été adopté par la famille grand-ducale. "En 1989, j'ai été le premier journaliste à interviewer le Grand-Duc Jean et la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte. En 25 ans de règne, il n'avait jamais rencontré un journaliste à Colmar-Berg", la résidence du chef de l'Etat, se souvient-il.

Le journaliste mondain avait par la même occasion fait connaissance des héritiers, Henri et son épouse Maria Teresa, montés sur le trône en 2000. "Notre relation a perduré. Mais eux c'est eux et moi c'est moi. Je reste à ma place pour éviter qu'on m'y remette".


Monarchie républicaine

L'animateur de RTL, une radio d'origine luxembourgeoise, idéalise sans complexe le Grand-Duché. "C'est mon royaume idéal", dit-il, sans rien renier de ses convictions royalistes. "Je vois la France comme une République monarchique, avec son droit de grâce et ses pouvoirs qu'on appelle régaliens. Au Luxembourg, nous sommes dans une monarchie républicaine où, au fond, on interroge beaucoup plus le citoyen sur ses préoccupations", fait valoir Stéphane Bern, reconnu et salué affectueusement par des passants. "Les gens sont très gentils avec moi et ils savent que je défendrai toujours mon petit pays", plaide-t-il. Il vient d'ailleurs de sortir un livre pour "faire découvrir ce petit pays méconnu et incompris".

"Nous avons là un pays attractif qui attire les fortunes, les gens qui veulent faire des affaires", admet sans complexe l'animateur, en déplorant une certaine condescendance française à l'égard du Luxembourg.


Un ambassadeur officieux du Luxembourg

Comme nombre de Luxembourgeois, il fustige des clichés qui ont la vie dure en France: "Je viens tous les mois à Luxembourg. Et contrairement à ce que l'on dit, je ne m'y rends pas avec des valises remplies d'argent", ironise-t-il. Stéphane Bern rappelle que le secret bancaire a disparu et s'interroge sur la posture selon laquelle il reviendrait aux "pays européens de s'aligner sur la France et non l'inverse". Depuis qu'il a accédé à la notoriété, il s'est mué en ambassadeur officieux du Luxembourg en France.

Il narre avoir accompagné les présidents François Mitterrand et François Hollande lors de leurs visites d'Etat, respectivement en 1992 et 2015. "Deux présidents socialistes se sont ouverts au Luxembourg, les autres ne sont pas donnés cette peine", dénonce-t-il avant de plaisanter sur son statut de "Luxembourgeois de service en France".


"Ça, à Paris, on ne le voit pas"

Stéphane Bern aimerait faire changer l'image qu'ont les Français du Luxembourg. Il regrette que le sort des 80.000 Lorrains travaillant quotidiennement au Luxembourg soit trop peu pris en compte. "Dans la Grande Région (transfrontalière avec la Lorraine), les gens remercient le Luxembourg. Ça, à Paris, on ne le voit pas".

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