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Loin de l’enfer, des jeunes Syriens participent à la Coupe du Monde U17: "On essaie de ne pas penser à l'horreur de la guerre"

Une vingtaine de jeunes footballeurs syriens s'accrochent au rêve d'un avenir meilleur, le temps d'une parenthèse au Chili où ils disputent le Mondial des moins de 17 ans.

Leur présence à Puerto Montt, dans cette contrée perdue d'Amérique du sud à des milliers de kilomètres de leur pays sinistré par quatre ans de guerre civile, a déjà le goût de la victoire. 

"On a laissé nos familles là-bas et on essaie de ne pas penser à l'horreur de la guerre pour pouvoir nous concentrer, et venir ici essayer de faire un résultat. Nous sommes contents de pouvoir sortir un peu de ce qui se passe en Syrie et de participer à ce Mondial", a expliqué à l'AFP l'un des attaquants de l'équipe Abdel Rahman Barakat.

La distance n'efface pas le traumatisme de la guerre, de son lot de déplacés (11 millions) et de victimes (250.000 morts). Mais l'accueil que reçoivent ces adolescents à Puerto Montt, à plus de 1000 km de Santiago, a de quoi les réconforter.

"Nous sommes ravis d'être ici. On a le sentiment que si nous frappons à n'importe quelle porte, ici les gens vont nous accueillir avec le sourire", assure à l'AFP Khaled Al Saho, l'un des responsables de la délégation syrienne.



Des entraînements sous les bombes

Contre toute attente, cette équipe, celle du régime syrien contrôlé par Bachar al-Assad, est parvenue à décrocher un ticket pour ce Mondial, et ce pour la deuxième fois de son histoire. Un petit miracle...

Leurs débuts dans cette compétition, dans le même groupe que la France qu'ils affrontent dimanche, se sont fracassés au réel, défaits d'entrée par le Paraguay (4-1). Mais ils ont raflé leur premier point en faisant match nul contre la Nouvelle-Zélande (0-0) jeudi.

Mais leur performance se situe bien au-delà. Il faut simplement imaginer le chemin parcouru. Ces jeunes adolescents se sont régulièrement entraînés à Damas et Lattaquié, dans l'ouest de la Syrie, sous la menace des bombes, dans une ville cernée par le conflit.

"Malgré les difficultés dans mon pays, nous nous entraînons beaucoup", affirme Abdel Rahman Barakat. Pour affiner leur préparation, l'équipe s'est exilée un mois en Russie un mois avant le début de la compétition.

Ils n'ont cependant pas été épargnés par les drames. L'un des leurs, âgé de 16 ans, a été tué par un obus de mortier à Homs pendant les qualifications pour ce Mondial en avril 2014, un drame qui hante encore ces jeunes joueurs qui tentent malgré tout de faire face.

"J'ai pleuré pendant deux jours, mais je me suis promis de faire l'impossible pour gagner", avait raconté avant les qualifications l'ex-capitaine de l'équipe Mohammed Jaddou, auteur de quatre buts pendant cette campagne.

Mais lui n'a finalement pas fait le voyage au Chili. Il a décidé de tenter sa chance en Europe, fatigué des bombes et de la guerre. Il a rejoint depuis son père en Allemagne via l'Italie, avec l'espoir de devenir l'une des stars du football mondial.


Lueur d'espoir 

Reste que pour ses coéquipiers, les traumatismes restent tenaces, et rejaillissent instinctivement lorsqu'un avion survole le terrain d'entraînement à Puerto Montt... En un instant, leurs yeux se fixent de peur, et cherchent au plus vite un endroit pour se cacher.

"Au moindre bruit inattendu, ils s'effraient. Mais nous les avons mis dans des conditions les plus tranquilles possibles pour qu'ils se sentent bien ici", a expliqué le maire de Puerto Montt Gervoy Paredes.

Ils ont d'ailleurs dû changer de terrain d'entraînement, loin du bruit des avions de l'aéroport de la ville. Et la police chilienne n'a pas lésiné pour leur sécurité, les entourant pour chaque déplacement.

La présence de cette jeune équipe résonne également comme une lueur d'espoir dans la communauté syrienne. Près d'une cinquantaine de leurs supporteurs, des Chiliens d'origine syrienne, sont d'ailleurs venus les accueillir à leur arrivée à l'aéroport. Les larmes versées pendant l'hymne national improvisé dans le hall d'arrivée devraient les marquer bien plus que celles d'une victoire.

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